L’upcycling, la tendance visionnaire qui secoue la mode

Image d'avatar de MelisandeMelisande - Le 13 février 2019

« Rien ne se perd, tout se transforme » ? La tendance de l’upcycling s’impose dans l’industrie de la mode, de plus en plus saturée et étouffée par la fast fashion ou « prêt-à-jeter ». Décryptage d’une tendance qui se veut pérenne.

l'upcycling  Marine Serre
“Manic Soul Machine” – Marine Serre

Nouveau crédo des marques désireuses de s’inscrire dans une démarche plus éthique, l’upcycling conquiert de plus en plus le monde de la mode, designers comme grandes enseignes. Une démarche plus éthique, oui, mais sans oublier une consommation responsable, qui passe par un comportement intégrant le fait que les ressources sont limitées, et un engagement civique actif en vue de la qualité de vie personnelle et collective.

Mais l’upcycling, qu’est-ce que c’est ?

« Le terme désigne l’action de récupérer des tissus ou des vêtements déjà existants, dont on n’a plus l’usage. L’idée est de les valoriser, en produisant au final des habits dont la qualité est supérieure à leur état d’origine. »

Initiative concrète adoptée par des créateurs talentueux qui en ont fait la philosophie de leur marque, l’upcycling est aujourd’hui en plein boom.  

Mais la pratique est loin d’être simple…  Il faut tout d’abord dénicher le bon tissu, s’assurer de son état, puis le nettoyer. Et ça ne s’arrête pas là. Vient ensuite tout le processus de création et de conception de la nouvelle pièce à partir de l’ancienne.

Cette tendance en vogue pourrait être une des réponses possibles à la crise existentielle du luxe qui, à force de multiplier ses enseignes et de proposer les mêmes produits aux quatre coins du monde, a fini par perdre un peu de l’exclusivité et de la rareté qui le caractérisaient jusque-là.

Marine Serre, l’étoile montante

Petit prodige de sa génération, Marine Serre, lauréate du prix LVMH en 2017, a marqué les esprits lors de ses premiers pas sur les podiums. En mars 2018, elle nous dévoilait sa première collection, comportant 30 % de pièces upcyclées. Puis, une seconde, qui en comportait cette fois-ci 45 %.

« Être designer aujourd’hui, c’est savoir créer et produire autrement. Pourquoi aller acheter du tissu en Chine ou en Italie, inventer des imprimés qu’il faudra changer l’année d’après, alors qu’il y a tant de tissu à réutiliser ? Je trouve effarant que les grandes maisons n’aient pas déjà fait un pas vers ce type de production, alors qu’on passe son temps à se plaindre du gaspillage. Mais attention, je ne fais pas de l’upcycling un combat car, pour moi, le vêtement doit d’abord être désirable et portable. J’aime aussi imaginer des modèles fonctionnels pour les femmes d’aujourd’hui. (…) C’est aussi un pas vers plus de liberté, non ? »

Marine Serre
défilé Marine Serre
Backstage du défilé Marine Serre printemps 2019

Andrea Crews, la marque avant-gardiste par excellence

Bien qu’aujourd’hui l’upcycling fasse couler beaucoup d’encre, cette tendance n’est pas si récente.

Fondatrice et directrice artistique d’Andrea Crews, Maroussia Rebecq détourne les codes de la mode depuis près de 10 ans. La marque a fait de son style streetwear couture et de sa démarche d’upcycling sa signature. Une mode qui se veut décomplexée, colorée et qui se décline en deux lignes : la ligne High street et la ligne artisanale, toutes deux réalisées dans un atelier parisien du Marais. Andrea Crews offre à notre vestiaire des pièces oversizes, unisexes et audacieuses, où les mélanges de matières et les imprimés forts vont de pair.

upcycling en mode

Tour d’horizon et nouvelles consciences

L’upcycling attire aujourd’hui de plus en plus de créateurs.

À l’instar de Priscilla Debar, qui, en 2017, créée Faubourg. En dénichant ses designers aux quatre coins du monde, Faubourg propose une sélection pointue de marques d’accessoires et de prêt-à-porter, telles que Paloma Wool, Mara Hoffman, Grammar ou bien encore Good People. Plus qu’une simple plateforme, Faubourg se définit comme « une destination du style pour la femme moderne », et désire apporter une nouvelle conscience radicale concernant les dessous de la mode, où le respect, l’éthique et la durabilité sont au centre.

Paloma Wool
Paloma Wool
Mara Hoffman
Mara Hoffman
Grammar
Grammar
Good People
Good People

Autre figure de proue, Marianne Beck et sa marque de streetwear Affekt, lancée en 2018 et basée à Paris. La cause est noble : offrir une seconde vie à toutes les pièces de seconde main dans la volonté d’un futur durable, mais sans pour autant oublier le passé. La marque place le local et le recyclage au cœur de son process, et propose des pièces en éditions limitées, entièrement faites mains à Paris.

Affekt
Affekt
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Melisande
Article écrit par :
Membre de Beware Magazine depuis plusieurs années, Melissande Chadan est une rédactrice passionnée par la littérature, l'art, l'histoire et la mode. Depuis toujours, elle nourrit une passion pour l'écriture. Ses articles captivants et éloquents guident les lecteurs à travers ses différents univers culturels.

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4 commentaires

  • TARPIN BO

  • Très bon article. L’upcycling et le sport font aussi bon ménage. Dans le kitesurf ça fait un petit moment que l’on upcycle les “vieilles” voiles de kitesurf pour en faire des sacs, mais aussi des vestes, des chaussures,ect…

    • A

      Tu as aussi dans les sacs, je me rappelle en 2009 à Copenhague, la grande mode c’était les sacs freitag fabriqués avec des bâches de camions.

  • Elodie Fost

    L’upcycling à de superbes jours devant lui, j’en suis persuadé. “Rien ne se perd tout se transforme” non ? :)

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