Originaire de Québec, Annie Descôteaux est une artiste en perpétuelle évolution. D’abord dessinatrice, elle a peu à peu délaissé le dessin classique pour se consacrer à l’art du collage, à la sculpture et plus récemment aux installations.
« Si les gens ne saisissent pas le deuxième ou troisième degré mais qu’ils apprécient mes oeuvres pour leur côté esthétique c’est bien correct. »
A ses débuts, son travail était davantage illustratif et assez premier degré avec notamment des blagues sexuelles plutôt crues. Et puis, elle s’est lassée. « Je pense que ça limitait un peu les interactions avec les spectateurs qui trouvaient ça drôle mais sans plus, j’avais envie d’utiliser d’autres formes de langages, d’aller plus loin », relève-t-elle.
Grâce au collage, elle commence à faire des choses plus abstraites, plus géométriques, tout en gardant l’aspect esthétique. « L’utilisation des fonds colorés est une façon de séduire, confie l’artiste. Si l’art sert à communiquer quelque chose, il doit aussi être démocratique d’où l’importance de l’esthétique pour moi. Si les gens ne saisissent pas le deuxième ou troisième degré mais qu’ils apprécient mes oeuvres pour leur côté esthétique c’est bien correct. »
C’est donc avec le collage qu’Annie Descôteaux s’affirme en tant qu’artiste. Par ses découpages minutieux, presque chirurgicaux, elle crée des univers où règnent l’abondance et les excès en tout genre.
Au premier abord, ses créations peuvent sembler un peu naïves, mais quand on s’y attarde, qu’on les observe attentivement, on découvre un aspect plus profond, un peu macabre et témoignant de l’absurdité de notre consommation. Dans sa série « Ad nauseaum » [jusqu’à la nausée], par exemple, elle part d’un festin pour explorer les excès de la table entremêlés à la débauche sexuelle.
« Je récupère souvent des objets et matériaux trouvés dans les poubelles et je les travaille pour leur donner une nouvelle vie. »
Malgré des thématiques fortes qui se dégagent de ses œuvres comme les femmes, la société de consommation et l’abondance, Annie Descôteaux ne se définit pas pour autant comme une artiste engagée : « Je ne peux pas faire autrement que de parler de ce que je connais, mon environnement qui est la classe moyenne et ses débordements. »
C’est aussi pour cela qu’elle s’intéresse particulièrement aux objets du quotidien : « ce sont des objets qui nous racontent beaucoup et les objets ont aussi une certaine tendance à nous posséder », commente l’artiste.
Ce travail avec les objets se retrouve particulièrement dans ses sculptures et installations « Pour cela je récupère souvent des objets et des matériaux trouvés dans les poubelles et je les travaille pour leur donner une nouvelle vie, précise-t-elle. J’aime bien jouer avec les matières, réhabiliter des matériaux dits « non nobles». »
Son travail sera présenté lors de l’exposition du festival Chromatic qui aura lieu du 27 mai au 1er juin, dans la salle lumineuse du Studio l’Éloi.
Elle présentera aussi une autre installation à partir du 15 juin prochain à la galerie Antoine Ertaskiran pour une exposition nommée « Come as you are ». Et enfin, vous pourrez admirer ses collages cet été dans une expo en duo avec Mathieu Lévêque pour célébrer le 375ème anniversaire de Montréal.
–» Pour suivre Annie Descôteaux : site web
–» Pour en savoir plus sur le festival Chromatic : site web | facebook