" We need cafeine ", peinture murale du street artiste Blu

Les incroyables fresques murales (et animations) de BLU

Image d'avatar de Christelle CrouetChristelle Crouet - Le 7 janvier 2020

Blu est un artiste peintre et vidéaste originaire de Bologne en Italie. Ses dessins dénoncent entre autre la violence et le capitalisme. Découverte d’un street artist engagé.

" We need cafeine " par le street artist Blu

Qui se cache derrière le pseudo de Blu ?

Blu est un artiste mystérieux qui prend grand soin de cacher son identité. On sait cependant qu’il est né le 1er mai 1980 à Bologne en Italie. On sait également qu’il est d’origine argentine.

Pour Blu, tout commence en 1999, année où il se met au street art. On retrouve ses œuvres un peu partout dans le centre historique de Bologne et sans sa banlieue. En 2001 il arrête le graffiti à proprement parler et adopte une nouvelle technique de peinture. Il change pour de la peinture acrylique et des rouleaux télescopiques. Cette nouvelle technique lui permet de faire évoluer son identité visuelle, de réaliser des œuvres gigantesques, mais pour cela, il est obligé de réduire sa palette de couleurs. Il utilise alors des tons plus doux, plus pastels, qui font que ses œuvres se démarquent dans le paysage urbain.

2001 c’est aussi la période où Blu commence à réaliser de petits clips, dans lesquels il met en scène ses créations. En 2001 et 2003 il réalise deux clips d’animation, qui seront utilisés comme compléments lors du concert du collectif OK NO. Blu y critique une société de surconsommation , aliénée par le capitalisme. Un des sujets de prédilection de l’artiste.

En 2004 son art est repéré par des galeristes et des collectionneurs qui lui proposent de travailler avec lui. Le street artist choisit de rester discret, de conserver son pseudo et de continuer à travailler dans la rue. En parallèle il commence à œuvrer pour quelques galeries, collectionneurs ou encore musées.

C’est en 2008 que sa notoriété explose. Il réalise ” Muto ” (muet en français), un court-métrage dans lequel ses peintures murales sont juxtaposées pour créer une histoire. Blu a tourné cette vidéo à Buenos Aires et à Baden. C’est un véritable succès, elle a été visionnée plus de 10 millions de fois sur YouTube, en 2009 elle est récompensée par le Grand Prix du Festival de Clermont-Ferrand. Un autre de ses courts-métrages est récompensé, en 2011, ” Big Bang Big Boom ” est élu meilleur court-métrage au Festival Terra di Cinema de Tremblay en France et au Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand.

Le film Big Bang big Boum

Blu a recouvert de ses œuvres des centaines de murs dans le monde. Il tire son inspiration notamment des BD et des jeux d’arcade.

Un artiste engagé

Avant tout, Blu est un artiste engagé. Avant de peindre, il s’approprie la singularité de la société dans laquelle se trouve le mur qu’il va peindre. Il s’immerge dans la situation sociale et politique du lieu où il crée. Il cherche avant tout à communiquer avec les personnes qui habitent dans ces espaces et cherche à embellir le paysage urbain. Il joue beaucoup sur la distorsion du visage humain.

Dessin mural de l'artiste Blu

Avec ses œuvres, l’artiste argentin dénonce la violence et le capitalisme. Il se plait à détruire des symboles forts comme les hommes en costume, les billets, les cercueils, qui représentent une humanité asservie au capitalisme, à la société de (sur)consommation. Dans ses dessins, l’Homme est montré sous son visage le plus sombre, une volonté pour l’artiste d’interpeller les passants. Blu se penche également sur la question de l’évolution de cette humanité et de la nature qui l’entoure. À Rome par exemple il peint une fresque chronologique qui part de l’origine du monde pour arriver jusqu’à notre ère actuelle. La fresque se termine par un ternissement des couleurs, une façon pour l’artiste de mettre en garde contre ce que l’Homme est en train de faire de son avenir.

Fresque de l'évolution réalisée par l'artiste Blu

Encore plus récemment, en 2019, Blu a rejoint les artiste Alleg et Luvi à Modeggi Bene Comune, un espace public situé à Bagno a Ripoli dans la métropole de Florence en Italie. L’endroit est une ancienne ferme avec des oliviers et des vignes, entièrement gérée par les salariés depuis cinq ans. Le principe est celui de l’agroécologie et du partage de connaissances, le but est de créer un environnement où les étudiants et les artistes pourraient travailler sur différents matériaux et thèmes en créant des interventions collectives ou individuelles.

Dans son œuvre ressemblant au signe de Tao (plus communément appelé Ying et Yang), Blu représente la dichotomie entre la protection du territoire et sa récupération non invasive. Il y montre le contraste entre une petite ferme abritant une faune et une flore abondante et un grand espace urbain qui l’entoure. Modeggi Bene Comune est représentée au centre de la moitié blanche, on y voit des animaux d’élevage et des cultures. De l’autre côté on voit des animaux, chiens, sangliers principalement, qui nettoient les zones de béton et essaient de répandre les espaces verts tandis que des arbres sont écrasés par des grosses machines, faisant place à de grands bâtiments. Blu met en avant la place que l’homme donne à la nature, la recherche du profit, il fait un portrait assez saisissant de la société moderne en montre tous ses points faibles, avec succès.

Peinture murale réalisée au Modeggi Bene Comune à Bagno a Ripoli par l'artiste Blu

L’artiste est devenu avec les années un véritable activiste des rues. Parfois il dérange si bien que ses œuvres sont censurées.

C’est ce qu’il s’est passé à Los Angeles. Le musée du MOCA lui avait passé la commande d’une œuvre. Celle-ci représentait des cercueils recouverts d’un dollar américain (à la place du traditionnel drapeau). Cette œuvre a beaucoup dérangé, elle était située non loin d’un mémorial et d’un département militaire. L’interprétation de ce dessin et sa proximité avec un lieu de recueillement militaire ont été jugées trop provocantes aux yeux du MOCA lui-même qui a décidé de recouvrir l’œuvre de l’artiste. Un acte qui a fait polémique auprès de certains américains, mais également auprès de certains vétérans qui trouvaient justifiée la dénonciation de Blu.

Oeuvre de l'artiste Blu censurée par le MOCA à Los Angeles

Un street-artist qui n’hésite pas à détruire ses propres créations

Blu est un artiste intègre qui va jusqu’à s’auto-censurer. En 2016 il recouvre une vingtaine de ses œuvres de peinture grise à Bologne, sa ville natale. Il proteste contre l’exposition de street art ” Street Art, Banksy & Co. L’arte allo stato urbano “. L’organisation arrachait des murs certaines œuvres urbaines sans demander l’autorisation des auteurs, puis les présentait au Palazzo Pepoli (donc un musée fermé qui plus est) afin de ” protéger les œuvres de la dégradation urbaine “. Blu pointe du doigt un enrichissement qui s’est fait aux dépends des artistes de street art qui ignoraient tout de l’utilisation de leurs œuvres.

Une autre fois il a effacé ses œuvres sur un bâtiment du quartier de Kreuzberg à Berlin. Cet immeuble avait été racheté par une société immobilière qui voyait cette fresque comme un avantage financier pour sa vente. Blu a fait disparaître sous de la peinture noire les fresque ” Brothers ” et ” Chain “.

L’artiste a une vraie démarche sociale et politique. Il utilise des métaphores pour aborder des sujets complexes qui toucheront ceux qui regardent ses œuvres. Il fait travailler l’imagination du spectateur et joue avec son esprit de déduction. Ses messages sont à la fois simples et percutants.

Quelques œuvres de Blu

Peinture murale de l'artiste Blu
Peinture murale du street artiste Blu
Dessin de l'artiste Blu
Dessin mural de l'artiste Blu
Peinture de l'artiste Blu
Fresque murale de l'artiste Blu
Fresque de l'artiste de rue Blu
Peinture murale de l'artiste de rue Blu
Dessin de l'artiste de rue Blu

Son site :
Vous pouvez retrouver les courts-métrages de Blu sur sa chaîne YouTube.

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Christelle Crouet
Article écrit par :
Après une licence d'histoire à Sorbonne Lettres je me suis lancée dans le journalisme. Pendant 2 ans j'ai réalisé plusieurs reportages, couvert certains événements étudiants pour le média étudiant TéléSorbonne. J'ai aussi été co-responsable du pôle Emission du média. Je suis entrée à Beware en décembre 2019. Je suis aussi passée par la presse locale charentaise avant de revenir sur Paris. En novembre j'ai commencé une alternance à briefstory, un jeune média qui traite d'innovations positives, dans la tech, mais aussi dans les domaines de l'écologie ou encore de l'art. J'aime parler d'art, sous toutes ses formes, d'écologie, mais aussi des femmes et de leurs combats.

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