A l’aquarelle, au feutre ou au crayon, l’artiste chilienne Luisa Rivera nous immerge dans un monde étonnant où règne en maître une nature foisonnante sillonnée de nombreuses figures féminines.
Peut-être avez-vous déjà croisé les illustrations de Luisa Rivera dans le New York Times ou bien encore encore dans les pages de La Peste : un magazine indépendant tout droit venu d’Amérique Latine, sur la photographie, la littérature et l’illustration.
Mais ici c’est une partie de son travail un peu moins sage et éditoriale que l’on vous propose de découvrir, un monde plus ésotérique et sauvage.
En effet, aux premiers regards que l’on pose sur le travail de Luisa Rivera, on peut avoir l’impression d’être au beau milieu d’un conte pour enfants, à la Andersen, où tout y semble harmonieux, paisible et poétique. Cet univers est composé de deux éléments principaux, comme deux personnages : les femmes et la nature.
Et puis, petit à petit, en y regardant de plus près, une sensation étrange nous envahit : une atmosphère lugubre plane un peu partout, on sent qu’il réside une part d’indicible, comme un “truc qui gêne”. Peut-être ces femmes aux corps jaunis, verdâtres ; ces deux siamoises, entravées. Ou alors cette dame, en camisole, se préparant docilement à être piquée par une nuée d’abeilles. Mais surtout ces regards suspendus, trop calmes qui en deviennent inquiétants.
Ou alors est-ce la nature qui se fait de plus en plus intrusive ? On ne sait alors plus réellement qui est qui dans cette dialectique où chacune semble donner du sens à l’autre, ne pouvant évoluer seules.
La nature est le cadre principal de l’action et empiète sur le terrain de la femme: les ronces s’agrippent à un dossier de chaise, les plantes se font organes vitaux, s’extirpant des corps ou les pénétrant. Dans un esprit très COP 21, la nature semble, enfin, reprendre ses droits sur l’Homme, ou plutôt sur la femme.
Série issue de son carnet à dessin – Sketchbook
Retrouvez le travail de Luisa Rivera