Dans ses court-métrages et ses installations, l’artiste-vidéo Greg Barth élabore avec habileté et technicité des mises en scène surréalistes sur fond de décors léchés, aux couleurs punchy qui ne manqueront pas de vous impressionner.
L’artiste suisse Greg Barth qui est basé aujourd’hui dans la capitale anglaise a vécu par le passé huit années à Montréal. Initialement formé en design et typographie, Greg Barth a aussi étudié les effets spéciaux au cinéma, avant d’expérimenter le slow motion pour Moment Factory.
Par la maîtrise de ces multiples aptitudes, l’artiste réalise des prouesses techniques pour chacun de ses projets créant ainsi des oeuvres riches avec virtuosité.
Aujourd’hui, le designer réalise essentiellement des oeuvres vidéo et des courts métrages publicitaires. Il imagine des scénarios surréalistes, totalement barrés, avec une vision critique et cynique, le tout teinté d’ironie et d’humour pince-sans-rire.
Il se fascine également pour les installations et les interactions avec les objets physiques qui en découlent. « J’ai toujours trouvé dommage que, pour mes vidéos, on fasse des installations basées sur la physicalité et les effets manuels, mais une fois terminé on démonte tout pour tout jeter, explique-t-il. D’où mon intérêt pour quelque chose qui pourrait avoir une autre sorte d’interaction avec des personnes. »
Design méticuleux et synopsis décalé
Systématiquement présent dans ses videos, Greg Barth exploite l’art du design pour donner forme a des scénographies sophistiquées au décor structuré, ou parfois totalement déstructuré. Dans ses oeuvres, les formes et les couleurs s’harmonisent et mettent en scène des protagonistes anonymes exécutant des mouvements chorégraphiés.
C’est bien cette influence du design si marquée qui fait la singularité de l’identité visuelle de l’artiste et de son univers à la fois coloré et géométrique. « J’applique mon design partout, et c’est un peu un “blessing and a curse”. C’est bien d’avoir l’oeil entraîné et d’appliquer des notions de design graphique, mais ça me limite aussi pour filmer à l’extérieur, confie l’artiste. Je suis un peu prisonnier de mes propres doctrines minimalistes. »
Mais des idées originales, le designer n’en manque pas puisque dans chacune de ses réalisations, Greg Barth redouble de créativité, d’innovation technique et nous époustoufle.
Les coulisses du hors champ
Les making off de ses vidéos, accessibles sur son site internet, sont souvent aussi importants et intéressants que l’oeuvre cinématographique en elle-même.
Ceux-ci dévoilent l’ampleur du travail, la complexité de la réalisation, ainsi que les techniques mises en place qui ne sont pas le simple fruit d’un travail par ordinateur, mais bien d’une conception, d’une préparation, et enfin, d’une installation laborieuse et grandiose.
Tous les détails sont préalablement étudiés grâce à la modélisation d’une maquette 3D, ne laissant ainsi aucune place au hasard. « Il faut que tout soit précis, au millimètre près au niveau de l’accrochage, donc forcément je décortique tout, et c’est parfois des mois de recherche. Le 3D m’a sauvé la vie et me permet de tout planifier à l’avance! », relève-t-il.
Greg Barth à Chromatic Pro
Greg Barth revient à Montréal à l’occasion des deux soirées Chromatic Pro dans le cadre du festival Chromatic qui se tient du 24 au 25 mai prochain à l’Arsenal.
Il y présente une installation, qui constitue le troisième volet de la série de “Trajectoires” représentant des éléments figés dans le temps. Cette série d’installations est basée sur un cliché du photographe Harold Edgeron et sur lequel on peut voir le service, image par image, d’un joueur de tennis. « Je me suis dit que ce serait cool de faire quelque chose comme ça, d’un peu physique, et d’imaginer la déconstruction d’un mouvement », raconte Greg Barth.
Pour cette édition, l’artiste orchestre une installation impressionnante. Il s’agit d’un dialogue visuel et mouvant entre des joueurs de tennis grâce à des jeux de mapping et de projection, pour un résultat captivant et digne d’une simulation en trois dimensions d’un match de tennis.
Greg Barth finalise également en ce moment un court-métrage narratif et satirique sur l’actualité politique dans le monde et les paradoxes des sociétés modernes.
Le designer annonce déjà que ce projet devrait être le dernier dans cette veine là; où les objets et leurs interactions prennent le pas sur les acteurs et leurs jeux. Il souhaite changer de format et s’essayer au script en passant au court-métrage plus traditionnel, tout en gardant son univers fou et déjanté qui nous a déjà conquis.
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