Les lieux laissés à l’abandon dégagent toujours une atmosphère particulière. Certains cherchent à ressentir ce climat unique en les explorant, c’est ce qu’on nomme l’Urbex. D’autres, préfèrent regarder des photographies de ces lieux uniques. Les nombreuses pages Facebook sur le sujet ne sont pas laissées à l’abandon. Le groupe Facebook Abandoned And Forgotten (Community) rassemble plus de 260 000 membres. La page francophone “Lieux abandonnés” est, quant à elle, suivie par plus de 100 000 personnes.
Guillem Vidal, photographe espagnol a choisi ces lieux singuliers pour travailler sur ces espaces hors du temps.
« Cette série montre les aires de jeux des enfants ou des adultes, allant de simples cabanes pour enfants aux complexes construits avec des matériaux durables » explique le photographe. Il est vrai que les espaces construits par l’homme sur ces images sont pluriels : on passe d’un toboggan bleu ciel presque chancelant à des terrains de tennis encore présents en passant par des cages de football.
La nature forte
Les structures aménagées par l’Homme sont au centre des photographies de Guillem Vidal. Les images sont cadrées de sorte que nos regards croisent ces jeux construits au départ pour tenir. Elles sont fortes, ces aires de jeux, tout leur résiste : les coups de pieds des enfants sur les portiques des balançoires, le poids des adolescents qui glissent deux par deux sur le toboggan en plastique et les arceaux des paniers de basket maltraités par des milliers de dunk. Tout leur résiste, ou presque. La cage de football n’a pas résisté aux bourrasques.
“Forgotten playgrounds” c’est avant tout une série sur cette balance singulière du temps : celle qui ravage mais conserve ces lieux et ces espaces créés par l’Homme.
« Ces espaces habités et maintenant délaissés sont aujourd’hui envahis par la nature. Ils se transformeront lentement mais sûrement en ruines. »
Guillem Vidal
Si les aires de jeux sont omniprésentes dans les photographies de Guillem Vidal, elles ne sont pas l’épicentre de sa série. La nature ne l’est pas non plus. C’est l’accouplement de la nature avec les structures qui a lieu sur un temps long. Elle finira par engloutir les métaux et le plastique, comme les photographies de Guillem Vidal l’illustrent. Les aires de jeux dominaient l’espace. On le voit avec les terrains de tennis. Mais par la composition de ses photographies, le barcelonais recadre son sujet.
Les lieux abandonnés sont fébriles, il nous le fait ressentir en photographiant, non pas les détails d’un poteau ou d’une planche de bois rongée par le temps, mais en capturant l’espace qui les entoure. La nature fait partie maintenant du terrain de tennis ou de cet ancien terrain de football.
Mélancolie
« Avant, les jeux, l’imagination et la joie étaient possibles. Maintenant, il en reste juste des traces. » explique Guillem Vidal. Les lieux abandonnées ne le sont jamais tout à fait. Les clichés du photographe nous questionnent sur ces environnements : ils ont été utilisé. Ils ne le sont plus.
Cette ambivalence nous rappellent des souvenirs. Les photos nous rendent nostalgique : on se remémore tous avoir posé nos fesses sur des balançoires, tiré un coup franc, ou lifter notre meilleur coup au Ping Pong en tournante ou en beer pong.
Adultes ou enfants, les photos effleurent notre mémoire.
Pour suivre l’artiste vous pouvez aller jeter un coup d’œil à son site officiel.