Un coin de rue, un lointain clocher, quelques fils électriques et le métal peint d’un panneau de signalisation. Thomas Jordan nous révèle, sous une lumière crépusculaire, la poésie de son quotidien américain.
Au gré des clichés, ce photographe amateur de 26 ans nous entraine dans les limbes de son Illinois natal. Nul grand voyage pour ce père de famille, nul grand moyen. Son Mamiya RB67 en main, un mug de café dans l’autre, Thomas Jordan erre entre les pavillons qui l’ont vu grandir. A l’aube ou au couchant, dans le calme désertique d’une Amérique assoupie, il nous dévoile l’intimité de sa banlieue, envers du rêve américain.
C’est à l’instinct que shoot le jeune homme, fasciné par l’éclat de ces petites choses ordinaires que l’on ne regarde plus. Loin de dénigrer ces faubourgs sans fard, Jordan choisit d’en célébrer la grâce anodine. La cité déconsidérée se retrouve ainsi sublimée par de fantasmagoriques couleurs. Du violet à l’ocre, parfois dorée, souvent bleutée, la lumière se fait reine grâce à une savante gestion du temps et aux pellicules Kodak Portra 160.
Cathartiques, ces clichés lui permettent aussi d’explorer les tourments qui ont constellé sa vie. Le jeune homme, introverti et plutôt solitaire, ne se cache en effet pas de sa longue lutte contre la dépression. Ses photos, véritable exutoire, lui permettent ainsi de partager ses pérégrinations internes. Conscient de la fréquence de ce mal, Thomas Jordan avoue à cet égard trouver un certain apaisement dans l’idée de toucher autrui.
A l’heure des globetrotteurs, il y a quelque chose de touchant dans l’humilité de Thomas Jordan. Empreint de nostalgie et d’apaisement, sa photographie se dévoile sans retouche digitale, brute et pourtant si subtile. Son authenticité, dans le traitement comme les sujets, n’en rend que plus admirable la beauté.
A découvrir en plus de détails sur son site et sur sa page instragram.