Tels des ornements, Yorina tisse délicatement les sonorités pour nous révéler des mélodies dotées d’une beauté intemporelle, d’une beauté pure. Une découverte qui résonne comme une symphonie minimaliste et captivante.
Ton émergence sur la scène musicale pourrait être assimilée à un roman. Une formation de couturière, maintenant musicienne. Était-il inenvisageable de composer pour toi auparavant?
Yorina: Je n’ai jamais été catégorique ou fermée concernant la musique. Cependant, c’est une idée qui ne me traversait pas spontanément l’esprit. Un jour, mon producteur m’a demandé de composer du moins d’essayer et de prendre plaisir à le faire. J’ai commencé par esquisser un sourire, puis une phase de relâchement est survenue. En rentrant du travail, je prenais mon clavier et je composais. Tout était inattendu mais finalement naturel. Je n’ai pas réellement eu le temps de me remettre en question, de savoir si je pouvais le faire, je l’ai simplement fait. Pour résumer, je n’étais pas dans un refus de me lancer dans une potentielle carrière musicale mais je ne me disais pas également que j’allais faire de la musique, ma vie.
Perçois-tu ta rencontre avec ton producteur Dan Levy comme une forme de tournent dans ta vie?
Yorina: Sans hésiter, oui. Je ne réalise pas ce qu’il se passe actuellement dans ma vie. Dan (The Dø) est une personne qui a immédiatement cru en moi. Auparavant, je conservais des enregistrements sur mon portable mais je n’aurais jamais cherché à les promouvoir. Il m’a réellement encadré et guidé à travers tout ce processus. Après avoir produit plusieurs morceaux, nous avons rencontré des maisons de disques diverses. Deux heures après notre entretien chez Barclay, nous avions un retour positif ce qui était improbable. Je n’ai pas réellement eu le temps de réaliser ou de croire en moi.
À quoi ressemblait ton quotidien avant cette métamorphose radicale?
Yorina: Je dirais un quotidien basique dans le sens où j’exerçais le métier de couturière, loin de la musique. Je faisais de la broderie dans la haute couture pour la maison Lesage. C’est une profession qui nécessite une certaine concentration tout était relativement calme autour de moi. Le fait de me produire ce soir à l’Olympia intervient comme une réelle rupture avec ce que je vivais précédemment. La couture induit une forme d’intimité, nous devons produire des détails et embellir des tissus. La musique nait et acquiert une certaine visibilité, la solitude est moindre.
Finalement la couture et la musique nécessitent une certaine créativité. As-tu toujours eu inconsciemment une sensibilité artistique?
Yorina: Pendant des années, je me suis conformée à un parcours classique pour rentrer dans les normes. Je me cherchais tout simplement. Je m’impliquais dans des études sans conviction profonde. J’ai découvert par le biais de la couture et de l’art, de manière générale, un nouveau mode d’expression. Je ressentais le besoin d’être créative.
Ton premier EP induit une certaine délicatesse voire volupté. Comment cette réflexion est-elle survenue?
Yorina: Instinctivement, étrangement. J’utiliserais l’image d’un robinet que l’on ouvre, et l’eau qui en découle. L’inspiration est venue progressivement mais mon producteur m’a réellement accompagné. Au début, il m’a donné un piano Yamaha avec des touches minuscules, comme un piano de poupée. Il m’a demandé de me lancer et de tester tout ce qui me venait à l’esprit. Telle une débutante, j’apprenais les harmonies tout en suivant ses indications. Je lui transmettais les accords et mes compositions, puis il arrangeait l’ensemble.
Quelles sont les thématiques qui te portent et que tu avais envie d’aborder?
Yorina: Principalement, une thématique tragique qui est la disparition de mon frère. Il nous a quitté à l’âge de 27 ans des suites d’une maladie, autrement dit, un chamboulement dans ma vie. Je ne savais pas comment exprimer tout ce que j’avais vécu au cours de cette période. La couture me libérait un peu, cependant tout était orchestré, avec un peu de recul, ce n’était pas une réelle évasion. Le noeud était toujours présent en moi. La musique nous permet une certaine spontanéité, simplicité et un lâcher-prise considérable. J’aborde également des thématiques courantes comme l’amour ou la vie. Ce sont des questionnements qui concernent chaque personne, des questionnements basiques mais vitaux.
Pour Wild As A Horse, tu nous proposes une réalisation onirique, somptueuse comme une forme de ballet. Quelle a été ton implication au sein de cette production?
Yorina: Cette réalisation résulte d’une réelle collaboration avec Nathalie Canguilhem (Joke, Dosseh, Booba, Sefyu, Charlotte Gainsbourg). Pour la construction, un échange naturel est survenu en termes de références ce qui était bénéfique. Elle supervisait le tournage étant donné que je n’ai pas sa vision technique mais nous travaillions comme un binôme.
Retournons dans le passé. Quel est ton premier souvenir marquant lié à la musique?
Yorina: Un souvenir basique qui peut sembler anodin voire dépassé mais les berceuses de ma mère pour m’endormir, étant enfant. À cet âge, nous sommes sensibles à ces formes de douceur et d’attentions. Je ne saurais préciser lesquelles, mais ces mélodies allemandes étaient réconfortantes.
Tournons-nous vers l’avenir. Quelle est la suite?
Yorina: Comme tout est nouveau, je ne saurais répondre précisément mais des événements surviendront sûrement. Je ne m’attends à rien, je me satisfais du présent et de l’inattendu. C’est un domaine nouveau pour moi, je suis curieuse de tout ce qui m’entoure désormais. Je vais me produire au Pop-up du Label le 25 Juin prochain.
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