Proximity est un projet artistique mis en place par Wona Bae et Charlie Lawler, les fondateurs du studio australien Loose Leaf. Le duo, toujours curieux d’explorer la relation entre l’Homme et la Nature et connu pour ses installations végétales immersives, a cette fois-ci décidé d’investir une église vieille de plus de 200 ans à Melbourne. Un lieu chargé d’histoire et de symbolisme qui vient renforcer le message porté par les artistes.
Une Nature puissante
L’ancienne église, aujourd’hui reconvertie en espace de travail pour les équipes du studio photographique Establishment, exhibe une architecture majestueuse typique du 19ème siècle. A l’intérieur, la sculpture végétale intitulée Proximity donne l’impression de surgir d’une colonne et d’avoir pour projet d’envahir le bâtiment. Son énergie vitale et incontrôlable perturbe la sérénité des lieux. Le vert puissant de la sculpture détonne avec la pureté des décors blancs de l’église. Les contours ciselés des feuilles viennent intensifier l’impression de mouvement et l’agressivité qui se dégage de l’oeuvre. La Nature semble être sur le point de reprendre possession des lieux.
La Nature ne s’empare pas de n’importe quel bâtiment. Elle s’invite dans la maison de Dieu. Et elle ne le fait pas avec humilité et respect, mais avec force et détermination. Souvent associée au calme et à la tranquillité, la Nature apparaît ici sous les traits de l’Homme. Elle est impatiente, indomptable et souveraine. Son irruption dans l’église désacralise les lieux. Le statut divin de la Nature prévaut sur celui de l’église.
Une rencontre entre deux mondes qui n’en forment plus qu’un
Proximity c’est une rencontre fougueuse entre l’Homme et la Nature. C’est un rappel à l’ordre affichant une Nature farouche face à l’Homme qui pense la dominer. Mais on voit bien que leur relation n’est pas seulement conflictuelle. De ce chaos règne une certaine harmonie. La végétation épouse les formes de l’édifice pour en magnifier les contours. Leurs beautés s’additionnent, et ils ne forment plus qu’un.
Alors que le changement climatique est sur toutes les lèvres, il est essentiel de reconsidérer la place de l’Homme dans le monde. En s’estimant au-dessus des lois de la Nature, l’Homme court à sa perte. L’oeuvre de Wona Bae et Charlie Lawler fait écho au lien indéfectible qui les relie.
Les artistes ont la volonté d’encourager les gens à respecter la Nature en leur donnant la possibilité d’interagir avec. Avec Proximity, ils ont planté une nouvelle graine qui ne demande qu’à germer.
1 commentaire
Deborah Bowman
J’ai beaucoup apprécié votre article très bien écrit sur l’installation Proximity du Studio Looseleaf, qui montre la puissance végétale.
Une petite critique : le terme ” l’Homme et la Nature ” n’est plus adapté pour parler de l’art, de l’Anthropocène, de l’écologie, de l’urgence climatique. Ce terme est actuellement considéré (avec raison) — patriarcal, sexiste, genré, binaire — dans un mot, out ! Au lieu de ” l’homme ” faussement universel, les mots à utiliser sont : les humains, l’être humain, l’humanité. A l’heure du nouveau féminisme et du LGBT, je suis étonnée de voir une femme bilangue comme vous ” à l’affut des dernières actualités ” qui manifestement n’a pas lu ni Greta Gaard ni Françoise d’Eaubonne.
Attention à vos sources et aux traductions : les duo d’artistes de Looseleaf Studio ne disent jamais ” Man and Nature “, mais par contre ” installations and sculptures that navigate the visceral and symbiotic connections between people and nature ” People and nature = les humains et la nature
Get it?
Encore une fois, bravo pour votre article très intéressant qui m’a fait découvrir l’oeuvre de ces artistes. Excusez-moi d’insister sur ces points, mais en tant qu’universitaire et éco artiste, je fais partie de ceux et de celles qui se battent pour provoquer des changements de paradigmes (et mentalités) et donc de langage, en anglais et surtout en français.
Cordialement,
Deborah Bowman
https://mica.u-bordeaux-montaigne.fr/bowman-deborah/