L’Infra-monde du Japonais Daisuke Yokota

Image d'avatar de Étienne PoiarezÉtienne Poiarez - Le 24 mai 2016

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Aujourd’hui, nous vous présentons le jeune photographe japonais Daisuke Yokota, qui commence à se tailler une réputation à l’international et multiplie les récompenses et reconnaissances au sein du milieu artistique. Héritier d’artistes comme Daido Moriyama, Yokota se libère de tout exotisme et folklore, pour nous convier à l’interrogation sur la matière qu’il capte à travers son médium. Il construit une fascinante vision de la réalité, devenue complètement diaphane, à travers son travail sur l’érotisme ou l’urbanisme. Principalement en noir et blanc, il se dégage des clichés qu’il réalise une beauté froide et minimaliste, totalement dépersonnalisée et nous laisse errer dans un espace sur lequel nous n’avons pas prise, à cause de l’absence de repères géographiques. Même lorsqu’il photographie des hommes et des femmes, leurs corps se transforment en de simples silhouettes ou fragments de chair entrelacés.

 

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Pour obtenir ce résultat, Yokota se joue des libertés stylistiques en utilisant toutes les ressources à sa disposition. Après avoir développé une œuvre et l’avoir à nouveau photographiée en argentique, pour ensuite la retravailler en chambre noir, via différents produits chimiques et quelques solarisations, l’artiste numérise ce qui en résulte. En bref, il traite son immense corpus photographique en y insufflant une dose d’accidents. Plus qu’une simple prise de vue, l’artiste sculpte sa photographie à travers la numérisation et d’autres traitements, pour y construire l’obscure monde, parfois abstrait, qui nous apparaît ensuite devant les yeux.

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Ces clichés dépassent la simple archéologie des instants fugaces et parvient à saisir avec force l’extase de la solitude, cette force tellurique qui nous retient à même le monde, jusque dans nos souvenirs et nous empêche de rêver. Bribes d’amour et de légèreté ça et là sont autant de balises dans un décor où le banal dans le fond se fait tragique dans la forme. Ainsi, l’artiste contourne l’impasse de l’esthétisme sans but et nous dévoile avec force et fracas ce qui se trame sous le négatif de la vie. Une œuvre radicale et un corpus d’une poésie brutale.

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Étienne Poiarez
Article écrit par :
Étienne Poiarez, doctorant à l’École Doctorale des Humanités à Strasbourg, a écrit un mémoire sur La Trilogie Cornetto d'Edgar Wright. Il a également obtenu un master en Information et Communication à Paris III Sorbonne-Nouvelle. Actuellement, il se consacre à une thèse sur le comique dans la cinématographie européenne récente, examinant les liens entre esthétique et éthique dans ses recherches sur des réalisateurs tels que Yorgos Lanthimos et Quentin Dupieux. En plus de ses travaux académiques, il a publié un article sur Tsui Hark et prépare un essai intitulé « La Trilogie Cornetto d’Edgar Wright ».

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