Rencontre avec Fixpen Sill

Rencontre avec Fixpen Sill, porte-étendard du rap hexagonal.

Image d'avatar de François GrazFrançois Graz - Le 18 décembre 2019

Dix ans, deux albums, trois EP, ça c’est pour l’aspect quantitatif. Punchlines aiguisées, textes maitrisés, prod’ raffinées, force est de constater que l’aisance de Fixpen Sill au sein du très concurrentiel rap français est toujours intacte au fil des années. Avec FLAG, leur dernier projet en date, Vidji et Keroué oscillent entre pur kickage et compositions planantes, confirmant au passage leur faculté à gérer les deux registres. C’est à Genève que Beware! s’est posé avec le duo le temps d’une conversation, juste avant leur show en première partie de Lomepal. Morceaux choisis.

Fixpen Sill interview

Beware! : Salut les gars, après une pause de deux ans vous êtes de retour avec FLAG, votre second album studio, pouvez-vous nous raconter sa conception ?

Vidji : Suite à l’EP A4637 on a commencé à bosser sur notre nouveau projet, pour au final ne garder que très peu de choses des sessions studio. C’est à l’issue de la première année d’élaboration de l’album qu’une ligne directrice s’est dégagée, avec une certaine prise de risque tout en ne se privant pas de ce qu’on avait envie de faire musicalement parlant.

Keroué : On voulait vraiment marquer le coup en sortant un skeud davantage construit que par le passé. Par exemple pour Edelweiss, nous n’étions pas dans les mêmes conditions de travail, le processus de création était plus lent car on bossait par périodes. Ceci dit notre organisation n’a pas changée, dans le sens où Vidji peaufine la structure du projet et j’interviens pour donner mon avis histoire qu’on soit en symbiose. Avec FLAG j’ai quand même l’impression d’avoir sorti quelque chose de bien plus taffé et cohérent.

Vidji : Pour synthétiser tout ça je dirais qu’avec ce second album on a continué de faire ce qu’il nous plait en matière de rap, tout en expérimentant de nouveaux genres et sonorités.

B! : L’identité visuelle de l’album est très soignée, vous avez fait appel à Rægular pour son design.

K : Avec Vidji on s’est longtemps demandé quel artiste pourrait réaliser le visuel de la pochette, on voulait à tout prix éviter de faire un shooting classique. Rægular on le connaissait surtout via des soirées de potes, donc on a fini par l’approcher et lui proposer notre projet. Quelques rendez-vous plus tard il nous a soumis l’idée du design des fanions maritimes, qu’on a validé. On a un peu stressé car il nous a envoyé la pochette finale vraiment à la der’ (rires) !

V : De manière générale on est très pointilleux concernant l’identité visuelle de nos projets et selon nous il restait quelques petites modifications à faire. Le dernier jour Rægular dégaine la pochette et met tout le monde d’accord, on est vraiment contents d’avoir fait appel à lui.

K : C’est quelqu’un avec qui on retravaillera, d’autant plus qu’on a eu énormément de bons retours concernant l’impact visuel de FLAG.

B! : Depuis vos débuts on vous attribue souvent une étiquette de groupe sous-coté, c’est quelque chose que vous trouvez justifié ?

V : Il est vrai qu’on reçoit beaucoup d’annotations en rapport avec ça, maintenant je préfère être considéré comme un artiste sous-coté que surcoté. Au fond je ne sais pas trop quoi en penser, tant mieux au final, ça veut dire que notre travail est qualitatif. On est dans une logique d’expansion.

K : Ouais exact, avec FLAG on est clairement dans une phase d’expansion et pas sur le déclin tu vois ? Donc je pense que le fait d’être sous-coté depuis le début nous aide à durer sur le long terme.

V : Pour ce second album, on aurait pu se reposer sur nos atouts et ne pas vouloir proposer quelque chose de plus abouti qu’auparavant, mais ça aurait été une manœuvre grotesque de notre part. Au lieu de ça on a doublement charbonné pour être encore plus forts et continuer de plus belle sur notre lancée.

B! : Comme à l’accoutumée, quasi tout l’album est produit par Vidji à l’exception de deux titres dont le banger Attila, œuvre du beatmaker Ravaillac.

K : En fait Attila c’est le tout premier morceau qu’on a terminé pour FLAG. La connexion s’est faite en mode ricochet. Yassine le backeur de Lomepal connait un gars qui s’appelle Moncef, qui connait Ravaillac et de fil en aiguille j’ai été mis en contact avec lui. Il m’a fait écouter ses prod’ et on en a retenu une en particulier avec Vidji, et c’est comme ça qu’Attila a vu le jour.

B! : Les lyrics du titre Vos soirées s’inspirent-ils de faits réels? A contrario, quelle est votre soirée parfaite ?

V : On a vraiment puisé notre inspi dans nos diverses expériences nocturnes. Parfois il suffit de mettre les pieds dans une seule soirée pour que tu te dises que c’est vraiment pas ton délire et ça te marque à jamais (rires).

K : Bon, les textes sont forcément un peu exagérés pour coller au mood du morceau. Tu sais, je suis le premier à aller acheter une teille à l’épicerie et débarquer comme un horrible personnage en soirée ! Pour répondre à ta seconde question, la soirée parfaite pour moi c’est un bail en extérieur déjà, vadrouiller avec de l’alcool dans mon ancien lycée par exemple, où finir dans des endroits complètement improbables.

V : Ouais je te rejoins là-dessus, j’aime bien les expéditions du style tu sais pas comment tu commences et tu sais pas non plus où tu fini. J’appelle ça les soirées fractionnées.

B! : On retrouve deux featuring sur l’album, Lomepal ainsi que Népal, comment la connexion s’est-elle faite avec ce dernier ?

V : On se connait depuis longtemps avec Népal et j’ai eu la chance de taffer sur ses divers projets. Il nous a également invité en featuring sur le morceau Overdab issu de l’EP 444 Nuits. De ce fait, il passait souvent à l’appart pour faire du son et c’était une évidence de l’avoir sur FLAG tant on se respectait mutuellement niveau musique. C’est comme pour la présence d’Antoine, on voulait créer un vrai titre et pas seulement considérer ça comme un feat tape à l’œil. On a donc fusionné notre univers à celui de Népal sur Touareg. Côté instru, j’ai trouvé intéressant de mettre l’accent sur les notes de guitare style Nirvana, pour créer une véritable ambiance.

Rencontre avec Fixpen Sill, porte-étendard du rap hexagonal. 1

B! : Votre son du moment ?

V : Kelly’s Korner de Westside Gunn et Fat Joe, elle tourne en boucle dans le tourbus celle-ci !

K : Quant à moi, mon coup de cœur du moment c’est Interlude de SCH.

B! : Un film à mater cet hiver ?

K : Je vais te conseiller The Irishman de Scorsese même si je l’ai pas encore vu, tellement je suis sûr qu’il est bien ! (rires). 

V : J’ai récemment vu Parasite de Joon-ho Bong, incroyable ce film.

B! : Je vous laisse le mot, la phrase, ou le monologue de fin.

K : FLAG partout !

V : La tournée arrive prochainement soyez prêts !

Pour suivre Fixpen Sill, c’est par ici et par  que ça se passe.

FLAG Release, le 9 Avril 2020 à la Maroquinerie.

Crédit photo : ©Arocksmith

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François Graz
Article écrit par :
Oiseau de nuit accessoirement journaliste free-lance.

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