Illustrations, graphisme, vidéos d’animation et installations participatives, tous les supports sont bons pour s’attaquer à la complexe tâche de disséquer les identités humaines. Martine Frossard parvient à s’en rapprocher grâce à ses oeuvres aussi tangibles que surréalistes qui représentent des héros dont souvent les yeux ne sont pas visibles.
L’artiste visuelle ne chôme pas. En plus de travailler comme coordonnatrice aux communications pour le studio XX, elle cumule les contrats de graphisme, travaille sur ses projets artistiques personnels et mène une vie familiale bien remplie.
Née à Strasbourg, Martine Frossard étudie le design à Paris pour ensuite faire un échange d’un an au Québec. Bien qu’elle voyage en Europe et aux Etats-Unis lors de festivals pour présenter ses oeuvres, elle demeure à Montréal depuis maintenant douze ans. Après un court passage à vide et la difficulté de se démarquer dans le vaste milieu que sont les arts, elle trouve le moyen de faire son chemin en tant qu’illustratrice. Elle élargit également ses horizons en faisant des installations et de l’animation.
Elle affectionne particulièrement les vidéos d’animation puisque grâce à cela, elle parvient à « donner vie » à ses dessins.
Un travail de longue haleine l’attend pour les conceptualiser de A à Z : elle commence par filmer une courte scène pour ensuite « découper les images du vidéo, les retravailler au crayon ou au pinceau et enfin les importer de nouveau dans Photoshop ». Ce qui est bien, dit-elle, c’est de « pouvoir raconter une histoire ou de rester dans l’abstrait. » Bref, l’animation lui offre une grande liberté créatrice qu’elle apprivoise avec esthétisme.
L’art au service des multiples facettes humaines
Au coeur de ses oeuvres, se trouve l’interminable quête identitaire.
Ainsi, les yeux de ses personnages sont, la plupart du temps, fermés voire totalement éclipsés. Elle souhaite de cette manière mettre l’accent sur les mouvements, la posture et le corps.
Martine Frossard cherche en fait à nous faire réfléchir au regard que l’on porte sur les choses et les gens. Et si l’on ne jugeait plus avec les yeux? Si l’on se laissait réellement aller dans la création et dans nos désirs sans avoir peur du jugement des autres?
L’humain a ce drôle de comportement : il est comme un caméléon et aime porter des masques. L’artiste voit en ces différentes facettes qu’un seul humain peut prendre, une source de créativité prolifique.
« Quelque part, entre deux »
Dans le cadre de l’exposition du festival Chromatic ayant lieu du 27 mai au 1er juin au studio l’Éloi, Martine Frossard présente l’animation « Somewhere in between » [«Quelque part, entre deux»] qu’elle a imaginée en 2016.
Cette vidéo lumineuse au concept abstrait mêle avec justesse dessins, design mouvants et sonorités hypnotisantes qui nous rapprochent fort de l’ésotérisme. Elle nous confie que cette œuvre aborde en fait l’histoire de « deux femmes qui se trouvent dans le cinquième stade du sommeil, cette partie très créative mais dont on se souvient peu. » De quoi piquer notre curiosité.
Lorsqu’on lui parle de ses inspirations, Martine Frossard n’hésite pas à mentionner trois virtuoses de l’animation: Shishi Yamazaki, Matthew Rankin et Frances Adair Mckenzie. Trois personnalités avec lesquelles elle espère un jour collaborer.
Véritable touche-à-tout dans son domaine, l’artiste visuelle continue de charmer les spectateurs avec ses oeuvres. Si elle prend plaisir à cacher les yeux de ses personnages dans la majorité de ses réalisations, c’est les yeux grands ouverts qu’elle invite le public à les découvrir.
–» Pour suivre Martine Frossard : site web | viméo
–» Pour en savoir plus sur le festival Chromatic : site web | facebook