Flèche Love, Naga part I.

Image d'avatar de ninonhittaNinon Hitta - Le 28 février 2019

Flèche Love nous dévoile des récits de vie, nous inspire et nous fascine à travers une forme de bienveillance et d’amour. Telle une confession, elle nous ouvre les portes de son premier album avec une sincérité accrue et profonde.

Flèche Love, Naga part I. 1
@RobertoGreco

Que projetais-tu de ton album quand il n’était encore qu’une page blanche?

Flèche Love: Combien de temps tu as devant toi pour que je puisse répondre à cette question? Je ne voulais pas de contrainte en termes de format, de temps. Je cherchais un espace de liberté et d’expression ce qui est toujours d’actualité. J’aime questionner ce que nous ne questionnons pas habituellement. J’essaie d’avoir confiance en mon ressenti et d’écouter davantage ma voix intérieure.

Considères-tu ton album comme une forme de dualité entre le tourment et l’apaisement?

Flèche Love: Je suis entièrement dans la dualité surtout que mon album se présentera en deux parties. Je trouvais intéressant le fait de continuer ce processus de création et de ne pas me dire que c’était terminé. C’est une occasion de reprendre la parole et de lutter contre cette ère de l’instantanéité. Tout sera cohérent, la pochette du premier album prend tout son sens avec celle du deuxième. 

Ton album s’est construit de manière artisanale. Qu’entends-tu par ce terme? 

Flèche Love: Pendant une longue période, je n’avais pas d’appartement ce qui me contraignait à produire dans des endroits divers et variés. Je me promenais avec mon ordinateur et mon clavier. Tout est fait maison, parfois un arrangeur me rejoignait mais tout était ponctuel. C’est vraiment un projet que j’ai construit seule. 

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Comment façonnes-tu la partie instrumentale de tes compositions? 

Flèche Love: Tout est improvisation. Je commence par créer une ligne musicale, une structure puis des mots surviennent naturellement. Les langues activent des endroits différents de mon paysage émotionnel à savoir la tête pour le français, le coeur pour l’anglais et les tripes pour l’espagnol. Parfois un morceau nécessite donc une langue spécifique. Dans les chansons traditionnelles, tu retrouves les mêmes mélodies dans les couplets, ce qui ne m’arrive jamais. 

Au-delà de défendre un album, tu défends des causes réelles, tu brises des silences avec le pouvoir des mots. Comment cette prise de conscience est-elle survenue? 

Flèche Love: Depuis mon enfance, je me pose des questions sans cesse. Je ne sais plus si c’est la Flèche Love de 29 ans qui te parle ou celle de 6 ans. Quand j’avais 8 ans, un homme m’a sifflé dans la rue, je me suis demandée pourquoi un adulte avait décidé de jeter son désir sur moi. Qu’est ce qui se passerait si une maman venait à regarder un petit garçon? La remise en question induit une envie profonde de liberté. Quand tu comprends ce qui t’aliène, tu peux mieux le détourner. Notre société est oppressive pour les femmes mais également pour les hommes. Ils peuvent difficilement exprimer leurs émotions et faire preuve de fragilité. Je n’arrive pas à composer sur des thématiques légères en vue de ces problématiques. 

En quoi le fait de raconter des histoires sur des hommes, des femmes, des faits divers t’a aidé dans ta quête de sens, voire ta quête de soi? 

Flèche Love: Nous manquons cruellement de connexions. Nous pouvons partir d’une expérience personnelle mais ce que nous en tirons domine. Je compare mes morceaux à une forme de développement personnel. Raconter des histoires sur des femmes, des hommes m’a redonné une forme d’espoir. La personne qui se tient en face de toi, ne sera pas la même dans 5 ou 10 minutes. Acquérir des connaissances mais se débarrasser surtout de choses lourdes. 

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Ressens-tu le besoin de rationaliser les choses qui nous échappent? 

Flèche Love: Beaucoup parce que je suis constamment dans ma tête, peu dans mon corps. Je danse sur scène pour cette raison. J’essaie de comprendre les émotions plutôt que de les vivre pleinement. Nous devons être dans l’accueil avant tout, nous n’aurons pas certaines réponses. Nous devons accepter que nous ne sommes pas dans une toute puissance et lâcher prise. Tout comprendre, tout contrôler c’est avoir l’impression que tout passe par ton prisme. La méditation nous inculque que nous devons accueillir nos pensées et les laisser partir sans les retenir. 

Tu as écrit « I’m a fountain of tears in the shape of a human ». As-tu l’impression d’être prisonnière de ton corps ou au contraire, est-ce un mode d’expression

Flèche Love: J’ai toujours eu l’impression d’être prisonnière de mon corps, ce qui est violent. J’aborde cette thématique régulièrement au sein de mes morceaux surtout dans le second album. C’est traumatisant de ne pas avoir fait le choix de ce visage mais de devoir vivre constamment avec. Il faut apprendre à se détacher de notre physique pour ne pas passer à côté de l’expérience de la vie. Ce visage est ce que tu vois de moi, mais ce n’est pas ce que je suis réellement.

Tu parles beaucoup de potentialités. As-tu découvert tes propres potentialités au cours du processus de création de ton album ou en avais-tu conscience avant? 

Flèche Love: J’ai tendance à voir le potentiel des autres avant le mien. Une amie me disait qu’elle tombait amoureuse d’un potentiel qu’elle percevait en telle ou telle personne. C’est ce vers quoi, j’ai envie de tendre à savoir tomber amoureuse de mon propre potentiel. Si demain je change ma vision des choses, c’est tout le prisme de ma réalité qui est modifié. 

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Quelle histoire se cache derrière le clip de “Festa Tocandira”? 

Flèche Love: J’avais envie d’aborder le rituel de la virilité. Je voulais également contrer la censure qui existe sur ces plateformes en traitant le corps féminin et masculin de la même manière. Personne n’a remarqué que j’étais seins nus, finalement. Si tu enlèves ce détail érotique, cela change beaucoup de choses, ce que je ne comprends pas. J’utilise des métaphores pour laisser davantage de liberté dans l’appropriation. Les niveaux de lecture sont multipliés, nous pouvons comprendre que je traite d’une relation amoureuse ou professionnelle toxique, mais également du rituel chamanien ou du rapport à la bactérie. Chacun peut prendre ce qu’il veut prendre en fonction de son vécu. L’être humain est un sacré animal.

Retrouvez Flèche Love

Les Femmes S’en Mêlent le 8 mars https://www.facebook.com/events/289101551764501/

Festival Chorus le 6 avril https://www.facebook.com/events/459485437918613/

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