Carlota Guerrero est une artiste espagnole, originaire de Barcelone. Elle commence la photographie dès l’adolescence en autodidacte – puis la vidéo et la performance, et créer des compositions à la fois délicates et subversives, célébrant la pouvoir de la féminité incarnée.
Carlota Guerrero fait son apparition sur la scène artistique en 2016, alors qu’elle réalise la pochette et les vidéos du troisième album A Seat at the Table de la chanteuse Solanges Knowles. La photographe et vidéaste se fait vite reconnaitre grâce à son langage sensuel, spirituel et bienveillant, sa vision de la sororité et de la puissance féminine, et sa somptueuse palette de pastels.
Ôde à la féminité
Carlota Guerrero rend hommage à la Femme, et se considère comme un canal pour l’énergie féminine qui l’a précédé et l’influence depuis son plus jeune âge : sa mère et les femmes qui l’ont élevée, ses “muses” et toutes les artistes qui l’inspirent.
Dans son studio, elle imagine des scènes à la fois fortes et délicates qui défient les convenances patriarcales, prône la liberté et le bouleversement des conventions traditionnelles de genre. La femme de Carlota Guerrero est à la fois unique et multiple. Elle est libre, proche de la nature, et proche de ses “sœurs” dont elle est souvent liée par des liens de vêtements ou de cheveux tressés. Elle est spirituelle et sensuelle, majestueuse et maitresse de sa sexualité.
Le corps féminin est au centre de son œuvre, dans toute la beauté de sa diversité – de couleurs, formes, âge, grain de peau, chevelure…. Non sans rappeler un certain classicisme des peintures de la Renaissance. L’artiste trace un lien sacré entre le corps, la nature, et le monde invisible et spirituel.
Le “female gaze”
La poétesse Rupi Kaur écrit au sujet du travail de Carlota qu’elle est “l’antidote qu’il nous faut pour lutter contre le regard masculin”. Elle poursuit : “Dans un secteur dominé par les hommes, objectifs braqués sur le corps des femmes, son regard est rafraîchissant. En tant que femme, ça ne m’intéresse plus de voir mon corps à travers le regard d’un homme. J’ai fait ça toute ma vie. Je veux être prise en photo par une femme dont les photos rendent hommage à ma féminité et non l’exploite. Le sensuel, oui, le voyeurisme, non. Dans un monde qui bafoue le féminin, la féminité que capture Carlota est honnête et libératrice”.
Carlota vise à créer une véritable “safe space” où la femme est présentée comme désirable et non “objet de désir”. Un lieu de respect et de connexion où elle cultive une vision du corps féminin loin des stéréotypes véhiculés par la pub ou les réseaux sociaux. Elle s’exprime d’ailleurs en faveur de la liberté d’expression sur les plateformes numériques, où le corps de la femme est souvent censuré quand montré au naturel. Et désire ainsi changer une narration d’objectification et de sexualisation du corps de la femme par des artistes hommes.
Pour prôner la libération de la sexualité féminine, elle emmène son armée d’amazones à demi-nues dans les rues ; et organise même une performance-orgie sur scène à Art Basel Miami, que vous pouvez retrouver ici sur son compte Vimeo.
“Je n’essaie pas d’être controversée ou faire polémique, j’essaie juste de dépeindre la beauté et la dignité des femmes hypersexuelles, sans avoir à m’excuser”.
“J’ai un dragon dans le cœur”
La jeune artiste de trente ans a publié sa première monographie aux éditions Prestel en avril dernier, Tengo un Dragón Dentro del Corazón (J’ai un dragon dans le cœur). Un livre retraçant ses travaux les plus emblématiques, comme sa série consacrée à la communauté transgenre de Cuba, ses performances urbaines, et ses portraits toujours intimes et oniriques.
Pour accompagner son édition de textes, l’artiste a fait appel à plusieurs femmes inspirantes. Parmi elles, les poétesses Rupi Kaur et Leticia Sala, la musicienne Rosalia, ou encore la créatrice de mode Paloma Lanna. Le titre du livre, Tengo un Dragón Dentro del Corazón, est une métaphore au feu qui l’anime et la guide, et une description de son processus créatif qu’elle décrit comme presque chaotique, la possédant toute entière.
Des projets, toujours bien entourée
Pour le futur, Carlota Guerrero désir continuer à travailler avec des femmes qui l’inspirent, comme son amie de longue date Paloma Lanna avec qui elle a récemment réalisé une scène de fête se transformant en transe spirituelle. Pour ce film les artistes avaient demandé à des femmes de danser pendant des heures sous le Soleil, les poussant à s’ouvrir, “pleurer et guérir”. Un nouveau projet surréaliste est en cours et l’artiste espagnole dont l’approche à beaucoup changé pendant le confinement prévient, “il sera très différent”. Elle continuera également à collaborer avec des musiciens et des marques de mode, comme Helmut Lang, Mugler, Givenchy ou encore Dior pour qui elle a déjà réalisé plusieurs œuvres. Enfin, son attrait croissant pour l’art de la performance promet également de bonnes surprises à venir.
Vous pouvez retrouver le travail de Carlota Guerrero sur son site ou son instagram.
Plus de photographies célébrant la féminité avec Reine Louve sur Beware Magazine.