QUE LA LUMIÈRE SOIT ! ET LA LUMIÈRE FUT.
« Toute grande œuvre d’art est le fruit d’une humilité profonde » écrivait Valery Larbaud dans Le Cœur de l’Angleterre. Cette citation s’est imposée à moi dès les premières minutes de mon entretien avec Ronald Martinez dans son atelier du 8ème arrondissement de Paris. Situé sous les fondations d’un hôtel particulier, c’est par une petite porte que l’on accède à un dédale de couloirs qui abritent plusieurs ateliers. Le sien est de taille modeste, chaque élément qui le compose est en rapport avec la photographie.
Photographe depuis plus de vingt ans, il a été formé au sein du Studio M à Montpellier et fait ses débuts en tant que photographe au Midi Libre. Par la suite, il ouvre son propre studio à Paris et travaille en collaboration avec des agences de mannequins, des comédiens, ainsi qu’avec le peintre Ghass Rouzkhosh.
En 2003, il réalise un reportage sur la ville de New-York et expose quinze de ses clichés en galerie à son retour à Paris. En 2010, il devient photographe de plateau sur « Americano » de Mathieu Demy et réalise les clichés de l’affiche du film. L’expérience peaufine l’apprentissage. Ce jeune photographe de 37 ans travaille sans relâche. A partir de 2011, il commence à travailler sur la technique du clair-obscur, tout en forgeant son regard dans les musées et les églises européennes. Il y puise son inspiration en observant les œuvres du Caravage, de Vermeer, Ingres, Michel Ange, ainsi que Cagnacci. Sa mémoire sensorielle exceptionnelle fera le reste.
LES NUS DIVINS.
« En art la lumière est la seule réalité » Robert Delaunay. A l’obscurantisme qui tourmente notre époque, Ronald Martinez oppose le ténébrisme. Les sujets qu’il choisit pour ses « Nus Divins » sont parfois bibliques, tantôt symboliques (Les vanités), tantôt profanes. Chaque image qu’il produit questionne l’Homme, interroge sa vulnérabilité, convoque le métaphysique. Ses idées, il les pioche dans ses rêves et les travaille avec ses modèles qu’il ne choisit pas au hasard. Son exigence est du niveau de son travail. Comme il l’explique lui-même, il peut rencontrer énormément de monde avant de trouver la personne correspondante.
Il a développé ses œuvres avec un grand maître du tirage, Choï qui a été le tireur de grands photographes à l’instar d’Helmut Newton, Nan Goldin, Tosani, Rheims ou encore de Sophie Calle. En effet, Ronald Martinez sait s’entourer. Soutenu par la galerie Maurizio Nobile à Bologne et à Paris, le photographe travaille aussi en collaboration avec Léa Bossa-Chaumette, sa chargée de développement.
L’EXPÉRIENCE DE LA SOLITUDE HUMAINE
On reconnait les grands maîtres de la peinture à la façon dont ils représentent les mains dans leurs oeuvres. L’importance de leurs positions dans les photographies de Ronald Martinez ne fait pas exception.
Aucune photo de ses trois séries ne porte de titre (baptisées simplement avec des numéros allant de 1 à 25) comme pour mieux laisser la place au spectateur de s’approprier l’œuvre, offrant à chaque tirage son universalité.
Naturellement, on reconnait assez aisément les grands thèmes abordés par l’histoire de l’art comme par exemple les vanités, Le Christ (N°10 et 11), La Pieta (N°9). Chaque image nous renvoie à notre propre solitude, renvoyant chacun d’entre eux à la solitude son existence. L’utilisation des fonds noirs renforce cette impression. Il découpe les corps alors plongés dans un vide abyssal. Les corps appartiennent à une autre époque à celle de l’âge d’or de l’art Italien, le quatroccento.
Les canons de beauté sont d’un autre temps. Ils n’appartiennent pas aux exigences des magazines de mode pour lesquels il a travaillé. Fidèle à la conception de la beauté de la Renaissance, ses œuvres interrogent le passé, pour mieux nous questionner sur notre époque. L’homme a-t-il véritablement évolué sur ces questions depuis cinq siècles, ou sommes-nous toujours aussi seuls et perdus dans le vide de l’existence. La transcendance est au cœur de son œuvre : celle de l’homme qui cherche à dépasser sa condition de mortel mais également la sienne propre, qui voit la pratique artistique comme une école du courage.
« L’homme arrive sur cette terre nu et repart nu. La nudité à travers mes œuvres est sans artifice. Je ne cache rien. »
R.Martinez.
C’est par l’intermédiaire du journaliste Bruno de Stabenrath que le célèbre trompettiste d’origine Libanaise, Ibrahim Maalouf, rencontre le travail de Ronald Martinez. Le Nu Divin N° 13 illustre la pochette de son dernier album « Kalthoum » sorti le 25 Septembre 2015.
Pour retrouver les œuvres de Ronald Martinez, vous pouvez vous rendre à la vente aux enchères qui se tiendra au 6 Avenue Hoche à Paris chez Cornette de Saint-Cyr le 17 décembre prochain à partir de 15h. Vous pourrez y retrouver le magnifique catalogue qui est également disponible à la MEP à Paris ou encore au Metropolitan Museum de New York. A n’en pas douter la carrière de Ronald Martinez est lancée, son avenir s’annonce d’ores et déjà radieux.