
Damien Vignaux, co-fondateur du studio de création Maison Vignaux, orientée vers la production de contenus numériques, s’est d’abord démarqué dans l’illustration et le design graphique. Mais c’est sans compter ses talents en photographie de mode et en vidéo. Un langage visuel décalé, entre expérimentations techniques, collages, ajouts de textures organiques et minérales, incrustations de formes abstraites.


Une esthétique hybride qui bouscule l’imaginaire
D’origine toulousaine, Damien Vignaux déploie ses multiples talents sous le nom d’artiste Elroy (en référence à le roy, en vieux français). D’abord orienté vers l’illustration et le design graphique, son terrain d’expression s’ouvre à la photographie de mode et à la vidéo lorsqu’il s’installe à Berlin. Cette plongée dans le foisonnement artistique berlinois lui permet d’étoffer son activité tout en testant de nouvelles techniques, de nouveaux imaginaires visuels.



Ses photographies portent le sceau d’une forte sensibilité esthétique mise sous tension par un regard plus « transgressif », presque pulsionnel. Ce qui est palpable dans ses réalisations pour Adidas, Les Sneakers Marcus Hanuy ou ses shootings pour les magazines de mode. Le registre visuel qu’il déploie n’est pas sans rappeler l’héritage d’autres photographes de mode comme le duo Marcus Piggott et Mert Alas, qu’il lui arrive de citer en référence. Auteurs d’une photographie frontale, ils ont cassé les codes en réinventant l’imaginaire du corps féminin, loin de le réduire à une simple dimension d’objet. Restreinte autour de quelques couleurs dominantes, la photographie chez Damien Vignaux se veut fragmentée, libre, basée sur un jeu de contrastes et d’oppositions formelles. Au-delà du soin apporté à la mise en scène et à l’esthétique de la photographie, il fait émerger une toute autre narration : un mélange des genres articulé autour de motifs incrustés réinvestis d’une manière plus abstraite. Par l’assemblage d’éléments disparates, l’univers hybride de l’artiste faire basculer notre imaginaire.
« We abstract ourselves in worshipping images of beauty »



Si chaque médium possède son propre terrain de jeu, ses contraintes, le processus de création suit son cours. Et impulse, chez l’artiste, de nouvelles découvertes. Les vidéos de Damien Vignaux reflètent un goût prononcé pour l’expérimentation. En témoigne « M4 Models – Polyptych » et ses ajouts de collages, de gestes picturaux, morceaux de lettres, vues éclatées et corps démultipliés qui cassent toute tentative de narration linéaire, dans une ambiance sonore éraillée et un décor naturel apocalyptique.

Si l’imagerie reste empreinte des codes de la mode, le propos est plus personnel, plus punk, tourné vers la question de la perte d’identité à trop vouloir enfermer l’image féminine dans sa dimension iconique, plutôt que d’accéder à l’essence d’une singularité. Une recherche de nouvelles formes à explorer, de nouveaux codes à imaginer pour questionner les contours d’une beauté rigide d’être trop vénérée.
En démultipliant les expérimentations techniques sans jamais s’y enfermer, Damien Vignaux construit un langage visuel complet, en constante mutation sans perdre de vue une cohérence esthétique et sans tomber dans la simple séduction technique. Bien que peu intéressé par l’actualité l’artiste capte parfaitement l’air du temps. Et le détourne à sa façon.
Plus d’images et de vidéos sur le site de la Maison Vignaux.