Avec la série photo Les Chants de l’Asphodèle, Mathias Benguigui et Agathe Kalfas documentent avec poésie et délicatesse la dureté d’un monde, où ils y mêlent mythologie et enjeux sociétaux.
Lesbos, l’île grecque à la croisée des vagues migratoires, fait l’objet d’un travail à quatre mains : Agathe Kalfas et Mathias Benguigui offrent une nouvelle possibilité d’observer ce territoire.
La terre de Lesbos, carrefour des migrations
Depuis l’Antiquité, l’île grecque de Lesbos est une terre migratoire où se succèdent les allées et venues. Située à mi-chemin entre l’Orient et l’Occident, à seulement 12 kilomètres de la frontière turque ; Lesbos est le théâtre de flux migratoires, terre de ceux qui y sont un jour arrivés et qui aideront à leur tour ceux qui voudront faire la traversée. Cet esprit d’entraide des réfugiés permettra même aux habitants de Lesbos d’être nommés au Prix Nobel de la Paix.
Entre 2016 et 2020, le photographe Mathias Benguigui et Agathe Kalfas se réunissent pour documenter un réel propre à Lesbos. Agathe Kalfas travaille depuis une dizaine d’années dans la conception et la gestion de projets culturels à l’échelle nationale et internationale. Après avoir été nommée en 2014 Directrice de l’association Parole de Photographe (dédiée à la promotion du photojournalisme et à l’éducation à l’image), elle est désormais consultante indépendante en photographie. Avec Mathias Benguigui, ils mettent en forme Les Chants de l’Asphodèle, alliage de textes et d’images qui offrent une nouvelle perspective de documenter ce territoire ultra-médiatisé.
À l’origine des chants de l’Asphodèle
En mettant la photographie au service du journalisme dans une volonté de documenter le réel, la série n’en est pas moins empreinte de clichés à la fois tendres et puissants. Dans la démarche de rendre compte de la vision de la réalité de Lesbos, Les Chants de l’Asphodèle recueille des récits, témoigne des traces du passage humain, rencontre des populations qui permettent de dresser un portrait de l’île grecque à travers ses habitants, qu’ils soient de passage ou permanents.
Les années passant, Mathias Benguigui et Agathe Kalfas font le rapprochement entre ce qu’ils observent à Lesbos et un pan de la mythologie grecque. Le “Champ de l’Asphodèle“, c’est une section de l’Enfer où errent les âmes n’ayant commis ni crimes ni action vertueuse, l’attente y est éternelle et les esprits sont dépourvus de quelque dessein. Le parallèle est établi et les deux artistes nomment alors leur projet Les Chants de l’Asphodèle. La plante du même nom symbolise quant à elle dans le langage des fleurs un amour perdu.
Le résultat est un récit éprouvant, dans un espace-temps où les humains sont de passage sur une terre, mêlant récits mythologiques et témoignages, le tout illustré de photographies intimistes et déroutantes par leur certaine douceur. Pour se procurer Les Chants de l’Asphodèle de Mathias Benguigui et Agathe Kalfas aux éditions Le Bec en l’air, ça se passe sur le site internet Le Bec en l’air.
Nous vous en avions parlé cet été, vous pouvez retrouver le travail Les Chants de l’Asphodèle au sein du festival des Rencontres Photographiques du 10e qui débutera le 4 novembre, présentant une exposition des photographies de Mathias Benguigui et Agathe Kalfas.
Pour suivre l’actualité de Mathias Benguigui, ça se passe sur son Instagram ou encore sur son site internet.