Cette année, c’est le photographe mexicain Alejandro Prieto qui a remporté la première place du concours pour son image d’un Geococcyx (roadrunner en anglais) à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. L’oiseau à l’arrêt s’est envolé, désigné gagnant de la catégorie “Oiseaux dans l’environnement” il est aussi le lauréat du grand prix.
Chaque année le concours mondial du “Bird Photographer of the Year” ( “photographe ornithologue de l’année” pour sa traduction française) récompense les plus belles photographies célébrant la beauté et la diversité des oiseaux. Autour de huit catégories, les participants de tous âges et toutes origines se disputent un grand prix d’une valeur de 5 000 £ (environ 5 900 euros) ainsi que des prix matériels, jumelles professionnelles et appareils photos à la clé, par exemple. De quoi saisir au vol de belles images et offrir un regard intime sur ces animaux aussi colorés qu’étonnants.
Blocked
Intitulée “Blocked” (“bloqué”) le cliché d’ Alejandro Prieto s’est vu doublement récompensé. Au delà d’une composition réussie et d’un timing parfait, c’est bien le message derrière qui fait mouche : ” “Le roadrunner semble si vulnérable face à l’énorme mur frontalier qui domine le cadre”, explique l’organisation.
En effet, le photographe mexicain explique sont point de vue, de son côté du mur : “Le mur frontalier traverse des déserts, des montagnes, et même des mangroves. Ce n’est pas seulement un désert, et c’est en fait très biodiversifié avec plus de 1 500 espèces animales et végétales menacées par le mur”, explique Prieto. “J’ai vu de nombreux animaux différents atteindre le mur avant de faire demi-tour et de repartir“.
Longue de 3 000 km, la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique traverse un écosystème riche et unique qu’un mur peut dérégler, voire détruire : ” De nombreuses espèces seront affectées si le gouvernement américain décide de construire un mur le long de la frontière avec le Mexique. Les infrastructures frontalières ne font pas que bloquer physiquement les déplacements de la faune, elles détruisent et fragmentent également les habitats. De nombreux animaux du désert sont, dans une certaine mesure, des nomades et un mur romprait la connectivité des habitats et les empêcherait de se déplacer librement d’un endroit à l’autre. Sur cette photo, un Geococcyx s’approche du mur frontalier à Naco, en Arizona, avec ce qui ressemble presque à un sentiment de perplexité.”
Appuyé par le jury son message à retenti et c’est une bonne chose. Offrir un regard sur un monde animal silencieux mais impacté une fois de plus par l’homme, c’est offrir la possibilité d’agir. “Le mur frontalier constitue une véritable menace pour la biodiversité de la région en raison de la fragmentation de l’habitat“, indique les responsables du concours photographique : “Il bloque physiquement des voies de migration cruciales pour des animaux tels que le mouton à longues cornes, le pronghorn, l’ours noir, le bison et même le jaguar.”
Mais encore
D’autres photographies se sont vues récompensées au cours de cette édition 2021, de quoi se rincer l’œil le temps d’un petit retour à la nature.