En ce début d’automne, un peu de noir et blanc pour se mêler à la mélancolie collective ne fait jamais de mal, surtout s’il on se réfère à une célèbre étude allemande de 2014, nous expliquant qu’écouter de la musique triste fait du bien. Peut-être l’observation conduit-elle aux mêmes effets ? Toujours est-il qu’il y a deux ans, le jeune photographe américain Edward Honaker a été diagnostiqué dépressif.
Auparavant photographe principalement intéressé par la mode, il va opérer un changement radical dans sa pratique. En effet, pour combattre sa maladie, il va se livrer corps et âme dans une série de clichés introspectifs, à travers lesquels il tente de dessiner les contours des émotions qui l’habitent désormais.
Avec le médium photographique, il tente de nous communiquer son expérience de la dépression, son anxiété et sa mélancolie, se révélant à lui-même des pistes pour comprendre ce qui lui arrive. Avec ses visions artistiques, il cherche également une catharsis pour purger les démons qui hantent son esprit et transforment sa vie en inconfort permanent. “Tout ce que je savais, c’est que je suis devenu mauvais là où j’étais bon sans comprendre pourquoi”, raconte-t-il au Huffington Post.
“Votre esprit est ce que vous êtes, quand il ne fonctionne pas correctement, c’est effrayant.”
Rassurez-vous car depuis, il va mieux, se sculpte un corps de rêve avec l’aide de la musculation et de quelques seaux de protéines en poudre, nous le montrant régulièrement sur Instagram. Il ne produit malheureusement plus de photographies aussi inspirées, lui regrettant presque sa mélancolie. Quel plaisir esthétique peut-on tirer de la contemplation du mal, qu’il soit physique ou moral ? Même si cette idée heurte le sens commun, les catégories du beau et du bien ne se superposent pas. Car il y a belle et bien une beauté du mal comme Baudelaire nous le suggérait déjà dans ses charognes, à l’époque des Fleurs du mal. Une beauté mystérieuse, pulsionnelle et envoûtante.
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