En usant de peinture phosphorescente dans ses fresques, le collectif espagnole Reskate met en lumière les parts d’ombre de notre société : petit coup d’œil sur leur projet Harreman.
Ce projet, qui tient son nom du mot basque “relation”, est né en 2015 lors d’une résidence artistique à Vienne. Le concept des deux créateurs, María López et Javier de Riba, est d’employer de la peinture phosphorescente afin de mettre en lumière la relation entre deux objets. Résultat : un premier dessin, visible de jour, à l’intérieur duquel se dévoile, une fois la lumière tombée, une seconde œuvre. Derrière cette innovation technique, un même engagement : faire réfléchir le spectateur sur des enjeux contemporains, tout en mettant en lumière l’identité visuel et culturel d’un espace.
Hizkuntza (Bayonne, France – 2018)
L’un des plus beaux exemples de ce projet Harreman se trouve sans nul doute à Bayonne, place Patxa. La gigantesque fresque, titrée Hizkuntza (2018), représente a priori un imposant cétacé. Mais la nuit tombée transparait dans le corps de la baleine six marins naviguant sur des flots agités.
Cette œuvre fait échos à la culture ancestrale Basque de la chasse à la baleine. Suite à l’interdiction de cette dernière en 1499, les Basques ont décidé de voguer vers d’autres horizons. Cette fresque rend un hommage lumineux à cet important jalon de la culture basque et de son évolution.
Au-delà de l’incroyable effet visuel de l’œuvre révélée, la mise en relation de ces deux sujets permet une multitude de lectures et d’interprétations. Ainsi les plus polémistes pourront y voir une allusion au débat actuel sur la reprise de la chasse à la baleine par le Japon, tandis que d’autres y verront simplement la sublimation d’une pratique ancestrale.
Unawareness (Timisoara, Roumanie – 2016)
L’œuvre Unawareness, terme anglais pour l’ignorance, a quant-à-elle été réalisée en 2016 en Roumanie.
Sous l’apparence d’un astre à anneaux se cache un scaphandre phosphorescent.
Selon le collectif Reskate, cette fresque duale fait échos au ralentissement des recherches et de l’exploration des fonds marins au profit de la course à la conquête spatiale, engagée par les USA et l’URSS. La représenation d’une richesse scientifique dans l’ombre d’une autre, en somme.
Hunger (Saragosse, Espagne – 2016)
La baguette de Hunger (Saragosse, 2016) a été réalisée dans le cadre du projet #GeneraciónNoHunger pour Action Contre la Faim. Le couteau dissimulé dans la mie est un appel à l’action pour trouver des solutions efficaces afin d’éradiquer la faim dans le monde.
Ainsi le collectif Reskate met-il la lumière sur certains aspects sombres de nos sociétés, toujours avec poésie (et une pointe d’ironie). Leurs fresques vivent au gré du jour et de la nuit, et nous plongent dans une réflexion sur la relation entre les choses qui nous entourent.
Au-delà des murs, le projet Harreman a fait l’objet d’une récente exposition à Barcelone, où le spectateur était invité à éclairer lui-même les oeuvres pour en découvrir le sens caché : la quintessence d’un street-art réfléchi.
Un univers à découvrir sur le site du collectif : http://www.reskatestudio.com/