« Downer Pop », c’est ainsi que Fog Lake (Aaron Powell à l’état civil), jeune artiste canadien de 24 ans, décrit sa musique. Une pop sombre, vaporeuse et râpeuse qui envoute et nous transporte très loin dans des univers mélancoliques et nébuleux.
Une bedroom pop caverneuse
Un voyage « vers le bas » ? Peut être. Nous on pense plutôt à un vol de nuit auquel Fog Lake nous invite avec ses deux derniers albums Dragonchaser et Fog Lake / Euphoria Again. Tous les deux sont sortis à quelques mois d’intervalle, signés chez Orchid Tapes. Originaire des îles isolées de Terre-Neuve-et-Labrador, Fog Lake nous convie à le suivre dans ses errances solitaires. On se promène avec lui le long des falaises escarpées, des grands lacs et des côtes désertiques de cette province canadienne. A l’écoute de ses projets musicaux on imagine facilement que la désolation de ces paysages a façonné sa musique, à la fois claire et brute.
Même s’il est toujours difficile (et peut être un peu idiot) d’essayer de catégoriser la musique d’un artiste, Fog Lake s’inscrit de manière totalement assumée dans la mouvance bed-room pop. A 100 000 lieux de Clairo (princesse colorée de la bedroom pop) Fog Lake produit une indie pop lo-fi, teintée d’une certaine neurasthénie.
Une sombre euphorie
Dans Fog Lake / Euphoria Again (son dernier album), seul le nom de l’album prévoit un potentiel éclat de joie. Comme il l’avait déjà fait avec Dragonchaser, Fog Lake continue sur la route de l’introspection musicale. Les enregistrements maisons voilés qui grésillent et la voix délicate du jeune homme participent à la création d’une ambiance nostalgique et vaporeuse. Chaque production est d’une humilité folle. On reste frappé par la simplicité, quasi biblique, de morceaux instrumentaux tels que « Solstice ». Fog Lake joue et mise sur cette simplicité, en travaillant avec peu d’instruments et sur des rythmes répétitifs. Toutefois, le jeune homme ne tombe jamais dans la redondance mécanique et parvient plutôt à créer des motifs hypnotiques.
On retrouve chez Fog Lake des riffs de guitares qui nous font penser à certains airs de Diiv (« Reassurance ») et d’autres mélodies résonnent à la Teen Suicide. Aaron Powell arrive à créer un truc, un peu entre les deux, en interprétant à sa manière une indie pop, qu’il veut donc « downer ». Il est clair que c’est loin d’être le mec le plus joyeux de la musique en ce moment. Cependant le jeune homme ne triche pas. Fog Lake assume pleinement qui il est en proposant des morceaux délicats et profondément sincères, qui seraient comme des fragments d’intimité.