Nous vous avions évoqué brièvement son nom, à l’occasion de sa présence lors du Marché de l’Illustration Impertinente à Paris en 2020. Mais une présentation en bonne et due forme s’impose pour découvrir l’univers décalé et adorable de la talentueuse Candice Roger.
Pratique 1, Théorie 0
Candice Roger nait et grandit à Angers. Très jeune déjà, elle s’intéresse à l’art et s’oriente sur des études en spécialisation du marché de l’art à Bordeaux. Elle dessine pour elle, sur son temps libre et enchaîne les jobs dans ce domaine, d’assistante commissaire-priseur à assistante galerie, les expériences sont nombreuses. Mais si elle a déjà un pied dans le domaine de l’art, elle a aussi la tête ailleurs et l’envie de mettre les mains à la pâte, elle aussi. Elle expliquait ainsi pour le magazine Kostar : « Je préférais dessiner que vendre les dessins des autres ». Logique imparable, clair, net et précis. Exit les écoles d’arts appliqués, non merci les beaux-arts, voici Candice Roger qui se lance dans l’illustration de façon autodidacte.
Couleurs franches et humour noir
Huit années plus tard, 2020 donc, le style de l’artiste s’enrobe d’une vraie identité, d’un trait reconnaissable d’un coup d’œil, la marque des grands en somme. Si les influences sont nombreuses, elle s’attarde particulièrement dans l’univers de la bande dessinée et du film d’horreur. Un mélange que l’on devine emplit de cynisme et on ne s’y trompe pas. L’humour noir teinte toutes ses illustrations, entre petites choses mignonnes et situations déroutantes. Elle l’affirme elle-même, ses images proposent à nos yeux des “situations souvent absurdes“.
Il ne serait pas malvenu de rapprocher cela au surréalisme, on peut notamment penser à un esprit Salvador Dali, rassemblant des éléments qui n’auraient pas dû se rencontrer, mais dont l’association pousse à l’imaginaire, mais Candice Roger reste modeste et grâce à sa connaissance de l’art, ne s’y trompe pas : « J’ai un côté naïf, mais j’aime qu’il y ait quelque chose qui gêne et dérange, du cynisme et un peu humour noir. ». Vous avez dit identité marquée ? C’est un oui.
Ses productions mêlent avec brio la couleur et le noir et blanc, qu’elle utilise à la manière du pointillisme. Des humains, des animaux, des robots, des hybrides de tout ça aussi, tout se mélange, pourtant l’harmonie entre ses œuvres n’est pas minime. L’inspiration du monde de la BD s’en ressent dans les compositions, parfois découpées en plusieurs cases sur une même page, une manière pour l’artiste de multiplier le point de vue sur une scène, ou de créer une narration dans l’image. Ces découpages à l’intérieur du dessin amènent un côté rétro au contenu, contrebalancé par des choix modernes de sujets. Parfois vulgaire, souvent poétique, toujours inventif et percutant, voici le travail bien fait de Candice Roger.