Réalisée par Serial Cut™ Studio à l’occasion du OFFF festival de Barcelone cette année la série “Demiurges” se compose de portraits bicolores dont les visages sont volontairement masqués.
Hommes ou femmes, on ne peut que supputer, bien que certaines postures et codes vestimentaires semblent bel et bien féminins. comme la photo-ci dessus ou bien la dernière de cette série qui sent la Vierge Marie à plein nez.
Mais l’intérêt, nous fait comprendre le studio, ne tiens pas dans l’apparence de l’individu – il n’est qu’un voile immatériel et impalpable qui semble se fondre dans le ciel derrière lui – mais dans sa volonté de modifier et d’user la matière. Historiquement les demiurges étaient des travailleurs indépendant de la Grèce Antique. Des artisans, des hommes habiles. Ils sont ceux qui transmutent le fer en acier, le sable en verre. Ceux qui aspirent à donner à la matière une seconde forme. Et n’est-ce pas offenser les Dieux que d’abattre leur arbre, le trancher, le découper et faire avec le bois des planches de menuiserie ?
Le Démiurge accomplit ce que les déités n’ont su faire, en somme. La mythologies en à fait des entités créatrice émanant des dieux, mais des entités coupable de trahison : « il est la cause du mal par sa création désastreuse qui mêla la matière à l’étincelle divine ». Comprenez par là, qu’ils ont joué avec les jouets des Dieux.
Entre temps le catholicisme a brandi son oriflamme et déclaré à qui veux que l’homme doit s’épanouir dans l’être, et non pas dans le faire. Ces sinistres paroles condamnait à mort la créativité !
Ces photos, mettant en scène l’artisan suprême avec ses outils ou ses inventions, sont un rappel salutaire à la condition de l’artiste. Le fruit de leurs labeurs est ici en jaune et exhibé avec fierté par leurs créateurs anonymes. Les Démiurges portent dans leurs bras ce que la nature n’a pas su créer d’elle même. Ils n’ont nulle identité si ce n’est celle de leurs créations. Faire de leurs vies une œuvre ne les intéresse pas. Inlassablement, ils façonnent, puis une fois l’objet fini, s’effacent. Comme l’écrivain dernière son livre, le peintre derrière son tableau, le musicien derrière sa musique.
A l’heure d’aujourd’hui, où les « artistes sans œuvre» pullulent, où ils préfèrent les soirée de gala aux nuits blanches de travail ; prions ensemble pour un retour des démiurges. Et épanouissons nous dans le faire pour défier les Dieux.