Sous le soleil ardent, notre peau endormie se tourne et se retourne, comme bercée par les sonorités lancinantes de Boy Racer. Telle une vague de chaleur, les paroles délicates de « Un Regard » parviennent à nos oreilles comme une ode à l’érotisme. Les mains et l’odeur sont décrites minutieusement comme un souvenir nostalgique qui se confronte à un désir profond. Sentiment incontrôlable voire destructeur qui se transforme en une forme de plaisir intense dans « Archipel ». Rencontre avec Boy Racer, notre coup de cœur musical.
Comment pourrais-tu définir ton empreinte musicale ?
Gautier : C’est compliqué de répondre étant donné que ma musique est en mouvement permanent et résulte d’une expérimentation constante. La fluidité des sonorités permet des mouvements, des croisements de registres. Je pourrais dire que Boy Racer est une forme de pop mais sans barrière et sans contrainte. Une personne de mon entourage emploie le mot érotisme ce qui n’est pas faux. Actuellement, je redécouvre l’album « Sexuality » de Sébastien Tellier ce qui incarne une source d’inspiration certaine. Je laisse les personnes découvrir mes compositions pour encourager une appropriation totale et une certaine liberté.
Comment ton projet “Boy Racer” s’est-il développé et concrétisé ?
Gautier : J’étais bassiste dans un groupe au lycée ce qui était une forme de divertissement mais je ressentais le besoin de me retrouver seul pour pouvoir expérimenter. Avant de parler de concrétisation, Boy Racer s’est développé lentement au sein de mon esprit, pendant une année. Quand je préparais mon concours blanc de philosophie, Boy Racers de Metronomy passait en boucle. J’ai enlevé la dernière lettre et tout a commencé. Quand j’ai produit ma première vidéo, j’ai ressenti une forme de bien-être et l’envie de poursuivre est survenue. J’ai enregistré ma voix sur des mélodies et les superpositions me divertissaient. Au début, tout était insouciant mais progressivement quand les personnes écoutent et aiment tes compositions tu te rends compte que tu n’es plus seul dans ta chambre. C’est une sensation de liberté, de légèreté et finalement d’euphorie. Je me sens comme un enfant, un enfant qui a envie d’enregistrer un orchestre.
Sur Instagram, tu te filmes dans ta chambre en train d’expérimenter au clavier, à la basse. Comment as-tu appris ces instruments?
Gautier : Au début, je voulais apprendre la batterie mais mes parents ne le souhaitaient pas. Je me suis tourné vers la guitare électrique ce qui est classique mais nous sommes rentrés en contact avec un professeur de basse, rien à voir. Je n’avais pas vraiment de chance mais finalement je connais cet instrument depuis une dizaine d’années maintenant. J’ai une formation de jazz au conservatoire et en arrêtant le piano me tendait les bras. En ce qui concerne la guitare, c’est en composant un morceau que j’ai eu envie d’intégrer cet instrument et de le maitriser. Construire un morceau n’est pas inné mais tu laisses libre court à des intuitions et à des ressentis. L’imaginaire avant tout.
https://www.youtube.com/watch?v=cd7dhpGOOzc
Pour composer tu préfères l’obscurité de la nuit ou la clarté du jour ?
Gautier : L’année dernière je passais mes nuits à composer et un morceau apparaissait puis un autre. La nuit tu ressens une forme de quiétude que tu n’as pas la journée avec toutes ces préoccupations quotidiennes et ces impératifs. La nuit est comme une parenthèse, c’est un moment qui t’appartient quand tu te retrouves seul. J’ai une vue splendide depuis mon appartement ce qui est apaisant et poétique. Récemment, j’avais une séance de cinéma à 22 heures, je n’avais que 10 minutes pour me reposer mais je me suis tourné vers mon clavier. Quand j’ai finalement relevé la tête il était 2 heures du matin. Tu t’enfermes dans une forme de bulle, tu perds toute notion de temps.
Quelle époque te fascine musicalement parlant ?
Gautier : J’aime bien notre époque finalement, nous avons accès à tout pour résumer. Au début, mon père transférait tous ses albums dans son lecteur mais cela prenait du temps et encore du temps. Il a pris un abonnement Spotify ce qui est pratique. Chaque décennie revient à des influences passées, en ce moment on entend des sonorités issues des années 80. La prochaine étape sera de reprendre Britney Spears et les années 2000.
Comment as-tu pensé et développé ta direction artistique qui est esthétique et colorée ?
Gautier : Je dirais que mon univers est référencé et influencé tout simplement. Je me nourris constamment de ce qui m’entoure tout en produisant des mélodies personnelles. Nous pouvons remarquer des similitudes avec Metronomy qui seront mineures au sein de mes prochaines compositions. J’aime concevoir un univers onirique. La mer en hiver me fascine, nous percevons une confrontation entre la froideur et la chaleur. Une atmosphère que j’ai voulu représenter dans ma vidéo pour By The Sea . Je dirais que la couleur provient des sonorités, les paroles sont davantage sombres dans ce cas précis. La pop actuelle nous transmet une certaine naïveté à travers les thématiques abordées. J’aimerais rentrer en profondeur pour proposer un contenu pertinent. Parler d’érotisme, parler des rencontres le tout dans un univers un peu plus violent et moins bleu.
Le visuel de ton morceau “Archipel” traduit un certain érotisme. Qu’est-ce qui te fascine à travers cette thématique ?
Gautier : Honnêtement nous aimons tous l’érotisme, nous développons une forme de sensibilité à travers notre vécu et notre quotidien. Tout ce que l’on nous cache, nous voulons le voir. Pour mes prochaines compositions, j’ai envie de me focaliser sur la forme des phrases tout en conservant le fond. Détourner et adoucir pour parler de choses crues.
“sur ta peau fine, je viens,
comme sur une île”
« No Panties » est un projet que tu développes en collaboration avec Noemi Leneman. Incarne t-il une forme d’évasion voire d’exutoire par rapport à ton projet personnel?
Gautier : Nous entendons la voix de Noemi sur la musique Un Regard et tout a commencé à la suite de cette collaboration. Honnêtement, Noemi faisait du poney avec ma petite sœur et nous nous sommes revus quelques années après. Il manquait une voix féminine sur ma composition et je connaissais le talent de Noemi. Concernant, No Panties, le processus de création de notre premier morceau a duré plusieurs mois. Nous prenons le temps de bien dessiner les contours de notre univers graphique et de l’étendre au-delà de la musique. Aucune barrière sur No Panties, nous pouvons intégrer du chant grégorien si nous le souhaitons.
Crédits photos: Emmarosefrançoise
1 commentaire
Armand Maladroid
On oublie pas le #MusicToo ce mec est un violeur. Découvrir « une touche d’érotisme » à côté de son nom rappelle ce qu’il a fait et pour quoi il se prend. On oublie pas n*que les violeur tous les jours.