Pierre-Paul Pariseau ne cesse de se démarquer depuis plus de vingt ans. Son univers graphique ultra saturé nous rappelle étrangement les années pop art d’Andy Warhol mais cette fois-ci mêlées à la magie de Photoshop et au doux procédé du collage.
L’artiste montréalais autodidacte cumule les projets, les récompenses et les rencontres à l’échelle internationale. Ce grand amoureux des environnements surréalistes réalise autant d’expositions personnelles que de mandats d’illustration pour la presse.
Intrigués par l’atmosphère à la fois vintage et psychédélique qui se dégage de son travail, nous lui avons posé quelques questions afin de s’immerger un peu plus dans son processus créatif. Méthodique, mais libre, inspiré et passionné, il nous entraîne dans son univers chimérique empreint d’images paradoxales, hautes en couleurs, là où le sombre flirte harmonieusement avec le comique et l’absurde.
Comment fais-tu pour stimuler la création ?
Plusieurs peintres surréalistes tels Dali et Magritte ont été une grande source d’inspiration. Le surréalisme dans la peinture mais aussi en littérature, en poésie et au cinéma. Également, les pionniers du photomontage comme John Heartfield, Max Ernst ou encore Jacques Prévert. Rapidement, par contre, j’ai été inspiré par beaucoup de choses dans ma vie, dans mon entourage, à tel point qu’il est difficile de nommer quoi que ce soit en particulier. J’ai toujours sur moi un calepin de notes dans lequel j’écris principalement et dessine des idées pour mes images... J’y transcris aussi des extraits de livres en cours de lecture. Ces écrits nourrissent mon inspiration quelquefois.
Peux-tu détailler ton processus comme si nous étions avec toi dans ton atelier ?
Prenons l’exemple de la création d’une illustration pour un article de magazine. Au départ, je lis le texte plusieurs fois et je souligne les points importants qui me serviront d’aide-mémoire. Je laisse trotter dans ma tête pendant quelques temps le sujet abordé par l’auteur. Par la suite, je sélectionne des éléments photographiques conservés dans mon atelier et susceptibles de bien s’intégrer à la création de l’image J’en cherche aussi des nouveaux dans les magazines et les autres sources que j’ai à ma disposition. Je rassemble les pièces retenues sur ma table de travail.
« C’est d’avoir la bonne vibration, de comprendre l’engrenage possible des diverses parties de l’image, un peu comme un metteur en scène. »
Tout au long de mes découvertes, je garde à l’esprit que je peux trouver des éléments qui ne sont pas en lien direct avec le sujet traité dans l’article, mais qui peuvent éventuellement s’avérer complémentaires. Il arrive que le résultat final ne corresponde pas à l’image que j’avais d’abord en tête et c’est très bien. Mon idée se précise ou évolue au cours de mes recherches. Mes meilleures images ont souvent été celles créées sans un concept bien défini au début du processus. C’est d’avoir la bonne vibration, de comprendre l’engrenage possible des diverses parties de l’image, un peu comme un metteur en scène.
Une fois tous les morceaux rassemblés, je les numérise et leur applique un haut contraste noir et blanc dans Photoshop. Ils perdent ainsi leurs couleurs. Pour atteindre le contraste parfait, je dois, quelquefois, travailler les diverses parties de chaque élément séparément. Ensuite, je rends transparent chacun de ceux-ci et j’applique les couleurs sur une surface identique à la première mais en dessous de celle-ci. Cette surface colorée peut être légèrement déplacée afin de ne pas être exactement sous celle transparente. Lors de la coloration, j’utilise, à l’occasion, l’acrylique, l’aquarelle ou le crayon afin de donner un aspect “fait main” à une partie de l’image numérique. Je n’écarte pas l’utilisation d’autres fonctions de Photoshop.
Je compose ainsi l’image pièce par pièce. En cours de création, je peux ajouter ou retirer des morceaux afin que l’illustration reflète bien l’esprit de l’article. Une fois l’image complétée, je la mets de côté pendant quelque temps et j’y reviens avec un nouveau regard.
Quelles émotions souhaites-tu transmettre aux spectateurs de ton travail ?
Je souhaite que mes images intriguent, amusent, fassent sourire, interpellent, et surtout, incitent à lire l’article. Même chose pour mon travail personnel lorsque j’expose, à l’exception de l’article bien sûr !
Comment en es-tu venu à avoir des contrats avec de grandes et prestigieuses entreprises de presse ?
Il y a longtemps j’ai monté mon portfolio et j’ai frappé aux portes des directeurs artistiques de magazines afin de leur offrir mes services à titre d’illustrateur. J’ai immédiatement reçu un accueil très positif, ce fut le début de ma carrière. Je la poursuis encore aujourd’hui avec autant de plaisir et de passion.
Est-ce que tu préfères créer pour des mandats ou à des fins personnelles ?
Le travail effectué pour des clients s’avère aussi un défi intéressant car les contraintes du sujet, du format et du délai m’obligent parfois à aller dans des zones d’inconfort qui peuvent devenir, à la fin, très libératrices et révélatrices. Comme dans mon travail personnel, je découvre alors des facettes de mon imagination que je n’aurais peut-être pas explorées autrement. Il m’arrive de transposer ces découvertes dans mon travail personnel. Ces deux aspects de ma création peuvent donc se nourrir mutuellement.
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