Lee Jinju est une artiste coréenne. Entre tradition et modernité, son œuvre est une invitation au voyage. Un voyage à la frontière de la conscience et du rêve, au cœur même des souvenirs.
Lee Jinju travaille selon la méthode traditionnelle coréenne. Elle peint à l’encre, sur du tissu, essentiellement du lin. L’artiste considère que c’est la technique qui lui correspond le mieux, la couleur pénètre en profondeur la toile, les pigments sont naturellement mélangés à l’eau. Si Lee Jinju a gardé cet attachement à l’art traditionnel oriental, l’artiste s’en est cependant éloigné lorsqu’elle a commencé à vouloir représenter son histoire personnelle.
Son histoire n’est pas gaie. Enlevée à 4 ans, elle a connu la perte violente de proches, un de ses amis est mort poignardé, un autre s’est fait agresser. On est également entré chez elle par effraction. Tous ces événements traumatisants qu’elle cherchait à effacer de sa mémoire ont fini par se connecter les uns aux autres. Elle explique ” la peur et l’anxiété du monde, la construction en cours autour de nous, la nervosité incontrôlable et incessante de la vie ont ouvert la porte à de nouvelles émotions “.
Toutes ces émotions Lee Jinju a cherché à les expliquer, pourquoi ces souvenirs ne disparaissent pas ? Pourquoi sont-ils si instables ? Ces fragments de souvenirs et d’émotions, elle en a fait son inspiration. Lee Jinju peint les images du présent, qu’elle mélange aux souvenirs, souvent pénibles, et aux pensées.
La peintre n’a pas le souci du réalisme ni celui de la cohérence. Elle crée des scènes isolées, parfois suspendues, qui combinent des éléments qui paraissent disparates. Son travail est une exploration de la perception humaine, il dépeint la nature parfois mystérieuse de la réalité, dans laquelle le conscient et l’inconscient se rejoignent pour créer nos paysages virtuels. Tout semble parfois hors de propos.
Ses tableaux représentent des scènes de désolation. On y retrouve des femmes dénudées, uniquement habillées de bas. Elles effectuent des gestes du quotidien, dans un environnement à la fois sauvage et domestique. Lee Jinju semble avoir détruit la frontière entre intérieur et extérieur. Certaines parties ne sont pas très détaillées, certains personnages n’ont pas de cheveux par exemple, d’autres éléments au contraire, fourmillent de détails. Cela donne aux dessins de l’artiste une dimension très onirique.
Ces œuvres procurent à celui qui le regarde un certain malaise, une certaine angoisse. Entre pureté, beauté et malaise, le travail de Lee Jinju n’est pas de ceux qui laissent indifférent.
Vous pouvez retrouver tout le travail de Lee Jinju sur son site ou son compte Instagram.