Alexandre Echasseriau est un Designer Industriel et Produit, qui se plaît à mélanger design et savoir-faire artisanal, en utilisant de nouveaux matériaux et des technologies de pointe. Issu d’une double formation, d’abord artisanale à l’école Boulle, puis en design à l’ENSCI, il remporte en 2014 les Audi Talents Awards, avec son Projet Tryptic. En 2016, il est l’un des finalistes du prix Emile Hermès, avec son projet Interactive Wallpaper (Papier Peint Interactif).
Ce designer travaille sur plusieurs projets à la fois, extrêmement divers et avec des temporalités différentes. Cela va des tests couleurs pour un équipementier automobile à la conception de vitrines pour des boutiques, des jeux pour un fablab à des collaborations avec des start-up qui captent la qualité de l’air ou encore recyclent le carbone et le bitume. Pour Alexandre, à l’approche souvent ludique, travailler avec des contraintes d’usines, est « nouveau et extrêmement enrichissant ». Des projets très différents de ceux qu’il a développés en école, mais dans lesquels il continue d’infuser ce mélange de savoir-faire et de technologies de pointe, cette sensibilité de designer et d’artisan, qui le caractérisent. Il reconnaît toutefois que cela n’est pas toujours simple.
Il assure aussi actuellement la direction artistique du fablab (fabrication laboratory) du Centre Pompidou, sur le thème « Faites vos jeux! ». Le but des sessions consiste à accompagner des enfants pour qu’ils inventent des jeux et les réalisent ensuite, par le biais de nouvelles technologies et de techniques plus classiques telles que la peinture.
Alexandre, en phase de création, travaille beaucoup seul, mais sait s’entourer de chercheurs et d’artisans pour ses collaborations. Lors d’une première rencontre, il échange longuement, cherchant à déceler quelque chose qui est « souvent un détail pour eux mais aussi souvent une clef pour rentrer par une voie sensible. Si on rentre par la technologie cela ne va attirer que le monde de la science, alors que si on rentre par une porte plus sensible, cela ouvre à d’autres types de personnes, d’autres univers, à l’art, à Madame Tout-le-Monde. ».
Dès qu’il le peut, il est présent lors des tests et de la recherche, pour aider mais aussi pour observer, ce qui l’intéresse énormément. « Si je n’avais pas vu les scientifiques de l’Institut de Fresnel de Marseille faire leurs dépôts, il y a plein d’idées que je n’aurais pas eues. Les idées naissent plutôt en voyant les procédés et cela permet de rebondir sur d’autres choses ». Il fait là référence aux tests effectués pour son Sound Deflector (Déflecteur Sonore), sur lequel est réalisé un dépôt réservé habituellement aux verres de lunettes antireflet. Il aime travailler avec des chercheurs, notamment du CNRS, comme pour son projet Supra Circus, cirque miniature, ludique et pédagogique, qui utilise les propriétés de la supraconductivité. Des scientifiques viennent le voir pour donner du concret à leurs idées. Son détachement et son recul sont alors de véritables atouts.
Alexandre s’identifie beaucoup aux artisans, qui « génèrent énormément d’expérimentations et de nouveautés ». Pour la Vienna Design Week, en Autriche, il a collaboré avec les artisans de la Manufacture d’argent. Il a alors revisité un classique, le seau à champagne, pour imaginer Ice-Berg, paysage évoluant au rythme de la fonte des neiges. Sur son site, il met d’ailleurs en avant la genèse des projets et cite ceux avec qui il a collaboré, fait suffisamment rare pour être souligné. Il a une profonde admiration pour les scientifiques doués et intelligents qui savent être simples et clairs, d’autant plus lorsque le sujet est pointu et complexe. « Les gens brillants savent expliquer. »
Pour lui, « le designer n’est expert de rien, son meilleur rôle c’est d’être le liant entre différents domaines de compétence ». « Je trouve très bien de ne pas être expert, de garder une vision de surface et je le cultive ».
Alexandre ne se considère pas comme un « maker » (terme associé notamment aux utilisateurs de fablab, partageant savoir et connaissances, par le biais de l’open source) mais plutôt comme un prototypiste. Son atelier, en pleine campagne, est un véritable lieu d’expérimentations, où l’on trouve des machines à commandes numériques, de quoi travailler le bois et en partie le métal.
Il a une vraie attirance pour le noir, comme bien des designers. Toutefois son travail n’est pas monochromatique. Il ne choisit pas une couleur au départ mais c’est le travail de la matière qui amène la couleur, de manière intelligente, justifiée. On peut observer notamment sur son Sound Deflector un mélange étonnant et séduisant de teintes. Il est très intéressé par la matière, qui est souvent le point de départ d’un projet, à la suite duquel naitra un objet. Il la teste, observe ses réactions, ses qualités et ses faiblesses. Une démarche atypique, étant donné que le choix d’une matière apparaît souvent après la définition de l’objet. Ce processus « coûteux et glissant » rappelle celui de l’art.
Alexandre reconnaît: « J’ai la chance de travailler pour moi et pour des gens ouverts ». Il apparaît évident que ce designer d’esprit curieux est réellement passionné par son métier. On attend de nouveaux projets avec impatience.
Pour plus d’infos:
www.alexandreechasseriau.com