Daft Punk : 6 raisons qui font que la séparation fait mal ?

Image d'avatar de NeirdacNeirdac - Le 25 février 2021

Le 22 février, Thomas et Guy-Manuel officialisent la séparation de l’emblématique duo french touch Daft Punk. Une vague de réactions suit l’annonce qui tombe comme un coup de massue. Retour sur les raisons qui ont fait de ce duo une légende, et pourquoi cette annonce nous touche tant.

Daft + kanye + pharell

1. Parce qu’ils ont une histoire

Le duo se rencontre sur les bancs du collège et se lancent dans le rock avec Laurent Brancowitz, futur guitariste du groupe Phenix. Vous connaissez la suite : en 1993 un magazine britannique les qualifiera de Dafty punk trash. La même année, ils fondent le duo inspiré de la critique et sortent la maxi 3 titres « The New Wave » un an plus tard. S’ensuit le légendaire « Da Funk / Rollin’ and scratchin’ », une première partie des Chemical Brothers à Londres puis les Transmusicales de Rennes. Le groupe y est repéré par Virgin et souhaite prouver que l’on peut signer chez un label international et rester libre. Les robots arrivent et le duo se forgera par la même occasion une identité unique. Forgé à la house déjà présente aux US et nourri de raves parisiennes et mancuniennes, le duo révolutionne l’utilisation des samples issus de l’époque disco/funk, rendant ainsi hommage à leurs inspirations.

Daft show

Managés par Pedro Winter (également organisateur de raves), ils croisent à la même époque David Guetta, Bob Sinclar, Étienne de Crécy, Zdar, Boom Bass, DJ Yellow, Jack de Marseille ou encore Dimitri from Paris, qui formeront la French Touch.

Une histoire légendaire qui commence avec un furieux goût pour la fête à une période où l’on assimile ces jeunes pionniers à des drogués qui se retrouvent illégalement pour écouter de la musique assourdissante. Rép à ça Darmanin.

2. Parce ce qu’ils cultivent les symboles

Avec seulement 4 albums en 28 ans, les Daft Punk ont cultivé leur art comme personne. Le duo envisageait chaque projet comme étant une œuvre d’art, n’hésitant pas à évoluer et à s’entourer pour musique et clips. Bien que discrets, ils n’ont jamais arrêté de faire parler d’eux, cultivant l’attente. On ne compte plus les annonces fakes de sorties d’albums ou de lives dans toute la planète.  Une présence explicable par la qualité de chaque objet, façonné et fascinant.

Une attraction qui se trouve aussi dans les symboles et l’univers qu’ils ont créé, entre retro et futurisme. Quand on pense Daft Punk on pense d’abord robots, extraterrestres. Tout au long de leurs œuvres, le duo aura souvent mis en relief le lien entre les hommes et la technologie, voire l’espace. Des robots en quête d’humanité avec leur premier long métrage « Electroma » aux technologies qui détiennent une emprise sur l’homme, notamment sur « Technologic* » ou encore le film « Tron ». Quand on sait que le robot dans “Technologic” est la poupée qui a servie au film “Chucky”…

Technologic
Extrait du clip Daft Punk – Technologic

Tout ceci en multipliant les collaborations en clin d’œil aux années 70 : Leiji Matsumoto (créateur d’Albator) illustre leur film Interstella 5555, Giorgio Moroder (pionnier de la musique électronique) est enregistré par le duo qui composera ensuite l’hommage « Giorgio by Moroder », Paul Williams (acteur du film « Phantom of the Paradise » qui a inspiré leurs casques) est présent sur « Touch », ou encore le légendaire guitariste Nile Rodgers qui participe notamment au titre « Get Lucky ».

3. Parce qu’ils pensent à tout

Chaque œuvre est façonnée dans le détail. Comme raconté plus haut, les Daft Punk rencontrent Giorgio Moroder et lui demandent de se raconter. Pendant 3 heures, le maestro va parler de sa vie sans savoir ce que le duo prépare. Ils composent alors le magnifique « Giorgio Moroder » en y intégrant l’enregistrement. Le plus fou est qu’ils avaient dissimulé 3 micros : un des années 50 pour ses histoires de jeunesse, un des années 70 pour la période « I feel love » et un moderne pour évoquer le futur !

On pourra également citer l’apparition des DJ phares de Chicago DJ Sneak, Derrick Carter ou encore Roy Davis Jr dans le clip « Burnin’ » qui rend hommage à la House de Chicago. D’ailleurs, Thomas et Guy-Manuel seraient eux aussi dans le clip, on vous laisse décortiquer.

4. Parce qu’ils entretiennent le mystère

Aussi, quand on parle d’univers on parle également de communication et de valeurs. Que dire si ce n’est qu’elle est ultra maitrisée, entre rares apparitions (film Tron, spot pub Adidas) et surprises inattendues (apparition surprise lors du concert de Phoenix à New York ou participation à une masterclass de Chilly Gonzales en France).

Cultiver la discrétion tout en jouant sur l’inattendu fait d’eux un duo illisible et impossible à devancer (il se dit que même Pedro Winter n’avait pas vu la pyramide avant le premier concert donné en 2006). Et on ne peut évidemment pas parler de contrôle et de secret sans évoquer les casques. Ils sont programmés en 2006 aux Eurockéennes, remplissent la scène et éclaboussent tout le monde avec le show. À la sortie, ils enlèvent leurs casques et vont boire un verre incognito dans l’espace VIP. Être connu mais jamais reconnu, c’est aussi ça la recette des Daft.

5. Parce qu’ils font l’unanimité

Les œuvres s’enchainent et les succès avec. Que vous ayez grandi avec ou pas et où que vous soyez dans le monde, leur triomphe ne vous aura pas échappé. Si bien qu’après 28 ans de bons et loyaux services, les Daft Punk sont devenus des icônes culturelles. Selon Denis Mayer, une icone culturelle est une figure emblématique qui joue un rôle essentiel dans la construction et le maintien de l’imaginaire social et de l’identité collective. Les fan clubs et les fakes leaks ne sont que la conséquence d’une emprise et d’une inspiration mondiale. Réussir à faire l’unanimité en imposant son style n’est donné qu’aux meilleurs.

Ils auront ainsi réussi leur pari de faire de la musique électronique populaire, voire commerciale. Thomas Bangalter disait d’ailleurs : « L’underground est un mot con. Si tu veux faire de la musique et que tu veux en vivre, tu ne cherches pas l’underground. Être underground, c’est être inconnu. Le simple fait de vendre cinq mille disques dans le monde, ça suffit à sortir de l’underground. La vraie différence se fait entre ce qui est authentique et ce qui est calibré » dans une interview de David Blot publiée dans les Inrocks (1997). Daft Punk touche autant les puristes que les auditeurs de musique mainstream car chacun peut se projeter. Chevaliers dans l’ordre des Arts et des Lettres et 6 Grammy Awards plus tard (entre autres), l’affaire est pliée.

Les deux gamins qui trituraient les ordinateurs et les machines dans la chambre de Thomas ont gagné.

Grammys

6. Parce qu’ils ont laissé leur empreinte

Imaginez. Nous sommes le 14 juillet 2017, Emmanuel Macron invite les chefs d’État à assister au défilé de la fête nationale. Et là, alors que le défilé est sur le point de se terminer, l’orchestre entame un medley tonitruant de plusieurs titres des Daft Punk (preuve de l’aura internationale). On ne parlera pas stratégie politique ici mais on aime se dire que l’orchestre a pris son pied pour une fois. Trump n’en a rien à foutre, Macron sourit (évidemment), et le parterre se met à taper dans les mains en rythme.

On ne compte plus le nombre de reprises. On en a compilé quelques unes :

Les chœurs de l’armée rouge s’en mêlent. Ok c’est musicalement discutable (on n’en dira pas plus), mais ça montre quand même une chose : bon bah c’est pas terrible voilà, c’est pas grave.

Quand on est une source d’inspiration aussi ouverte, même la chanson française s’en mêle. C’est franchement cool.

Le nouveau venu chez Microqlima Fils Cara y va également de sa reprise (10’01).

Cage The Elephant reprend à son tour “Instant Crush”… Quand on disait que c’était universel :

Mezerg et sa version unique.

https://twitter.com/mezerg_/status/1363954516744278016

L’impératrice à ses débuts

Pour (enfin) répondre à la question, si ça fait mal, c’est évidemment parce qu’on comptait toujours sur eux. On s’habitue à cette présence en réécoutant les anciens sons et attendant les nouveaux. Il était impensable que les deux amis quittent ce projet. Peut-être l’objectif était atteint. Un merci serait trop petit au regard de l’inspiration qu’ils sont pour toute une génération. On suivra les actus de Thomas Bangalter et de Guy-Manuel de Homem-Christo qui devraient poursuivre chacun de leurs côtés pour briller et faire briller (comme ils l’ont fait ces dernières années).

Relisez notre article sur la carrière des Daft Punk ici.

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