Lucy Pass, jeune artiste anglaise originaire de Leamington Spa ne cesse de nous étonner. Chacun de ses portraits réinvente l’idée-même du portrait. Nous avons le choix d’imaginer les traits, les formes, les expressions de ces visages. Ils peuvent être qui ils veulent et nous pouvons choisir qui ils sont.
Membre du CBPP (Contemporary British Portrait Painters), une galerie d’art fondé en 2018 par l’artiste Ian Goldsmith qui regroupe quelques-uns des meilleurs portraits britanniques, sa première exposition « Perceptions » a eu lieu au mois de mars dernier.
Le travail de Lucy Pass a d’ailleurs été à plusieurs reprises récompensé notamment en 2019 où elle a reçu le prix John Ruskin (écrivain, peintre et critique d’art britannique) et a été élue portraitiste de l’année.
Tous ses visages et ses yeux sont comme des photographies d’étrangers qui l’ont inspirés. L’artiste s’intéresse aux expressions ambiguës, aux regards perdus, cachés, inquiets et heureux. C’est son regard dans le regard des autres à travers le leur.
“Le sujet est inconnu et donc ses émotions me sont inconnues. C’est un aspect important de mon travail où je me retrouve à mon tour à essayer de lire l’individu”
Lucy Pass
L’artiste se confie régulièrement sur son Instagram ou sur son Twitter. Elle y raconte ses difficultés, ses trouvailles et ses évolutions. D’ailleurs, elle termine souvent ses publications avec la phrase ” Nothing is perfect” (Rien n’est parfait) et c’est un peu le message de ses œuvres : rien n’est parfait et tout est différent, comme les traits d’un visage.
“Mon travail récent présente des fragments de visages disparaissants ou obscurcis – peut-être parfois juste un œil, un nez ou une bouche. Parfois, ces fragments pendent seuls dans un espace vide, parfois ils sont ancrés avec des marques gestuelles, des blocs de couleur ou des contours audacieux. La mise au point est toujours sur le sujet mais le pouvoir est dans les parties que nous ne pouvons pas voir. Nos cerveaux sont invités à remplir les blancs.”
Lucy Pass
Ces visages sont une devinette et une nouvelle façon de regarder un visage. L’artiste, ici ne dicte rien, elle pose son crayon, son croquis et ses peintures à l’huile et dépose mille possibilités émotionnelles : “J’essaie de ne pas imposer un récit clair au spectateur. Mon objectif est de rendre illicite une réponse émotionnelle sans dicter au spectateur ce qu’il devrait ou ne devrait pas ressentir.”
L’artiste est fascinée par les réactions et surtout par celles des spectateurs devant se ses œuvres : ” Ce qu’une personne perçoit peut-être en totale contradiction avec le suivant. Parfois, ces réactions peuvent être clairement expliquées par l’individu et d’autres fois non. La pièce n’est plus sur le visage qui nous regarde, mais sur les sentiments qu’il suscite et ce que cela signifie pour nous.”
En cette période difficile pour les artistes, elle leur propose de vendre une de leur œuvre à un prix limité de 200 livre sterling. Et une fois arrivé à 1000 livre sterling, l’auteur s’engage à acheter l’œuvre d’un autre artiste avec le hashtag #artistsupportpledge.
Ici, l’artiste se concentre uniquement sur le regard humain, nous pouvons avoir l’impression que neuf personnes nous regardent et s’apprêtent à bondir sur nous. Pour cette œuvre, elle s’est inspirée de portraits oculaires géorgiens.
Pour en voir plus, jetez un oeil à son son site. Vous pouvez également commander les originales sur son e-shop. Vous aimeriez aussi les sans-visages d’Henrietta Harris.