L’adolescent est peut-être le seul pont existant entre l’humain et le monstrueux, et peu d’artistes ont négligé d’en faire l’étude. Tamara Lichtenstein, pour qui cet être encore au contact de son âge d’Or (son enfance) et se trouvant cependant déjà aux commandes de son avenir est l’objet de l’ensemble de son œuvre, a choisi de pleinement révéler sa dualité ; les luttes intimes de l’adolescence, le refus de grandir comme et la volonté d’être indépendant constituent établissent ainsi de manière certaine les fondements des clichés la photographe.
On plonge dans un univers lycéen très US, soutenu par des modèles aux tenues convenues estampillées “21 jump street” ainsi que par des décors types (un terrain de basket entre autre) aux couleurs primaires très vives.
On quitte ce côté populaire de l’univers juvénile lorsqu’une pudeur et une fragilité plus méconnues de l’être qui se transforment et embrassent le cadre. Le sujet, qui dans un traitement cliché de l’adolescence se trouvait en bande, s’isole alors pour prendre racine dans des jardins en fleurs ou s’immerger de moitié sous l’eau. Les couleurs sont traitées plus délicatement, la lumière s’adoucit ; la vie adolescente se fait délibérément onirique.
Le lycéen éveillé, les deux pieds dans une société qu’il veut faire sienne, et qui revendique sa jeunesse, fait face, chez Lichtenstein, à cette partie de lui qui résiste et ne saurait renoncer à l’enfance. Les yeux sont alors fermés, le cadre plus propice au portrait, le sujet nous tourne le dos; et l’être hyper-sociable qui envahissait les premières photos se mue alors en fœtus, en nénuphar, en bulle de savon.
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