LE REPORTAGE PATCHWORK ET ILLUSTRÉ DU PITCHFORK FESTIVAL

Image d'avatar de Alice ColasAlice Colas - Le 5 novembre 2014

Pitchfork Line Up

La nuit s’est précipitée sur les abattoirs.
Le Pitchfork Festival embrassait des objectifs ambitieux et excitants toujours. De béton, d’acier et de verre, la Grande Halle de la Villette a brassé 25,000 personnes dans ses volumes en hébergeant les grosses têtes de la musique indé & les plus notables sorties d’album de l’année 2014.   Caribou évidemment, Future Island, MO, Jamie XX, Movement, Mogwai : des artistes qu’on peut vous rabâcher lourdement tous les jours mais qu’il faut rendre compte, immergés dans un live, qui plaît, qui ne plaît pas, chiant comme la mort ou somptueux comme la pleine lune.
Beware Magazine a lâché tous ses monstres dans le bassin des deux scènes, ils décryptent chacun leur tour le souvenir de leurs trois jours. Et des fois, ils y laissent leur latin, ils perdent les mots, c’est confus puis ils partent dans tous les sens, décollent trop loin sur leur fusée, on ne les voit plus. Alors ça dessine.

Julien Jungle s'aventure au Pitchfork Festivalkwamie liv

Victoria : « L’Angleterre va mal »

« Jeudi, les plus ponctuels ont pu admirer la dégaine de OUGHT, dont la gestuelle et les chemisettes donnaient un je ne sais quoi à la Ian Curtis, la crise d’épilepsie en moins ! MOGWAI c’est le félin tapi dans l’ombre, ondulant sous le feuillage, qui, bondissant soudainement, devient une bête sauvage et indomptable dont nous sommes l’impuissant gibier ! Une anglaise bourrée, qui pour des raisons encore inconnues décida de se prendre d’affection pour ma personne et de se coller à moi comme un koala à son eucalyptus, a réussi à répondre à l’ultime question existentielle du Pitchfork; bordel mais que font tout ces Anglais si loin de Bricklane? L’anglaise me répondit en Drunglish (Drunk English), tout est une question de fric, c’est pour eux un des festivals les plus rentable d’Europe. Le voile est levé. »

Tune Yards Movement

Clément : « J’ai mis mon réveil pour l’after »

« Clairement dans mon top 3 des line-up les plus excitantes de l’année, l’after party RedBull Music Academy du vendredi soir mettait un peu d’exotisme dans une programmation déjà vaste. Ultra excité à l’idée de danser devant Fatima al Qadiri et me laisser me faire fracasser par Sophie. Dans des conditions club, tout ça prend une sacré ampleur, surtout pour ces artistes qu’on a très peu l’occasion de voir à Paris. En quelques mots, FATIMA AL QADIRI qui nous lâchaient des sourires narquois à chaque nouvelle track, un Lunice plus chaud que toute la salle réunie, Tourist vraiment en mode touriste (désolé) et Sophie qui clôture dans la violence innocente de la bubble gum bass, et ce Hey QT pour nous faire comprendre que ce soir on était bien en 2020.

Pour le festival en lui même ? Des demi token au fond des poches, cette bouteille que tu as gardé à la main toute la soirée faute de bouchon, tes pieds qui se prennent dans un sac à dos laissé au sol, tout ça on le sait déjà. Avec le stand Smart dès l’entrée du festival, on vous fait comprendre qu’au Pitchfork, tu es une cible marketing de choix. C’était mieux avant ? Peut-être. Le festival est maintenant à un autre niveau, plus accessible, même après 3 ans d’existence. On le ressent dans la programmation du samedi soir (adieux le rap ou la trap) et même dans le set de KAYTRANADA, qui nous a seulement lâché une track de Young Thug pour satisfaire les plus « stoners »… »

Floryne : « Aujourd’hui  je suis encore aphone »

« OUGHT : Rarement on aura vu un groupe de jeunes premiers électriser avec autant de verve la foule d’un festival. C’est qu’il n’est jamais aisé d’ouvrir les réjouissances, en particulier pour un évènement aussi pointu que le Pitchfork. Et malgré un public qui n’avait pas encore entamé sa pinte réglementaire, les punk-pop de Montréal ont imposé leur dinguerie mélancolique. On a clairement assisté aux débuts cinglants de jeunes surdoués, dans un paysage musical où l’on se prend décidément trop au sérieux.

Puis changement de scène pour How To Dress Well, derrière moi j’entends un minot déclarer « oh, non, pas ce groupe, p’tain ! ». Tu n’as rien compris, mon bonhomme. Déjà, HTDW, c’est un artiste au charisme fou, Tom Krell. Dans son T-shirt blanc surtaillé, il a exigé qu’on éteigne les spots, qu’on laisse la tension méditative de sa voix gagner nos tympans, et qu’on permette aux images projetées en arrière-plan de manipuler nos imaginaires… Mélodiste surdoué, ses deux micros permettaient de décupler toutes les nuances de sa palette vocale ultra-terrestre. Le public s’est offert l’audace d’une transe. Du coup, beaucoup de cris, de sueur, de bras qui s’enserrent. Juste le son, vingt fois trop fort (des bouchons gratuits, pour la prochaine, merci !). »

Dompter le fauve Mogwai Pitchfork Festival Bar

Alice : « Moi aussi, j’ai crée ma propre entreprise »

« (parce que j’ai une quinzaine de  gobelets à vendre, t.bon état.) KWAMIE LIV c’était mignon, ça marche comme un Lana Del Rey sur des basses, je ne suis pas assez monsieur pour baver, ni assez fille pour faire du playback, je dois certainement être un transgenre russe que le folklo r’n’b n’a jamais touché dans sa toundra.
Mais finalement, le rose aux joues aux premières secondes de MOVEMENT : un live sensible, profond, la reprise de « I don’t wanna know » de Mario & P. Diddy s’est révélée être aussi sexy que Like Lust. TUNE YARDS, à 5 sur scène on peut évidemment espérer beaucoup et les attentes sont honorées d’un rock platine, solaire et plein de fougue. JUNGLE, un concert de 10 fois la même chanson de 5 minutes ? Enfin, je boude définitivement Jamie XX, déjà vu au Yoyo au mois de juillet, qui a toujours donné le strict minimum pour ravir les plus ivres d’entre nous, forcément bienheureux d’entendre un très bon album.
Et je rejoins la plupart de mes collègues sur CARIBOU qui a été certainement le plus cool des lives qui m’a été donné à voir : la foule et l’espace se sont prêtés à des morceaux explosifs, entêtants qui ne te laissent pas sur ta faim puisque tu t’attendais pas à autant générosité, d’un plaisir sincère & communicatif. Le groupe ne s’est pas endormi sur ses acquis. Niveau ambiance, on est pas en terre conquise de teuf hardcore et de toute façon ça n’est plus tellement le dessein du Pitchfork, qui propose vraiment le weekend comme une succession de concert, de bons concerts je corrige et ce, excellemment bien reliés entre eux..»

CHVRCHES - Découverte d'un dialecteFoule

Quentin : « J’ai un aveu »

« Après un JOSÉ GONZALES qui aurait été mieux calé un dimanche matin de festival, JUNGLE réveille et ça fait du bien.
Des groupes que j’ai découverts en live et d’autres que j’ai découverts tout court. J’ai aussi appris que CHVRCHES se prononce CHURCHES. C’est pas grand chose mais ça fait des mois que ça me torture. En même temps, le V pour la recherche google, c’est plus simple pour les trouver. FOUR TET c’est bien plus violent que je pensais. J’ai vibré tout simplement. Par contre j’ai moins sauté pour ce JAMIE XX adoré ; Hélas. Il sort les vinyles, ça fait plaisir, les tracks sont cools, mais je suis resté sur ma faim. Pas un petit pad, pas un petit live ? Dommage fromage. »

étude de l'autochtone Pacman au Playground

Ninon : “Sportswear”

« Dès les premières notes de « Coming Down » la voix envoutante et sensuelle de l’artiste Dano-zambienne, KWAMIE LIV nous traverse.
Elle nous livre avec sobriété et intensité son premier EP intitulé « Lost In The Girl » que nous recevons comme charmés par ces mélodies langoureuses et entrainantes.
Les interruptions presque inexistantes nous donnaient l’occasion de mesurer notre forme physique entre les deux scènes de la Grande Halle de la Villette. L’enchainement des artistes Caribou, Four Tet ainsi que Jamie XX résonnait en nous comme une question de survie. Bien entendu, des obstacles nous compliquaient la tâche tels que des danseurs égarés et solitaires qui remuaient malgré la fin du concert ainsi que canettes abandonnées. Souplesse, dextérité et détermination furent nécessaires pour atteindre notre but qui n’était autre que le plaisir simple de nos oreilles. »

Caribou at Pitchfork Music FestivalJamie xx at Pitchfork

Antoine : «  Le bluff de St Vincent »

« On ne va pas se mentir, j’ai préféré la programmation du samedi soir à celle de vendredi soir, c’est une simple question de goûts. Même si je dois dire que j’ai été agréablement bluffé par ST. VINCENT menée par Annie Clarck qui mettait simplement le feu dans la Grande Halle. La programmation du samedi était bien plus électrique et j’adore ça. Dès mon arrivée, j’ai récupéré bières et team beware pour attaquer le live de Caribou. Bordel, c’était magique. Tellement bon que j’ai préféré rester avec la foule tandis que le reste de l’équipe a préféré s’installer sur les balançoires du playground. S’en est suivi d’un véritable parcours du combattant pour récupérer des amis Anglais situés devant à gauche au niveau du 2nd poteau… il m’aura fallu un concert entier pour avancer de 20 mètres. »

En gros, il faut pas s’étonner que le Pitchfork ne soit pas donné (excepté pour nos voisins Anglais) puisqu’il sélectionne des groupes « premiers de la classe » en terme de musique « indé ». Mais aujourd’hui on ne peut plus seulement s’en remettre à la programmation musicale du festival pour évaluer sa qualité : l’espace, l’organisation, les dérivatifs, et on est forcés d’admettre que le Pitchfork a fait assez fort et que tout se prêtait à la marrade. Donc si tu as payé ton ticket pour voir des concerts, faire une partie de twister géant, de la balançoire et du bowling, t’as tout gagné.

Mais je pensais que l’intérêt d’un festival se trouvait seulement dans la découverte, en suivant ta pote devant la scène d’un groupe que tu n’aimes pas forcément .

Et finir par changer d’avis.

Ballons - Caribou I Can't Without You

 

Crédits illustration : Victoria Roussel, photos : Alice Colas

Texte : Ninon Hitta, Quentin Dubois, Clément Blasco-Salva, Antoine Schutz, Floryne Camara, Victoria Roussel, Alice Colas

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Alice Colas
Article écrit par :
Après avoir obtenu une licence en arts appliqués et un master en création-conception en communication visuelle, Alice Colas a travaillé en tant que directrice artistique dans les domaines des médias et de la culture. Par la suite, elle est devenue indépendante en tant que free-lance chez BETC. Sa passion réside dans la composition d'images et la création d'identités visuelles. En tant qu'illustratrice, elle aspire à mettre en avant sa créativité et sa technique pour donner vie à vos projets d'identité, de packaging et d'impression. Son objectif est de créer du sens et de l'esthétique en se basant sur l'essence de votre marque. Dotée d'une approche rigoureuse, précise et ponctuelle, elle s'efforcera toujours de répondre au mieux à vos attentes dans les délais les plus adaptés.

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