Basé à Bolquère, à la jonction entre la France et l’Espagne, Thomas Paturet est un homme à part. Touche à tout, il se fait d’abord connaître grâce à son travail pour l’atelier Charles-Henri Tachon à Paris, Clément Vergély Architectes à Lyon et Made in Sàrl à Genève. Ayant acquis assez d’expérience, Thomas Paturet décide de partir pour cette petite ville des Pyrénées-Orientales afin d’y ouvrir son propre bureau. Il se donne, ainsi, la possibilité d’avoir carte blanche et de laisser libre-court à sa vision unique :
« Mon bureau se concentre sur l’architecture « conviviale » : dans la mesure où chacun peut l’habiter, sans difficulté, aussi souvent ou aussi rarement qu’il le désire, à des fins qu’il détermine lui-même. L’usage que chacun en fait n’empiète pas sur la liberté d’autrui d’en faire autant. Personne n’a besoin d’un diplôme pour s’en servir; on peut l’utiliser ou non. Entre l’homme et le monde, elle est conductrice de sens, traductrice d’intentionnalité. Une architecture « conviviale » prend place dans une société où l’architecture est au service de la personne intégrée à la collectivité. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’architecture… »
En dehors de son activité d’architecte, Paturet développe son amour pour la photographie. N’ayant pas peur de se lancer dans de nouveaux projets. Il décide de fonder le journal en ligne « Atlas of Places » qui a pour principe de promouvoir de jeunes artistes prometteurs en leur offrant une certaine visibilité. Loin de s’arrêter là, le jeune homme décide de lancer dans sa propre production d’œuvres photographiques. Sa carrière d’artiste commence notamment avec la série « Un feu distinct ».
” Un feu distinct m’habite, et je vois froidement
La violente vie illuminée entière…
Je ne puis plus aimer seulement qu’en dormant
Ses actes gracieux mélangés de lumière.
Mes jours viennent la nuit me rendre des regards,
Après le premier temps de sommeil malheureux ;
Quand le malheur lui-même est dans le noir épars
Ils reviennent me vivre et me donner des yeux.
Que si leur joie éclate, un écho qui m’éveille
N’a rejeté qu’un mort sur ma rive de chair,
Et mon rire étranger suspend à mon oreille,
Comme à la vide conque un murmure de mer,
Le doute, — sur le bord d’une extrême merveille,
Si je suis, si je fus, si je dors ou je veille ? ”
Capturer des feux de forêt pour sensibiliser le plus grand nombre
Thomas Paturet se définit comme un cartographe et ce surnom n’est pas volé, même si cela ressemble à un coup du destin. En effet, sa série phare « Un feu distinct » est né par hasard. Alors qu’il se baladait sur Google Earth, Thomas Paturet tombe sur des images de la Californie en feu. Cela va le toucher et va le pousser à en faire plus. Il commence, alors, à vérifier le monde entier pour trouver d’autres scènes similaires. L’Iraq, l’Oklahoma, la Sibérie ou dernièrement l’Australie, toutes ces régions sont les témoins de désastres. Il va alors se focaliser artistiquement sur ces photos satellites. Il les récupère, les assemble sur un logiciel de cartographie et les retouche sur Photoshop.
Ainsi, Paturet développe une mise en scène très visuelle et profonde. L’artiste s’amuse à jouer avec les possibilités de la retouche photographique pour rendre ces tragédies encore plus percutantes. Au-delà du simple aspect esthétique, cela permet avant tout de faire ressortir toute l’horreur de ces évènements. « La beauté dévastatrice de cet événement, cette puissance d’une ampleur territoriale remarquable, m’a incité à rechercher la source des données et archiver d’autres endroits. On a souvent du mal à percevoir l’échelle de ces désastres sociaux, environnementaux et économiques. Ces images aident à changer de perspective. Afin de prendre du recul sur l’impact du changement climatique sur notre planète. »
Retrouvez le travail de Thomas Paturet sur son site.