En parlant de Valérie Belin, on se demande si on fait référence à la photographie ou à la philosophie. La réflexion que contiennent ses photographies laisse flotter le doute…
Cette photographe parisienne nous invite en contemplant ses photos, à penser différemment certains concepts, nous défiant de regarder à la surface des choses.
On est face à des photos à la limite de la nature morte, des objets figés, hyper saturés, au point de se demander s’ils ne sont pas faux. Un jeu de doute s’installe alors entre la photographe et le spectateur. Un jeu de doute entre le réel et l’irréel. Les sujets présentés sont-ils réels, vivants ou sont ils de simples objets en plastique, comme ces corbeilles de fruits, sans contexte qui leur donne une apparence iconique. Sont-ils vraiment présents ? Ou est-ce un montage photo savamment travaillé par l’artiste ? Tel est le jeu dans lequel Belin souhaite nous amener pour revenir à ce qui lui paraît essentiel ; ce qui se passe en surface. Allant à l’encontre des conventions, elle veut nous montrer ce concept comme une valeur positive, importante, car c’est là que pour elle, l’essence du sujet apparaît.
Ses travaux argentiques, toujours au grand format (la photographe travaillant exclusivement en 8×10) exploitent davantage le concept de la perfection et de l’artifice, grâce à une importance accordée au détail. Ses paquets de chips nous rappellent Warhol et ses objets iconiques, mais la démarche n’est évidemment pas la même puisque Valérie Belin ne cherche pas à dénoncer mais à glorifier. Grâce à la photographie, elle parvient à capter l’insaisissable et nous amène à réfléchir sur l’importance du regard, sur la subjectivité qu’on porte à ce qu’on voit, et sur le culte de l’apparence qui règne dans nos sociétés.
Le travail de Valérie Belin est actuellement exposé au DHC/Art – Fondation pour l’art contemporain à Montréal jusqu’au 08 février. Reconnue mondialement, de nombreuses expositions lui ont été consacrées, notamment à la Maison Européenne de la photographie à Paris, au Musée de l’Élysée à Lausanne, ou au MoMa, à NYC. Elle a aussi participé à des expositions collectives comme au Mori Art Museum à Tokyo ou au Centre Pompidou à Paris.