Melsa Montagne fabrique à coup de pinceaux des visages perturbants et saisissants. Cette artiste visuelle montréalaise a récemment remporté le grand prix du festival Mtl en Art et inscrit souvent, pour notre plus grand bonheur, ses oeuvres dans l’espace urbain.
Montréalaises, Montréalais, vous avez probablement déjà croisé l’univers de cette artiste sans même vous en rendre compte. En attendant le bus, au détour d’une rue, dans un parc ou dans le métro – de manière complètement banale. Ces visages pâles et expressifs illustrent pendant un an la campagne publicitaire de l’organisation Dans La Rue, qui souhaite sortir les jeunes de la rue et sensibiliser le public à leurs conditions de vie.
Les peintures instinctives de Melsa Montagne nous provoquent un étrange sentiment de malaise, et viennent appuyer la cause des jeunes itinérants d’un ton juste. « Mes personnages, accompagnés du slogan ‘La rue, ça laisse des traces’, représentent bien le message que l’organisme souhaite faire passer », indique-t-elle.
Sa dernière série nommée ‘Les méandres de la complexité du genre humain’ présente des corps biscornus – lorsqu’ils ne sont pas totalement inexistants – rattachés à des visages que l’on ne peut s’empêcher d’examiner de manière déconcertante, et avec un léger pincement au cœur.
Leurs identités demeurent troubles, et c’est l’effet escompté. À nous d’apercevoir qui ils sont vraiment. Derrière ces visages qui ressembleraient presque à des masques tant ils sont énigmatiques, Melsa Montagne pose, l’air de rien, un véritable questionnement quant à ce qui fait de chaque humain un être singulier.
Bel et bien envoutée par l’esthétique des visages, l’artiste a également réalisé une série intitulée ‘Portraits allusifs’ où elle invite cette fois-ci notre imagination à inventer l’aspect des individus cachés derrière de grandes tâches noires. « Ces visages en mouvement troublent notre jugement, confie-t-elle. Ils sont le moteur de sentiments intenses dessinant en nous des vraies émotions sourdes. »
Finalement, pas besoin de décor étoffé pour ressentir, l’artiste montréalaise nous bouleverse en noir et blanc, et rapidement. À la fois ancrés dans la réalité et complètement fantasmagoriques, voir frôlant même la psychanalyse ; ses œuvres ne peuvent pas nous laisser indifférents, elles ont une âme, un petit quelque chose d’irrésistible.
Melsa Montagne multiplie les expositions depuis 2003 et se démarque en participant à divers projets. Le festival Mtl en Arts qualifie d’ailleurs sa démarche artistique de « mature et en perpétuel mouvement ». Elle utilise la peinture acrylique, le pastel, l’encre et le collage, réalise des tableaux, mais créé aussi des murales et des œuvres extérieures. Et faute serait de croire qu’elle se contente des dessiner des visages en nuances de gris, l’artiste décline son univers en couleurs et sur tous les supports, asphalte y compris.
En collaboration avec Nicolas Des Ormeaux, les deux artistes ont offert une seconde vie à un vieux peuplier du parc La Fontaine, le rebaptisant Le Proliférateur, et faisant de cet arbre un lance-pierre de 15 mètres de haut. Enfin, pour pour ne citer que ces initiatives là, Melsa Montagne a également su embellir un piano public de la grande terrasse rouge rue Saint-Denis et redécorer des poteaux de la Plaza Saint-Hubert.
Malgré la diversité de ses accomplissements, on reconnaît aisément sa signature, cette confrontation entre une tension introspective et un désordre harmonieux.
Pour suivre le travail de Melsa Montagne : Site web : melsamontagna.jimdo.com – facebook
1 commentaire
thauvette
je suis sur le cul ou plutôt je suis léger comme l’audace de l’acte créateur.
samedi 10 février je viens de découvrir le grand talent de cette artiste Melsa Montagne.
Maison de la Culture du Plateau, c’est chez moi, je vais y revenir.
Merci xx