Avide d’une expérience urbaine unique ? Le festival Mural était ces dernières semaines de retour à Montréal pour sa troisième édition. Il se déroula du 4 au 14 juin sur le boulevard Saint-Laurent de la rue Sherbrooke à la rue Mont-Royal. C’est dans cette jungle citadine que Beware est parti de liane en liane et de rue en rue pour une aventure au cœur de la culture urbaine de Montréal.
Les 11 jours de festival ont fait vibrer les murs de la ville aux couleurs du street art. Un régal coloré pour les yeux d’initiés, une initiation visuelle intense pour les plus novices, il y en avait pour tous. Au programme : expositions (intérieures et extérieures), concerts, découvertes culinaires, conférences, ateliers et marché du style. Mais les grands temps forts de cet événement étaient sans conteste les créations en direct de murales. Elles sont 20 nouvelles créations à venir colorer les briques du quartier.
Mural devenant peu à peu l’un des plus importants rendez-vous public de l’art urbain dans le monde, ses muralistes se devaient d’être à son image : internationaux. Ce sont donc 8 pays qui étaient représentés par des artistes autant talentueux que variés: Nychos (Autriche), Curiot (Mexique), Jaz (Argentine), Faith47 (Afrique du Sud), Bicicleta Sem Freo (Brésil), Axel Void (Espagne), 2Alas (Etats-Unis), Elian (Argentine) et C-215 (France). Mais l’événement n’oublie pas ses racines et laisse la part belle à de nombreux graffeurs montréalais, québécois et canadien. Vous pouviez donc retrouver des produits locaux comme : Xray, Earth Crusher de A’Shop, Monk.E, Astro, Melissa Del Pinto, MC Baldassari, Eric Clement, Benny Wilding, Jarus, Opire et 4-TIN.
Beware a décidé de partager avec vous quelques moments, petits ou grands, qui ont marqué les rédacteurs.
SOYEZ CURIEUX avec Bicicleta Sem Freio
Originaire du Brésil, cette équipe d’artistes se fait appeler ‘’Bicicleta Sem Freio’’et quand on sait que cela veut dire ‘’vélo sans freins’’, on comprend pourquoi ça lui va si bien. Être face à une de ses œuvres est comme une chute sans contrôle dans un univers inconnu, beau, intriguant et délirant. Sans trop hiérarchiser, on peut considérer que ce collectif a réalisé l’une des œuvres majeures du festival. On l’a vu naître et grandir peu à peu sur cette façade d’abord blanche, puis rouge, puis un peu toutes les couleurs existantes sur Terre. Un tigre bleu, des lunettes sur un loup, un dentier vivant, un oiseau avec a priori une raquette, des oreilles volantes et un hashtag (ode à l’imagination) ‘’soyez curieux’’…. Le LSD c’est dépassé, prenez plutôt une bonne dose de Bicicleta Sem Freio.
JAZ entre clash et alliance des cultures
Franco Fasoli alias JAZ nous présente cette année une œuvre sauvage entre confrontation et équilibre. Ses deux minotaures, à la fois humains et animaux, fascinent grâce à cette fusion des corps symétriques. Cette œuvre gigantesque et enflammée aux traits dynamiques trouve sa beauté dans le trouble entre le combat bestiale et l’alliance parfaite. Seuls les tatouages de ces bêtes nous renseignent sur le fait qu’ils sont issus de deux sociétés opposées, de là à dire que c’est une vision de l’interculturalité, il n’y a qu’un pas.


Exposition Cyrcle au Station 16
Les deux gérants de la galerie Station 16 que nous avons la chance de rencontrer le disent eux même : « L’exposition Nothing exists est sûrement la plus belle qu’il nous ait été donnée d’accueillir.». Et on les comprend. Le collectif Cyrcle nous invite à les joindre dans une douce balade philosophique sur les questions de l’être humain, de l’univers et de la dualité.
Les peintures au sol de Mathieu Connery
Se promener et tomber sur cet artiste à l’abri des regards, c’est aussi ça Mural. Mathieu Connery, auquel je m’abstiendrai de faire un jeu de mot trop facile, donne vie aux trottoirs de Montréal, en les peignant de formes géométriques aux couleurs éclatantes. Se disant lui même inspiré par le cirque et le carnaval, il repeint la ville à cette image.
Five8art et General Beyung bombent la STM
« C’est en discutant, en échangeant, en s’inspirant de nos deux univers, que nous avons réussi à donner vie à cette création pour la STM » nous confiait General Beyung entre deux coups de peintures sur un autobus. Five8art et lui même ont collaboré pour cette œuvre sur un support atypique à l’occasion du festival.
Le Mrket : urban style
C’est du coté du Parc du Portugal qu’il fallait aller fouiner pendant le festival Mural pour dénicher la petite perle de créateur afin de compléter votre garde robe. Et c’est donc au son du DJ que l’on pouvait se promener entre kiosques de bijoux, coiffeurs, et autres designers de vêtements. Mention spéciale pour les casquettes Nana-Mi qui sont un piège pour tous les amateurs du genre : vous ne pouviez pas partir sans en avoir capturé une.
Concert de Disiz au Belmont
Le rappeur français Disiz était sur la scène du Belmont le samedi 6 juin. C’est dans cette petite salle, à l’ambiance intimiste qu’il a réussit à nous transporter « comme si c’était dans la boite à ton père ». Mêlant les classiques comme j’pète les plombs à son nouvel album Rap Machine, il démontre une fois de plus que le rap c’est aussi des textes, de la sensibilité, du fun, de l’humour et de la recherche. Et pour toute baisse de moral, nous vous recommandons une session d’Autodance.

Inside Out Project :
Le sol du boulevard Saint Laurent était devenu l’hôte du projet Inside Out. Des mosaïques de portraits ornaient le bitume pour diffuser les valeurs de l’égalité à travers la diversité.
Crédit photo :
Remi Milleret (Millimade)
Lauren Magot