Un mélange de célébrités, de contributions artistiques, de provocation, de nudité et d’introspection photographique; c’est ce qu’offre l’exposition de Robert Mapplethorpe au Tate Modern, une des rares rétrospectives d’un des photographes homosexuels les plus controversés, sulfureux et admirés du siècle dernier.

C’est avec un noir et blanc aux contrastes dramatiques qu’il capture les personnalités avant-gardistes du New York des années 1970-1980. Des clichés énigmatiques qui révèlent les facettes vulnérables et charnelles des artistes et grands noms du show-business. Ce qui ressort principalement des images de Mapplethorpe, c’est sa façon de transgresser les idées reçues sur les rôles respectifs de l’homme et de la femme dans la société et de jouer avec l’image du corps humain. C’est sa manière de dire en photo « nous sommes nés différents mais nous sommes maîtres de notre apparence et de notre sexualité ».

La dernière salle de l’exposition est exclusivement dédiée aux autoportraits de Mapplethorpe. C’est là que l’on découvre les personnalités divergentes du photographe américain qui mourra du sida en 1989. Il pose en face de son propre appareil avec des expressions et positions aussi provocantes qu’apaisées, donnant une allure presque contradictoire à ses clichés. Il alterne la vanité et l’humilité, la sexualité et la retenue et finalement, la maladie et la jouissance de vivre. Ce qui fascine dans cette collection, c’est sa manière de dresser une autobiographie photographique à travers de nombreuses mascarades, faisant ressortir son côté fragile parfois, mais aussi mauvais garçon et sadomasochiste sur d’autres photos, illustrant la dualité de sa personnalité.

La visite se termine sur l’autoportrait ultime de Mapplethorpe, un épilogue à l’exposition, mais aussi à la courte carrière de l’artiste. Au bout d’une canne à tête de mort, on aperçoit le visage légèrement flouté du photographe avec une expression forte et sereine. Une photographie macabre, presque dérangeante mais aussi très forte. « Oui, je suis en train de mourir » nous raconte le regard du photographe « mais je ne regrette rien ». Un an plus tard, Mapplethorpe s’éteint, laissant derrière lui des centaines de photographies qui ont dérangé, inspiré, étonné et choqué au fil des années.
Au-delà de l’influence érotique qui a engendré le succès des œuvres de Mapplethorpe, l’exposition présente une facette plus personnelle d’un des plus grands maîtres de la photographie artistique, un hommage à un artiste en quête perpétuelle de perfection dans un New York au parfum de transgression.
www.mapplethorpe.org