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[Interview] Sopico, artiste stratosphérique

Image d'avatar de François GrazFrançois Graz - Le 21 février 2022

14 octobre 2021. Le traditionnel bulletin météo rapologique du vendredi se voit chamboulé par un phénomène de grande ampleur : le projet Nuages de Sopico déferle sur l’hexagone.

[Interview] Sopico, artiste stratosphérique 1
© JonathanWuthrich

Sur fond de spleen brumeux, l’artiste du 18ème s’essaie au combo guitare / rap tout au long des treize pistes du disque. Si le titre Slide avait pu laisser présager un fil conducteur résolument rock lors de sa sortie, force est de constater que Sopico privilégie les ballades acoustiques mêlées aux éclairs de génie de son comparse Yodelice à la prod’. En résulte une proposition artistique qui tranche radicalement avec 90% des sorties actuelles, et surtout, une bonne surprise de fin d’année.

Quatre mois plus tard, l’avis de tempête passé, Sopico s’est prêté à l’exercice de l’interview avec Beware lors de sa virée au festival genevois Antigel. L’occasion de revenir sur sa trajectoire mais également d’évoquer la suite, qui risque fort de transformer le nuage en cumulo-nimbus. Entretien.

Beware : Quelques mois suite à la sortie de Nuages, quel bilan fais-tu ?

Sopico : « Tout d’abord je suis très heureux d’avoir pu sortir cet album, cela faisait plusieurs années que j’avais ce projet différent des autres en tête. Le public a été très réceptif à ma proposition et ça c’est cool. Une scène comme celle d’aujourd’hui, dans un temple, c’est un bon spot pour jouer Nuages et pour débuter le Cloud Tour. Je ne suis pas hyper focus sur les chiffres mais aux dernières nouvelles, 10 000 copies physiques de l’album se sont écoulées, c’est gratifiant pour toutes les personnes qui ont participé à la création de ce projet. 

B : Comment s’est déroulé le processus créatif lié à la cover de ton projet ?

S : « Dès le début je savais que je voulais une cover très frontale. C’est d’ailleurs la seule consigne que j’ai donné au photographe Rémi Besse, avec qui j’ai bossé. On a même failli faire un zoom encore plus prononcé sur mon visage. Quant à la larme, elle exprime très bien le mood de l’album. C’est un cliché très simple dans sa réalisation mais aussi très évocateur dans sa signification. »

B : D’après tes dires, une seconde partie de l’album va voir le jour prochainement, tu peux nous glisser quelques indices ? Qu’est-ce donc que la zzkkmxtp ?

S : « Zzkkmxtp est une mixtape qui résulte d’une association tout droit sortie du multivers avec Pandrezz et Kronomuzic. Tout ce que je peux dire c’est qu’on a créé quelque chose de fabuleux et qu’on a hâte de dévoiler ça.

Quant à la deuxième partie de l’album, ce ne sera pas une réédition, mais un nouveau chapitre de Nuages, dans une tonalité tout autre.»

B : Le clip Slide à fait beaucoup parler, mais j’aimerais qu’on revienne sur celui de Tout va bien, tu peux me raconter sa (presque) conception ?

S : « La thématique de Tout va Bien c’est le relativisme, alors pour illustrer ça j’ai décidé de prendre feu tout en jouant le titre et de mettre ça en images…sauf que c’était une vraie galère. Des cascadeurs m’ont dit que j’étais un ouf car normalement c’est deux ans de préparation pour faire un tel truc ! Au vu du résultat final je me suis dit : j’aime absolument pas ce clip, mais je vais le remonter et quand même le sortir ! Parce que cette vidéo existe tout simplement, et elle mérite d’être visible, malgré ce qu’il s’est passé. »

https://www.youtube.com/watch?v=Uupc2wjNGsU

B : Sans entrer dans la comparaison, ta trajectoire fait écho à celle de Mac Miller : une mue artistique qui part du hip-hop pour arriver à un disque de guitare intimiste…

S : « J’adore Mac Miller, je trouve que c’est un artiste incroyable aussi bien niveau du rap que du chant. Son projet posthume rend tout à fait hommage à sa vision musicale et artistique. Après, je me retrouve davantage dans ses derniers albums, par exemple quand j’ai enregistré Le Hasard ou la Chance en 2017, c’était surtout un artiste comme Future que j’écoutais à fond. »

B : Je profite de ton passage en terres helvétiques pour te poser cette question : tu penses quoi de la scène rap suisse ?  

S : « J’ai toujours kiffé la vibe du rap genevois : Di-Meh, Slimka, Daejmiy…il se passe quelque chose de fort en ce moment. Je trouve que Makala cultive une vraie différence, et c’est fondamentalement ce que je recherche dans la musique. Au-delà de ça, on a fait partie des premiers avec la 75ème Session à avoir fait des connexions avec la suisse. La mixtape Paris – Genève sortie en 2014 en est un bon exemple.

Pour l’anecdote, lors de notre connexion avec les gars il y’a 10 ans maintenant, on a fusionné nos argots respectifs lors des sessions stud’ à Saint-Denis. Depuis, la phrase « C’est Mieuuuuuuuuux » tu l’entend partout à Genève, parce qu’un mec du 18ème que je ne citerais pas l’a transmise aux suisses. Il a des projets le frérot, je vais pas le résumer qu’à ça (rires). »

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© JonathanWuthrich

B : On a trois médiums chez Beware : l’art, la musique et le ciné. Pour chacun, donnes moi une œuvre qui t’as récemment matrixé, et pourquoi.

S : « Les imprimantes 3D me fascinent en ce moment. Tu passes d’un concept informatique à un objet concret grâce à la technologie, c’est ouf ! Concernant la musique, j’écoute énormément deux artistes qui ont un blaze similaire : l’américain Tobilou et la canadienne Ama Lou. Leur musique est incroyable, ils devraient trop bosser ensemble.

Sinon niveau rap français, je saigne fort les skeuds Memoria de Jazzy Bazz et Offshore de Edge. Enfin, je suis à fond dans les œuvres de Leos Carax dont Holy Motors qui est à mon sens un chef-d’œuvre : la réalisation est ultra moderne tout en conservant les anciens codes du cinéma. »

B : Pour finir, j’aimerais évoquer la proximité avec ton public. C’est relativement rare pour un artiste d’être aussi proche de sa fanbase. On ressent vraiment que toutes tes démarches sont authentiques.

S : « Avant que je me lance dans la musique j’ai toujours répondu aux gens qui étaient bienveillants, donc je ne me mettrais jamais sur un piédestal maintenant que mon art est reconnu. Alors bien sur, je ne peux pas répondre à tout le monde sur les réseaux, mais parfois je le fais car cela envoie une vraie force aux gens tu vois ? Tant que la personne qui m’interpelle à une énergie positive, je serais toujours réceptif.» 

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© JonathanWuthrich

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François Graz
Article écrit par :
Oiseau de nuit accessoirement journaliste free-lance.

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