Intrépide et déterminée, Kalika signe un premier EP loufoque et délicieusement déjanté. On est saisi dès la première écoute : Latcho Drom, c’est du gros calibre, et avec son EP, on passe du rire aux larmes.

Latcho Drom, sorti le 4 mars 2022, déborde de créativité et d’humour, et se classe déjà parmi les inclassables.
Mia, avant Kalika
Kalika, c’est cette créativité débordante, ce grain de folie qui chamboule tout. À l’aide de son humour mordant et aussi –et surtout– d’un énorme lance-flammes, l’artiste nous inonde de son talent. Pour les amateurs des divagations déjantées du groupe La Femme ou de l’univers acidulé de Remi Wolf, Kalika est un coup de cœur assuré.

Aux prémices de la jeune femme survoltée qu’on connaît actuellement, Mia, 17 ans à l’époque, participe à l’émission télévisée de chanson la Nouvelle Star. Elle termine la compétition à la deuxième place, repartant avec la tête pleine de mélodies et d’ambitions. Alors Mia se mue complètement en Kalika, empruntant son dénominatif à deux figures emblématiques de la culture gitane et hindoue. D’un côté, on retrouve Sara-la-Kali, sainte vénérée par la communauté des Gitans de Sainte-Marie-de-la-Mer. De l’autre, on retrouve la déesse hindoue Kali(ka), associée à la destruction et à la transformation. Dès lors, Kalika s’annonce comme la déesse contemporaine d’un chaos délicieusement ardent.
L’artiste réalise également les premières parties de Yelle, Zazie, ou encore de la rennaise Joanna. La chanteuse se filme aussi sur son balcon, aux côtés de son guitariste Balthazar Picard, d’où elle reprend tout aussi bien des classiques de la chanson française comme de la pop américaine, mais toujours à sa manière. Ses réinterprétations s’accompagnent de la sortie de ses premières chansons originales, lors du premier confinement, avec le titre L’Été est Mort.

Jusqu’au bout des ongles
Dans le clip de son premier single, réalisé aux côtés de Mohamed Chabane, on y découvre une Kalika déchaînée, qui n’a pas peur d’affirmer un féminisme bien placé. Défoncant à coup de poing le slut shaming (pratique visant à stigmatiser une femme jugée “provocante”) dans Chaudasse, l’artiste se réapproprie son corps et son image à travers ses textes.
Avec une esthétique toujours soignée, que ce soit pour ses clips ou à travers son style personnel, la chanteuse se démarque de la tête aux pieds. En plus de rappeler le timbre atypique de Catherine Ringer, Kalika lui emprunte également sa coupe de cheveux en double frange, teintée d’un bleu électrique ou arrangée à l’aide de nombreuses barrettes. Ses maquillages graphiques, ses mélodies subversives et sa garde-robe complètement loufoque n’ont pas fini de nous surprendre et de nous inspirer.

Le jour même de la sortie de son EP Latcho Drom, le clip du –déjà– single Olala montre la chanteuse en bête de foire au milieu d’une cage, entourée d’un public animé, composé de ses fans. La chanteuse a voulu représenter dans cette chanson “une femme qui exprime son désir frontalement à un homme“, tout simplement.
“Bonne route” avec Kalika
Ce premier EP, elle le compose la nuit, lorsque le silence règne, dans un petit studio aménagé par ses soins dans son appartement parisien. C’est en hommage à sa grand-mère, qu’elle accompagnait en caravane dans les marchés, qu’elle nomme son projet Latcho Drom, expression utilisée par les gens du voyage pour souhaiter une bonne route.
La jeune femme démontre déjà de l’étendue de ses capacités et se place en véritable artiste complète : interprète, chanteuse, designeuse, couteau suisse créatif, véritable mordue de looks atypiques et initiatrice d’idées folles. La fièvre Kalika démange et enivre.

Les premières écoutes de Latcho Drom laissent un arrière-goût de kitsch addictif, avec des compos électros et des paroles tantôt catchy, tantôt mélancoliques. La chanteuse vient piétiner tout ce à quoi on pouvait s’attendre. Le venin Kalika se propage et répand partout où elle passe sa créativité inspirante.
Au fil de ses textes, on se laisse enivrer par cette fièvre hystérique, le lâcher prise devient inévitable et permet l’exutoire à la Kalika. Cette énergie folle dont l’artiste fais preuve sur scène, elle le retranscrit autant que possible sur cet EP, énorme patchwork de tout ce que l’artiste peut proposer. La jeune effrontée s’arme de sa poésie trash pour s’imposer telle quelle : une jeune femme tant affirmée qu’emplie de doutes, douce et incisive.

Pour retrouver Kalika et son actualité, ça se passe sur son Instagram.
L’EP Latcho Drom est disponible sur toutes les plateformes.
1 commentaire
André
Merci pour cette découverte, rafraîchissante, les textes sont percutants.j’adore, je viens de m’abonner à sa chaîne Youtube.