Copycat Towns – Dans l’œil de Cian Oba-Smith

As-tu déjà imaginé Paris vide ? Paris sans ses Parisiens, sans ses touristes, sans ses brasseries… ne restant plus que l’haussmannien mythique et la Tour Eiffel. Et bien Paris sans Paris existe à l’autre bout du monde, en Chine non loin de Shanghai, où le phénomène architectural communément appelé Copycat towns a été immortalisé par Cian Oba Smith dans une série intitulée “Shanzhai”.

Le photographe londonien explique : “Initialement, la plupart [des villes construites] ont été considérées comme des échecs en raison du manque de demande et, par conséquent, beaucoup sont devenues des villes fantômes. Au fil des ans, cependant, alors que la classe moyenne urbaine en Chine a connu une croissance incroyable, beaucoup se sont épanouies, accueillant des dizaines de milliers d’habitants.”

L’évasion à domicile

Les imitations architecturales existent dans toute la Chine depuis des siècles : une façon d’asseoir son pouvoir pour les empereurs d’hier, ou de décentraliser les populations trop nombreuses aujourd’hui à Shanghai en les attirant grâce aux charmes les plus pittoresques des villes européennes. Paris, Londres, Florence, Hallstatt (village autrichien inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco), Dorchester (Royaume-Uni) … sont quelques-uns des projets qui attirent les Chinois à s’y installer ou à y venir pour y faire du tourisme. 

Cian Oba-Smith a lui décidé de se concentrer sur Hangzhou et Shanghai où la construction de ces répliques a été réalisée entre 2001 et 2007. Au cours de ses études, l’artiste a effectué des recherches approfondies sur ce phénomène avant de pouvoir enfin s’envoler pour la Chine et immortaliser coins de rue, citadins et édifices.

L’atmosphère des clichés delà série “Shanzhai” est particulière et anachronique. Les copycat tows offrent un contraste saisissant entre calme et sérénité apparente et la folie des métropoles chinoises. Il y a également quelque chose d’intemporel et d’indicible sur les visages des passants, choisis arbitrairement par l’artiste. Les décors ont un air de carton pâte façon Disney qui s’opposent à l’ultra modernité des grandes villes chinoises que l’on imagine futuristes et modernes à souhait.

Pour ceux qui voudraient voir de plus près le travail de Cian Oba-Smith, en 2020 il sera en France avec la série “Shanzhai” à l’occasion de OpenWalls Arles 2020. Pour suivre l’actualité du photographe, rendez-vous sur son Instagram et son site officiel.