Qu’est-ce qu’une photographie de mode réussie ? Le parfait alliage d’une marque et d’une œuvre d’art. Il ne s’agit alors plus d’une réclame mais d’une histoire, un mode de vie désirable, magnétique. Sonia Sieff connaît le job : à seize ans, on lui offre un appareil photo. Elle ne le lâchera plus et le placera, avec brio, au devant des visages les plus célèbres, mais pas seulement.
Il y a un effet d’anonymat feutré dans ses images, plaçant les silhouettes les plus célèbres au cœur de notre monde, loin des évidences redondantes de papier glacé.
Ses clichés sont des instantanés d’ambiances romanesques parfaitement contemporaines desquelles des muses solaires se détachent, beautés inaltérables tirant un pied de nez magistral au temps qui passe.
Ici, aucun étirement irréel, aucune standardisation. La pose est confortable tandis que l’objectif est à hauteur d’âme : comment ne pas distinguer, alors, tout ce que les modèles offrent volontiers à Sonia Sieff, tout ce qu’ils lui avouent, fiers, brillants, prenant entièrement possession de leurs environnements.
Il y a de l’humilité dans ses images, qui illuminent, avec pudeur, les contours d’égéries adulées et tellement humaines.
Particulièrement notable avec ses films de mode au service de marques prestigieuses (Baccarat, Bvlgari, Nina Ricci…) ou d’artistes indés (Dj Cam), la photographe et réalisatrice parvient à établir une communication silencieuse, qui porte nos regards bien au-delà de l’objet, du projet pour intégrer la recherche d’une incandescente vérité.
Surtout, ce qui émeut, qui bouleverse, c’est cette proximité étonnante du spectateur avec l’image, comblant, d’un battement de cils seul, nos soifs insatiables de beautés à jamais domptées.