Souvent pointée du doigt pour son inélégance, la doudoune divise autant qu’elle crée de nouveaux adeptes chaque hiver. Destinée dans un premier temps aux alpinistes, la veste matelassée a fait du chemin depuis les années 1940 et son invention aux États-Unis.
Bien plus qu’un vêtement technique censé protéger du froid, les duvets ont depuis longtemps quitté les pistes, devenant un véritable argument de confort et de style pour les citadins. Comment la doudoune est devenue une pièce iconique de notre garde robe ? Des Jeux Olympiques de Grenoble en 1968 aux créations oversize du styliste de Balenciaga, Demna Gvasalia, focus sur une pièce qui n’a pas fini d’évoluer (et de nous réchauffer).
Alors que le froid s’installe, un vêtement apparaît comme une évidence pour affronter les journées hivernales, que ce soit en décembre à la terrasse d’un café ou devant un live en altitude au festival franco-suisse Rock The Pistes : la doudoune. Devenu un élément phare de notre penderie, il a fallu près d’un demi-siècle avant que cette veste volumineuse descende des sommets enneigés pour enfin se retrouver dans nos looks quotidiens. Aujourd’hui, nous pouvons compter sur une offre variée de marques adaptée à tous les budgets et tous les goûts afin de nous garder au chaud tout en magnifiant notre silhouette. Que l’on opte pour le minimalisme de Kaporal avec une doudoune à capuche qui se décline dans une palette de couleurs efficace ou pour la veste technique haut de gamme de la griffe au compas, Stone Island, la doudoune fait désormais partie de nos habitudes lorsqu’il s’agit d’aborder sereinement l’hiver, faisant d’elle une arme redoutable et stylée contre les températures extrêmes.
C’est de ce besoin qu’est née, en 1947, la fameuse veste matelassée dont on attribue la paternité à Klaus Obermeyer, ingénieur en aéronautique installé dans les Montagnes Rocheuses du Colorado. Voulant faire découvrir les plaisirs de la neige à la classe aisée américaine, l’allemand ouvre une station de ski dans la petite ville minière d’Aspen. Pari réussi, les visiteurs affluent mais le froid paralyse les mondains venus découvrir les Highlands immaculés. Obermeyer a alors une idée : découper sa parure de lit pour la transformer en veste. Le test est concluant et la première doudoune permettant de se protéger du froid est créée. Les convives du Resort l’adoptent aussitôt et ce n’est pas moins de 75 pièces vendues à 250 dollars l’unité qui sont commandées auprès de son inventeur.
Jusqu’alors réservée aux sports de montagne, ce n’est pas l’interprétation française de la doudoune qui va la populariser immédiatement auprès du grand public. Dès 1952 et la création de la marque Moncler, ses deux fondateurs isérois René Ramillon et André Vincent développent leur propre gamme de doudounes uniquement destinée aux alpinistes avant de devenir en 1968, sponsor officiel de l’équipe de France lors des Jeux Olympiques de Grenoble. Dans le même temps, l’entreprise Pyrenex, alors spécialisée dans les articles de literie lance sa première veste matelassée. La liste des fabricants s’allonge dans l’hexagone et les années 1970 marquent finalement le début d’un immense succès pour cette dernière qui se voit adoptée dans les milieux urbains.
La popularité de la doudoune est telle que les créateurs de mode s’emparent de la pièce pour en faire un vêtement de prestige. Immédiatement, les maisons de haute couture comme Courrèges et Paco Rabanne apportent leur signature à la veste de sport devenue un incontournable de tous les vestiaires. Plus tard, dans les années 1990 aux Etats-Unis, c’est le hip-hop et le rap qui popularisent la doudoune auprès des plus jeunes, faisant de ce vêtement un incontournable du streetwear. En France, la marque Chevignon en fait même un best-seller et les boudins rembourrés se retrouvent partout : que ce soit sur les épaules des familles aisées milanaises ou les silhouettes urbaines des banlieues, la veste matelassée devient une pièce aussi universelle que revendicatrice d’un style singulier.
Dans les années 2000, la doudoune continue son ascension. Le créateur belge Martin Margiela en fait une pièce de mode branchée et la déstructure façon couette de lit, lui rendant en quelque sorte ses origines. En parallèle, le géant japonais Uniqlo travaille sur les volumes et créé une down jacket ultra légère à porter sous une veste. Plus discret, ce modèle tout en finesse rencontre un franc succès avant que la doudoune reprenne en épaisseur grâce à Balenciaga et l’avènement du streetwear XXL. Aujourd’hui, la veste matelassée se veut puffy et portée négligemment à l’image des créations pétillantes d’A Kind of Guise ou des vestes Nuptse intemporelles de The North Face. Une chose est sûre, la doudoune est plus que jamais d’actualité et n’a pas fini de nous surprendre.
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