Le 20 décembre, la chanteuse Yoa nous embarquait dans son clip “Maddy”, le récit déjanté d’une bad girl qui assume ses faiblesses.
Une sensualité dévoilée
Un jeune homme à lunettes annonce “la suite des évènements”, sur un fond de rideaux pailletés, rouges orangés. Nous sommes dans un club de striptease. Le premier déhanché de Yoa et le mouvement de ses longs cheveux soyeux, couplés à un rythme reggaeton, actent une transformation depuis son premier EP dans lequel l’artiste nous berçait, comme une sorte de Billie Eilish à la française.
Pour “Chansons tristes” Yoa se mue en une femme lionne qui attire l’attention sur ses courbes et sa sensualité. En petite tenue dentelée et en talons hauts, elle signale à “bébé” qu’elle est devenue une bad girl irrésistible, ou plutôt une “baddie”.
La première partie du clip nous plonge donc en plein dans un spectacle de paillettes et de strass, regardé attentivement, semble-t-il, par plusieurs hommes. Sa volonté d’attirer l’oeil porterait ses fruits.
“Qu’est-ce que la fête finalement ?”
Finalement, “bébé” ne veut pas venir la voir. Les yeux du public sont dessinés, détail qui confère pourtant un aspect effrayant à la scène. En tout cas, on comprend par là que personne ne la regarde vraiment. “Bébé quand vient la nuit, je ne dors pas, je vois gris. Écoute moi s’il te plaît je te laisserai tranquille après” signale-t-elle à “bébé”. Deux Yoa coexistent alors : la première souffre de la solitude, l’autre s’efforce de séduire tout en clamant sa force à un homme qui la fuit. Le clip dessine une sorte de rêve-cauchemar.
Le 1er décembre dernier, la chanteuse confiait à Brut, au sujet du décor de “Maddy” : “qu’est-ce que la fête finalement ? (…) sinon un lieu de réjouissance où parfois on peut se sentir seul et oppressé malgré le monde alentour”, résumant le sens de son morceau.
Ainsi, à travers une esthétique déjantée et troublante, Yoa vacille entre désir de séduire, aveu de faiblesse, et rancœur, les danses successives du clip illustrant chacune une position nouvelle. Les premières images du morceau montrent des bras croisés qui accompagnent la solitude contée par une polyphonie minimaliste. Puis, en petite tenue pour quelque temps, Yoa se rhabille comme pour dire à “bébé” qu’elle est énervée. S’il ne vient pas, elle finira seule, à danser sa colère, emmitouflée dans plusieurs couches de vêtements d’hiver, ceux que l’on enfile quand on est triste.
“T’façon j’ai pas besoin de toi” clame-t-elle finalement sur un fond de “bé-bé-bé-bé-bébé”, qui rappelle que ce n’est pas tout à fait juste.
Le talent de la jeune suisse réside, ici, dans sa capacité à révéler que derrière sa badass attitude se cache une fragilité : elle voudrait montrer qu’elle est sexy comme Maddy, la jeune star d’Euphoria, mais elle ne se résume pas à ça. Ce n’est qu’une image.