Dans sa série intitulée Chroma, la photographe américaine Medina Dugger pose un regard neuf sur une tradition nigériane ancienne de plusieurs centaines d’années.
Inspirée par J.D. ‘Okhai Ojeikere
Chroma est née d’une conversation entre Medina Dugger et Wunika Mukan, une personnalité influente de la scène créative Lagotienne. Suite à cette entrevue, Medina Dugger décide de revisiter les célèbres photographies de J.D. ‘Okhai Ojeikere.
En l’espace de 40 ans, J.D. ‘Okhai Ojeikere capture plus de 1000 styles de coiffures nigérianes traditionnelles. L’ensemble du travail de ce féru de coiffures constitue une source d’inspiration inépuisable.
J.D. ‘Okhai Ojeikere a commencé à photographier les coiffures des femmes nigérianes dans les années 1960, juste après que le pays obtienne l’indépendance. Un vent de liberté souffle sur le Nigeria et favorise la réapparition des coiffures traditionnelles. Les techniques de tressages redeviennent populaires, au détriment des méthodes de lissage et des perruques auparavant utilisées par les femmes soucieuses de se conformer aux idéaux de beauté occidentaux. Certaines coiffures sont purement décoratives, tandis que d’autres sont l’emblème d’un statut social ou le signe d’appartenance à une tribu.
Une approche contemporaine
Avec Chroma, la photographe rend à la fois hommage au travail de J.D. ‘Okhai Ojeikere et à la beauté de la culture nigériane. En collaboration avec son coiffeur local Ijoma Christopher, Medina Dugger allie tradition et modernité. Les coiffures ont des allures sculpturales. Leur beauté est rehaussée par l’usage de couleurs vives utilisées aussi bien pour les coiffures elles-mêmes que pour les vêtements et les arrière-plans.
Les femmes sont montrées de dos pour mieux orienter le regard du spectateur vers les coiffures. En s’abstenant de dévoiler le visage de ses modèles, la photographe hisse chacune d’elle au rang de symboles de l’identité nigériane. Une identité riche, unique, et sophistiquée.
Originaire de Californie aux États-Unis et installée à Lagos depuis 2011, Medina Dugger utilise ses talents de photographe pour remettre en cause les idées préconçues des occidentaux sur les notions de race, de couleur et d’identité. Medina Dugger s’écarte volontairement des sujets communément traités pour raconter l’histoire de l’Afrique. À la place, elle observe la culture Africaine sous le prisme de l’acculturation, de l’ethnocentrisme, de l’homogénéisation culturelle, de la mondialisation, de l’identité, de la modernité, de l’imagination, de la figure féminine et du style.
Le photographe prévoit de sortir un livre cataloguant l’ensemble des clichés appartenant à la série photographique Chroma lorsque celle-ci sera complète.
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