Libre penseuse, Stéphanie Wunderlich choisit de mettre son talent créatif au service de causes sociétales. Membre du collectif d’artistes féminines Spring, elle s’intéresse plus particulièrement à la condition de la femme au sein de notre société dans laquelle règnent encore trop souvent des schémas patriarcaux désuets.
« Je suis féministe. Même si les femmes bénéficient de droits égaux à ceux des hommes aux yeux de la loi, la société peine à évoluer et la femme en fait les frais. » explique Stéphanie.


Spring, un terrain de jeu créatif
Spring a été fondé par un groupe de femmes artistes à Hambourg en 2004. L’idée de fonder un collectif exclusivement féminin est née de la frustration de voir le monde de l’illustration largement dominé par la gent masculine.
Chaque année, le collectif publie un magazine anthologique sur un thème précis. L’objectif est de présenter un univers visuel et narratif à la fois riche et varié.
« Avec Spring, nous avons mis en place un espace créatif dans lequel nous nous sentons libres. » confie Stéphanie.
Pour l‘édition 13 du magazine, intitulé « The elephant in the room », le collectif est parti à la rencontre de femmes Indiennes afin d’explorer leur culture et d’étudier l’influence de la société sur les comportements adoptés par les femmes. À la lecture de ce numéro, beaucoup de lectrices se sont interrogées sur leurs propres conditionnements et sur leurs places dans la société. Suite à ce succès, les membres du collectif prêtent plus volontiers leurs voix à des sujets politiques et sociétaux.
Le prochain numéro sera dédié au thème du sexe. L’illustratrice a décidé de s’attaquer aux stéréotypes liés au sexe et relayés par la pornographie.



Une technique de création singulière
Pour créer ses illustrations, Stéphanie conjugue technique du collage et méthode digitale. Ce procédé donne naissance à un univers captivant et homogène.
« Durant les premières années de ma carrière, je pratiquais uniquement le collage. Puis j’ai commencé à créer des illustrations digitales. Cette méthode me plaisait, mais le résultat semblait trop mécanique, dépourvu d’âme. Alors j’ai décidé d’allier le collage à l’illustration digitale. Le collage m’oblige à avoir une approche abstraite, à revenir à l’essentiel, tandis que le digital m’offre un contrôle total et me permet de travailler les détails.» explique Stephanie.
Au fil du temps, l’illustratrice a développé un style coloré enrichi de notes surréalistes. Les corps de ses personnages prennent des proportions étranges leur conférant un charme à la fois mystérieux et poétique. L’artiste puise son inspiration dans les émotions, l’imagination, et le subconscient.



Un parcours sinueux plein de courage
L’artiste au passé de graphiste, est aujourd’hui illustratrice freelance, professeur à l’Université d’Hambourg et membre du collectif Spring.
«Après deux ans passés au sein d’agences de publicité à Vienne et à New-York, j’ai compris que cet univers n’était pas fait pour moi. J’ai toujours eu envie de devenir illustratrice en freelance, mais je n’ai pas eu le courage de me lancer juste après mes études.» confie-t-elle.
Déterminée, Stephanie Wunderlich décide de plier bagages et de partir pour Hambourg. Un choix stratégique, car Hambourg concentre un grand nombre d’éditeurs Allemands. Stephanie savait déjà qu’elle voulait travailler pour des magazines.
« J’aime créer des illustrations pour des magazines parce que ca me permet d’explorer des sujets variés et intéressants. Ca me donne aussi une grande liberté de création. » dit-elle.
Lorsqu’elle annonce à son père qu’elle se lance en freelance, elle se heurte à son incompréhension la plus totale. Stéphanie a d’ailleurs consacré une illustration à ce sujet pour l’édition 2018 de Spring. Elle l’a intitulé « Daughters ».
« Mon père est Juge, et même si ma situation est stable depuis des années, il continue de me dire « je ne comprends toujours pas pourquoi tu as démissionné de ton travail pour devenir illustratrice en freelance ». » révèle l’artiste.

Malgré quelques détours et l’inquiétude de son entourage, l’artiste a su trouver sa voie.
« Parfois je me dis que si j’avais été plus courageuse et confiante, j’aurais pu gagner du temps. Mais je suis convaincue que toutes mes expériences ont servi à faire de moi ce que je suis aujourd’hui. » déclare-t-elle.


