Kat à la découverte d’un street-artist qui se veut “dérangeant”

Image d'avatar de Nickie RobinsonNickie Robinson - Le 14 octobre 2016

Samedi matin. Montréal. Une ruelle du quartier Plateau Mont-Royal.

Un duo avance d’un pas décidé puis s’arrête. La jeune femme sort rapidement de son sac un plat de plastique, un pinceau et une large feuille de papier kraft qu’elle s’empresse de coller sur le mur pendant que son compagnon fait le guet un peu plus loin. Puis l’air satisfait, ils repartent laissant derrière eux une œuvre d’art unique. Une œuvre d’art qui se veut dérangeante.

Rencontre avec Kat.

Photo @Kat Street-art

Photo @ Kat Street-art


Kat a commencé à faire du street-art à Montréal au printemps 2014. C’est pour elle la meilleure façon de montrer son travail tout en essayant de faire réfléchir les gens aux sujets qui la préoccupent le plus : la condition animale, la destruction de la nature et de l’environnement.

« Depuis que je suis toute petite, je suis animée par deux grandes passions : le dessin et la peinture et ma révolte contre la cruauté envers les animaux et la violation de leurs droits. Les images et vidéos de vivisection me faisaient horreur ! Alors un jour, je me suis dit pourquoi ne pas combiner les deux choses qui me tiennent le plus à cœur. »

« En 2013, j’avais commencé à peindre sur canevas une série de portraits axés sur des masques. Ne sommes-nous pas tous, un peu, cachés derrière un masque. Quand nous sommes en société nous choisissons ce que nous voulons montrer de nous-mêmes aux d’autres. Que ce soit par protection, pour de ne pas montrer nos émotions, pour paraître plus fort ou tout simplement pour assurer la sécurité de notre jardin secret. Et puis en tant qu’’être humain, nous avons tous un lien avec un animal. Ce lien peut être physique ou une similarité de personnalité, une attraction ou aversion, une crainte …

Et puis graduellement, son style a évolué. Du canevas vers l’affiche.

Toujours ces visages humains dissimulés sous des masques d’animaux mais aussi des corps, déshumanisés, un peu comme des automates. Et depuis cette année, de plus en plus d’éléments reliés à la nature sont présents dans ses œuvres.

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Chaque affiche qu’elle met dans la rue est une œuvre d’art unique entièrement peinte à la main. Elle y intègre souvent des éléments extérieurs comme des yeux et des parties de corps d’abord brûlés puis recousus à la main avec du fil et des liens de corde.

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« Je peins de façon intuitive, me laissant porter par les émotions du moment. Bien que dans mes pièces les animaux sont toujours présents, elles ne sont pas toutes reliées forcément à la condition animale. Mon univers artistique surréaliste et un peu sombre peut également être porteur d’un message relié à la contradiction entre le côté fusionnel et le besoin irrésistible de destruction. L’appropriation de la nature par l’homme en est un bel exemple. »
« J’ai beaucoup été influencé par Francis Bacon et par le surréalisme en général. Côté street-art j’aime beaucoup ce que font Roa et Phlegm. Le premier pour les sujets et le second pour la créativité et l’univers surréaliste. Je suis également une grand fan de Jérome Bosch et de Joran Roukes. »

NR : « … pourquoi ce nom ? ».

«Ce nom m’a été suggéré, quand j’ai commencé à faire du street art, par un bon ami montréalais, celui qui m’accompagne dans toutes mes virées artistiques. C’est un collectionneur et un grand passionné d’arts. J’ai décidé de l’adopter parce qu’il me représente bien et ce, en toute simplicité. »

Cette artiste parisienne, qui vit à Montréal depuis plus de cinq ans, a une façon peu banale de travailler. Avec elle, rien n’est laissé au hasard. Elle parcourt les rues méticuleusement à la recherche du meilleur endroit où elle va mettre une pièce. Son spot! Celui qui va lui fournir une bonne visibilité mais aussi être en concordance avec son œuvre. Puis, elle mesure l’endroit et en prend une photo et de retour dans son atelier, ajuste l’œuvre à l’endroit choisi.

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L’ancien atelier de Kat @Nickie Robinson

« Je choisi mon spot en me basant principalement sur deux facteurs . Dans un premier temps, l’endroit doit être libre, car je ne veux pas repasser par-dessus un autre. Cependant si on me repasse je vais reprendre mon spot l’année suivante. Et puis, il doit représenter un encadrement naturel pour le message que je veux passer. J’ai donc une prédilection pour les fenêtres murées, les grillages et les barreaux.

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En 2015-2016, Kat a collaboré avec Mural, festival international d’art urbain  et avec Under Pressure, festival dévoué à la célébration de la culture urbaine, ainsi qu’à certaines expositions collectives.

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Installation Mural 2016 – Montage @Nickie Robinson

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Cependant la rue demeure sa vitrine favorite.

«Le street-art est donc devenu sa façon de faire ouvrir les yeux aux passants. Son art engagé lui permet de militer pour les droits des animaux, pour le respect de la nature et dedénoncer les abus de toutes sortes. Et peut-être aussi, un peu, de parler en leur nom. Un moyen lui permettant d’exprimer son message d’une façon non conventuelle et de crier au monde : êtes-vous conscients de ce que vous êtes en train de faire ?


Web site: www.mademoisellekat.com/

Notes
Note1 – Traduction libre d’un extrait de la page « About » de son site

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Nickie Robinson
Article écrit par :
La vision de la culture du street art et du graffitis par une vadrouilleuse urbaine ! Compte Instagram: @nickiemtl

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5 commentaires

  • Les articles de Nickie sont toujours intéressants et bien écrits.
    Merci pour l’information sur KAT.

    • Nickie Robinson

      Merci Claudette. En espérant que ce article vous ait donné envie de découvrir les oeuvres de Kat dans nos rues et aussi, pourquoi pas, les autres artistes qui se servent de l’architecture urbaine comme toile de fond à leurs créations artistiques.

  • Merci de me faire découvrir cette artiste ! Je suis impressionnée par sa manière d’utiliser les barreaux et d’en faire des prisons pour ses personnages. Ça me touche…

    • Nickie Robinson

      Merci Manon de ce commentaire. En effet, l’utilisation des barreaux, entre autres, est une belle intégration avec l’environnement urbain afin de nous faire prendre conscience de la réalité.

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