Cassandra Cacheiro est une photographe montréalaise qui capture les instants les plus délicats et indéfectibles des femmes : lorsqu’elles se retrouvent seules à seules avec leurs corps dénudés. Loin des standards médiatiques et sans retouche, son travail à l’argentique reflète la réalité des courbes, des contours, des détails et met toujours en lumière la beauté singulière de chaque corps.
La démarche artistique de Cassandra Cacheiro n’a absolument rien de prétentieux; il s’agit de femmes « réelles » photographiées dans leur intimité lorsqu’elles sont nues ou en sous-vêtements. Les décors y sont épurés, rien n’est superficiel, et qu’elles soient rondes ou maigres, tout cela ne semble plus avoir de l’importance, ces femmes se dévoilent comme une ode à la sincérité.
Elles exposent fièrement, sans tabous et avec un naturel déconcertant leur singularité face à la photographe. Et c’est probablement ce qui demeure le plus touchant dans les clichés de cette artiste autodidacte : l’abandon et l’authentique.
En effet, c’est instinctivement que la montréalaise a commencé la photographie il y a environ deux ans, un peu par hasard. Captivée par la poésie des corps féminins et celle des plantes, Stolen Ground lui a ainsi consacré un zine intitulé Blossoms paru l’été dernier. Depuis, elle continue son chemin et nous en confie aujourd’hui un peu plus concernant son projet Womanhood qui verra bientôt le jour. Entrevue avec une photographe qui veut du bien aux femmes.
Pourquoi avoir choisi de photographier les femmes ?
Cassandra Cacheiro : Lorsque j’ai commencé, j’ai tout de suite pris des femmes en photo. La première que j’ai photographié était l’une de mes amies de longue date et après avoir publié les photos sur les réseaux sociaux, j’ai eu du bon “feedback” et j’ai simplement eu envie de continuer. Avec le temps, j’ai pu développer un peu plus mon style photographique, ce qui m’a permis de mieux exposer ce que je voulais que mes photos dégagent. Ces deux dernières années j’ai eu la chance de rencontrer des femmes magnifiques et de tisser des liens incroyables.
Que souhaites-tu inspirer à travers tes photos ?
C.C. : J’aime penser que je fais une petite différence en montrant les femmes qui nous entourent à tous les jours. Ce que les médias nous montrent influe fortement et souvent négativement sur la confiance en soi de plusieurs d’entre nous. En fait, je trouve simplement que chaque femme est incroyable, que sa beauté devrait être célébrée et que souvent elle ne l’est pas assez.
Est-ce facile de convaincre tes modèles de se faire prendre en photo nues ?
C.C. : Je dirais qu’une grande partie des femmes me contactent directement car elles ont vu mon travail sur internet. Ces derniers mois j’ai pris en photo une vingtaine de femmes pour Womanhood et nous avons reçu environ 70 courriels de femmes différentes donc dernièrement, j’ai rarement eu à contacter les personnes moi-même.
As-tu des « trucs » pour que la collaboration entre toi et la modèle soit la plus spontanée possible ?
C.C. : Avant et durant le shoot je suis toujours super relax. Souvent je suis chez la personne donc elle se trouve dans une atmosphère de confort. Aussi, je leur explique toujours qu’elles peuvent se déshabiller si elles se sentent suffisamment confortables. Sinon elles peuvent rester un peu plus habillées ou en sous-vêtements, c’est parfait aussi ! À partir du moment où un modèle se sent à l’aise et bien dans sa peau, c’est l’essentiel.
Penses-tu que grâce à tes photos, certaines d’entre elles ont réussi à reprendre confiance en elles ?
C.C. : Je ne sais pas si elles prennent confiance en elles grâce à mon travail mais la réaction qu’elles ont quand elles voient le résultat final est souvent très positive et émotive. Ce que j’aime le plus c’est lorsqu’elles me confient qu’elles n’avaient pas conscience d’être aussi belles et que même les parties de leurs corps qui les font se sentir complexées habituellement, elle les adorent.
Peux-tu nous en dire plus concernant ton nouveau projet qui s’en vient cet automne ?
C.C. : Depuis plusieurs mois je travaille sur mon projet Womanhood avec Sara Hini qui est la créatrice de la plateforme Aye Mag sur laquelle le projet sera publié. Ensemble, nous avons rencontré une vingtaine de femmes d’âges, de couleurs de peau et de background de vie totalement différents. Je les prends en photo dans leur intimité, souvent complètement nues. Elles se confient aussi à nous en nous immergeant complètement dans leurs histoires. Nous partagerons leurs témoignages sous forme d’entrevues avec leurs photos.
Quel est l’objectif de ce projet ?
C.C. : Nous voulons parler des tabous et des complexes auxquels les femmes font face de nos jours tels que les poils, les menstruations, les genres, l’image corporelle, etc… et briser ces tabous là! Nos modèles sont toutes des femmes courageuses et elles aideront probablement plusieurs personnes dans leurs propres parcours, j’en suis certaine.
Les publications du projet Womanhood débuteront à la fin octobre et continueront jusqu’au printemps 2017. Chaque semaine, le portrait d’une femme sera présenté.
–» Pour suivre le travail de Cassandra Cacheiro : tumblr | instagram