Vous avez peut-être déjà croisé les illustrations colorées et positives de Marie Boiseau, artiste nantaise aux 45 000 followers. Si ça n’est pas le cas, Beware! est là pour faire les présentations.
Femmes, je vous aime
Marie Boiseau à 28 ans, de long cheveux roux, de grands yeux bleus et de jolis tatouages. Si elle exerce en tant qu’illustratrice indépendante depuis trois ans maintenant, elle n’a pas attendu la fin de ses études pour agripper les crayons de couleurs. Petite déjà, elle a le gout du dessin : “J’ai toujours dessiné, j’avais beaucoup d’imagination étant enfant mais j’aimais dessiner des choses cadrées, comme des Barbie ou des Bratz ! ” Alors voilà, celle qui dessine aujourd’hui des corps tout en rondeurs et en pilosité assumée, s’est fait la main sur des poupées siliconées, elle expliquait ainsi pour Cheek Magazine : “J’ai beaucoup évolué dans la manière de les représenter [les femmes], mais elles ont toujours été présentes dans mes dessins. Quand j’étais jeune, je dessinais des femmes qui étaient ‘belles’ selon les critères de la société, parce que je voulais montrer celles qui ne me ressemblaient pas. Je l’écrivais d’ailleurs clairement : je disais que je voulais dessiner celle que j’avais envie d’être.”
Une évolution du regard sur elle-même et sur les autres pour finalement aimer toutes les morphologies, à tous les âges. Maintenant, Marie Boiseau dessine des femmes dont le seul point commun est d’être heureuse. Pour tout le reste, elle illustre à merveille la diversité. Petites et grandes, jeunes et vieilles, venues des quatre coins du globe, avec des poils sur un corps pas toujours ferme, habillées ou non, définitivement singulières.
L’acceptation de soi, le body-positive, voilà un sujet essentiel dans ses créations qui a évolué avec elle, au fil d’une éducation personnelle menée grâce à internet : “Mon éveil féministe s’est aussi fait en ligne. J’avais 17 ans et j’ai commencé à lire des médias différents, qui traitaient de ces sujets. D’un coup je me suis posé des tas de question, j’ai découvert des personnes sur Internet qui avaient des valeurs fortes.” Au fil de ses études aux Beaux-Arts d’Angoulême, elle arrondit ses courbes et adouci son regard sur elle-même : “J’ai tout simplement commencé à dessiner des corps qui me ressemblaient plutôt que des corps auxquels j’avais envie de ressembler. J’ai eu des retours de femmes qui se reconnaissaient, qui me disaient qu’elles ne s’étaient jamais vues représentées comme ça.”
Je te donne
Pour Marie Boiseau, c’est aussi le sentiment d’être née “à la bonne époque“, celle dans laquelle le féminisme ouvre grand sa bouche, où les corps s’affirment par leurs différences et où les femmes ont (un peu) plus le droit à la parole. La jeune illustratrice a d’ailleurs sorti son premier livre “Ni bon, ni mauvais, ni tout à fait le contraire”, qui a vu le jour en 2019 aux éditions Lapin. Fidèle à son autrice, le projet n’entre pas vraiment dans une case, elle-même le défini ainsi “c’est pas de la bd avec un début et une fin, ni un roman graphique parce que ça ne veut pas dire grand chose, c’est plutôt un enchainement de petits dessins de carnets, et parfois oui de mini histoires”. C’est surtout une thérapie douce pour le cœur, qui parle de nos angoisses et nous rassure, à l’instar de son deuxième compte Instagram Marie Grognon, emplit de petites esquisse minimalistes évoquant ses humeurs, ses doutes, et son regard sur la société.
Présente sur le réseau depuis qu’elle à internet, le dessin a toujours pris vie dans le regard des autres. Si Instagram est réellement le réseau par lequel elle à vu grandir sa communauté, celle qui publiait ses premiers dessins à l’âge de 13 ans sur son Skyblog est aussi passée par Canalbolg, Blogsopt ou Tumblr : “Quelque part, j’avais l’impression que si je ne le montrais pas, mon dessin n’existait pas.” Présente aussi sur Youtube, Marie Boiseau, s’y dévoile face caméra, et montre son environnement, de l’atelier-salon qu’elle partage chez elle avec son compagnon et son chat, parle de la différence entre notoriété et succès financier sans cacher qu’elle touche encore le RSA, et de ses techniques de dessins et de peinture. Une femme pour qui le partage est au cœur du travail d’illustratrice, un métier quelle compare aux montagnes russes.
Forte de ses convictions, elle sait refuser les contrats qui iraient à l’encontre de ses valeurs et s’allie à des projets qui l’inspire (pour le planning familial ou avec le magazine Neon publié en Juillet 2019, sur la nouvelle révolution sexuelle). Inspirée par les petites choses de la vie, la sexualité et la nature, celle qui combat ses angoisses et incertitudes à coup de gouache colorée a de nombreuses créations devant elle et chez Beware! nous lui souhaitons autant de bien qu’elle peut en faire.