Le magazine National Geographic a élu ce jeudi 28 juin 2018 les grands gagnants du concours des meilleures photographies de voyage. Des prises de vue d’espaces urbains, d’instants de vie, de milieux naturels ont été retenues ; représentations d’évènements quotidiens, de la contemporanéité de notre époque, ou encore des beautés de la nature qui en échappent.
La victoire est décernée à Reiko Takahashi avec une photographie de la nageoire caudale d’un baleineau, prise lors d’une plongée sous-marine en tuba, capturée dans les eaux de l’île de Kumejima au large du Japon. Elle témoigne d’un instant de proximité extraordinaire avec l’animal, qualifiée par Reiko Takahashi d’ « aimable et curieuse » expérience. Une opportunité spectaculaire dont la saisie nous permet de profiter.
Mention honorable cette fois-ci attribuée à Gary Cummins avec une image aérienne d’un quartier de Hong-Kong. Cet angle révèle la surpopulation de la métropole chinoise : en marge de la photographie, les gratte-ciel enserrent plusieurs terrains de tennis et de basket. Or, paradoxalement, les espaces semblent vacants, et Gary Cummins exprime le contraste frappant entre plein et vide perçut à Hong-Kong ; vertige suggéré par l’image grâce à la perspective employée (convergence vers l’absence) manifeste d’un malaise. Une solitude apparente similaire à l’expérience du photographe qui se décrit tel un « voyageur solitaire, je suis souvent ‘seul dans la foule’, et cette photo est le reflet de ma propre expérience ».
Pour sa part, Tati Itat capture des moments de vie des réfugiés haïtiens dans sa ville Estrela, au Brésil, envers lesquels elle s’est liée d’amitié. Elle rapporte les songes des adolescents, espérant devenir des modèles et pouvoir subvenir aux besoins financiers de leur famille restée dans leur pays d’origine ; le Brésil étant pour eux analogue d’une terre édénique. Ici, Tati Itat fixe un instant de complicité entre des jumelles Leida et Laelle, s’imaginant être actrices et posant comme telles.
Marco Grassi, lui, photographie les tours de sables des Pyramides de la terre de Platten résultat des forts changements climatiques de la région Tyrol d’Italie du Nord (tempêtes, grandes sécheresses). Ailleurs inquiétant voire lieu chaotique, ces tours de sables surplombées par des pierres attestent des mystères de la nature.
Hiro Kurashina triomphe après avoir saisi un « autre jour pluvieux à Nagasaki », photographie d’un aspect commun de la ville. L’image montre la dissemblance entre les villes de Nagasaki et celles de Tokyo ou Osaka. Elle est prise depuis l’intérieur d’un tramway, duquel il est possible de voir une rue principale de la ville. Hiro Kurashina insiste sur la technisation de la quotidienneté (« a conductor is no longer on board – only the one driver »), soulignant le contraste ancien/moderne, précisant l’ancienneté du tramway en comparaison à la modernité de son équipement. Une apparente nostalgie que suggère le caractère morose de la photographie.
Pour Enrico Pescantini, c’est la photographie du lieu mystique Teotihuacan au Mexique (« lieu où les Dieux ont été créés ») qui le fait accéder au rang des grands gagnants. Cette image saisie depuis un drone interpelle par la géométrie du site. La singularité de l’image résulte du jeu d’ombres et de lumières suscité par le lever du soleil. Enrico Pescantini présente ainsi l’insolite aspect du lieu vu depuis le ciel.
Enfin, Hao J. est retenu pour sa prise depuis un hélicoptère du lac Natron duquel sont aperçues les traînées de sable dans l’eau laissées par la course de flamants roses. Elles créées des ondulations qui, depuis le ciel, laissent penser à de gigantesques plantes aquatiques. Cette photographie rappelle la capacité de la nature à tromper nos perceptions et la similitude des représentations que l’on retrouve à différentes échelles.
En somme, par leur photographie, les grands gagnants parviennent à nous faire découvrir des univers singuliers au travers de perspectives inexploitées. Leurs captures, appréhendées de manière atypique, nous transportent dans un espace autre.
1 commentaire
jean pierre pierre
super beau tu a la classe et l’œil Marjorie tu est faite pour cette voie artistiquement journalistique bises du vieux