Massimo Sormonta : au-delà des clichés de la rue Saint Denis

Image d'avatar de MarieClaretMarieClaret - Le 9 avril 2018

Massimo Sormonta est un photographe de rue et graphiste italien, né en 1951 à Padoue. A
18 ans, il découvre la photographie. Il réalise alors des portraits de sa famille et des clichés de rue
en noir et blanc. En 1984, il s’installe à Paris et se retrouve un jour, par hasard, rue Saint Denis.
Ses photographies de la célèbre rue parisienne mettent en scène le quotidien des habitants, les
boutiques de confection, les bars sombres mais surtout les prostituées qui piétinent sur leur carré
de bitume.
En regardant cette série de clichés, on ne peut s’empêcher d’éprouver un frisson à
l’idée des risques qu’a pris le photographe en s’approchant au plus près de ces dames afin de figer
leur image sur sa pellicule.

Massimo Sormonta a accepté de répondre à quelques unes de mes questions.

rue Saint Denis

Le joueur de flûte rue Saint Denis

 

Quand avez-vous pris cette série de photographies que vous avez intitulée : « Rue Saint Denis » ?

Je les ai prises entre 1984 et 1992. Je viens de Padoue, une ville du nord de l’Italie. Je suis arrivé à
Paris en 1984 pour rejoindre ma copine et mon frère. J’ai commencé la photographie très jeune et
en arrivant à Paris, je me suis émerveillé face à la multitude de sujets qui s’offraient à mon objectif.

Pourquoi la rue Saint Denis ?

D’abord pour l’aspect historique. Tracée par les Romains au Ier siècle, cette rue a longtemps été
considérée comme la plus belle et la plus riche de Paris. C’est ici que passaient les cortèges des rois
après leur couronnement. Dans les années 80, la vision de la rue Saint Denis n’était pas
exactement celle que l’on a aujourd’hui. Elle était connue pour ses ateliers d’artistes ou de prêt-à-
porter et ses boutiques de tissus… J’ai voulu aller au-delà des stéréotypes et montrer tout ce qu’il y
avait à voir rue Saint Denis, et pas seulement les prostituées.

 

rue Saint Denis

Un passage accolé à une boutique de prêt-à-porter

 

Pourtant, vous vous êtes attardé sur les prostituées.

Au départ, je n’allais pas rue Saint Denis dans le but de photographier les prostituées. Les filles
partageaient la rue avec les travailleurs artisanaux, les touristes, les habitants… Elles faisaient
partie intégrante de la vie de cette rue.

 

rue Saint Denis

Passage typique de la rue Saint Denis

 

Comment avez-vous procédé pour prendre ces femmes en photo ?

Je ne me suis jamais caché mais j’essayais de ne pas me faire remarquer. Il n’était pas question de
dissimuler mon appareil. Je marchais assez rapidement, en me faisant le plus discret possible. Je
prenais deux ou trois clichés, je n’étais pas serein du tout. Vous savez, il y a parfois des problèmes
quand on prend en photo des gens sans leur consentement. J’avais peur d’avoir des ennuis avec les
proxénètes ou avec les filles elles-mêmes.

Justement, avez-vous eu des problèmes avec ces femmes ?

Un jour, deux femmes sont venues vers moi et m’ont demandé ma pellicule, de manière très
agressive. Elles m’ont dit qu’elles ne me laisseraient pas partir tant que je ne leur remettais pas. J’ai
été obligé de me plier à leurs exigences afin d’éviter tout problème.

Pourquoi avoir choisi de réaliser vos clichés en noir et blanc ?

J’ai toujours eu le sentiment que la couleur ne faisait pas passer les émotions aussi bien que le noir
et blanc. Elle banalise le sujet et je dirais même qu’elle le vulgarise.

Aujourd’hui, vous voyagez beaucoup. Quel est votre thème de prédilection ?

Vous savez, les sujets ne manquent pas mais il y en a un qui me tient particulièrement à cœur. Il concerne la situation des migrants. Je ne suis pas le seul à le faire, bien sûr, mais à mon échelle je souhaite apporter mon témoignage en montrant à ceux qui me font l’honneur de regarder mes photos, le quotidien de ces personnes déracinées. Si mes clichés parviennent à toucher, à faire
réagir, alors je dirais qu’ils ont atteint leur objectif.

 

Massimo Sormonta : au-delà des clichés de la rue Saint Denis 8

Une famille de réfugiés près de la frontière Macédoine

 

Massimo Sormonta : au-delà des clichés de la rue Saint Denis 9

Une femme et son fils dans un camp de réfugiés près de la frontière de Macédoine

 

Massimo Sormonta : au-delà des clichés de la rue Saint Denis 10

Prostituée à l’entrée d’un immeuble rue Saint Denis

 

Massimo Sormonta : au-delà des clichés de la rue Saint Denis 11

Des prostituées devant une boutique de prêt-à-porter

 

Massimo Sormonta : au-delà des clichés de la rue Saint Denis 12

Des prostituées à côté d’une vitrine de prêt-à-porter

 

Massimo Sormonta : au-delà des clichés de la rue Saint Denis 13

Une prostituée de la rue Saint Denis

 

Massimo Sormonta : au-delà des clichés de la rue Saint Denis 14

Deux prostituées dans une ruelle de la rue Saint Denis 

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