Qu’on la dise Capitale de la Culture où de la Rupture, l’actualité de la cité Phocéenne est nerveuse.
La curiosité et le manque de soleil m’emportent et un TGV plus tard me voici sur le vieux port. Je passe par l’installation architecturale de Norman Foster avant de me diriger vers le pavillon M pour essayer de récupérer un semblant de programme. Pas vraiment séduite par la programmation officielle, je fais pour ces quelques jours le choix de l’officieux. Car en marge de cette programmation officielle, une fourmilière s’efforce de s’organiser, y grouille dans ses réseaux des pépites, décalées, second degrés, aux influences urbaines ou simplement remarquables, elles tentent de se frayer un chemin, de trouver un public, et de le conquérir.
J’explore en un premier temps la vie nocturne, cap vers La Dame Noir où par chance s’y trame une Nova Battle. Aux platines de cette soirée made in Radio Nova, Nasser Djs, Relatif Yann ou encore Dawad, autant dire que ça s’agitait sévèrement sur le dancefloor. J’y rencontre Yann Charles du duo Queen Charles et Johan Spit des SlutGarden, les propos de ces deux artistes se rejoignent quand à la difficulté de trouver son public à Marseille. Yann Charles m’avoue qu’il fut d’abord diffusé sur Radio Nova avant de l’être sur Radio Grenouille (radio locale à tendance alternative). La résidence musicale est donc rude et va jusqu’à engendrer une politique de l’expatriation. Si la scène Marseillaise est en proie à être orpheline, soumise à une inertie qui ne s’explique pas, elle recèle pourtant de véritables trésors. Comme en témoigne le trio tout frais et 100% local Husbands, où Kid Francescoli, Oh ! Tiger Mountain et Simon de Nasser y convergent leurs talents.
Coté 7 ème Art, les initiatives jouent la carte du second degrés avec le déroutant festival international du film Chiant. Selon leur propre sondage « 83% des personnes interrogées ne sont pas prêtes s’y rendre », la boulimie cinéphile ne semble pas être de rigueur ici.
Je pars ensuite à la rencontre de Romain Lombardo histoire de prendre la température coté galeristes. Il tient rue Sainte, la Galerie Association d’idées, lieu de croisement entre street art et plasticités contemporaines, accueillant des artistes tels que Grems, Popay ou le Collectif Pal. Travailler à Marseille offre selon lui de véritables atouts, ne serait ce que pour le bon potentiel visibilité. Et bien que la galerie soit récente, le public semble répondre présent et en redemande. Ouverture de nouveaux lieux, accroissement des initiatives, « Marseille Provence 2013 va relancer la machine » nous dit Romain.
Avoir un public présent et qui en redemande, c’est aussi le cas pour l’artiste, graphiste, illustrateur et co-fondateur de la Galerie Seize, Cros2, pour qui le public « est prêt à découvrir ou à redécouvrir la richesse culturelle dont est dotée la ville ». La galerie Seize,qui fait aussi office d’atelier pour de jeunes gens prometteurs, est une structure qui doit se débrouiller hors programmation Marseille Provence 2013, « Marseille est une ville artistique dans des domaines multiples mais qui a du mal encore à soutenir les initiatives indépendantes » ajoute l’artiste.
Des pépites musicales inavouées, un 7em art second degrés, des artistes aux milles talents, la citée Phocéenne en a dans le ventre et Marseille Provence 2013 semble instaurer un vent nouveau dans la durée plutôt que dans l’immédiat. Active sans être frénétique, attractive sans être névralgique, c’est déjà une bonne adéquation.
#2 et #3 ; http://www.lafriche.org/
#4 et #5 ; La Dame Noir
#6 ; La Villa Méditerranée
#7 ; exposition Tomek&Saeyo, Galerie Association d’Idées
#8 ; Mini free Style de Grems, Galerie Association d’Idées
#9 et #10 ; Cros2, Galerie Seize
1 commentaire
INGOUF AND CO
BRAVO MAYA,BEL ARTiCLE!!!!!!